Dans les collines

Billet de blog
le 1 Jan 2022
0
Dans les collines
Dans les collines

Dans les collines

À chaque fois que je suis passée dans les hauteurs de l’Estaque il y avait sur la route ces deux mecs en train de fumer dans une caisse. Les types faisaient rien de mal, juste, ils restaient là, et quitte à perdre leur temps autant le faire dans un endroit sublime où personne ne passe. Les vitres fermées, les rochers à leurs pieds, l’usine Lafarge au-dessus d’un cimetière de carcasses abandonnées. Des ruines antiques entre deux bandes de béton et le soleil qui tapait très fort dessus.

J’aurais aussi aimé passer d’autres après-midi à la con au milieu des pierres. On aurait tous été les rois des bagnoles dans les fossés, des collines cramées, de la rouille et du plastique brillant de tous ces trucs que personne n’a jamais récupérés. En plus je ne sais vraiment pas pourquoi je fais moi-même autre chose que fumer une automobile moyenne dans le désert vu qu’apparemment on va tous crever de chaud dans 10 ans ou quelque chose comme ça.

Cette amitié au milieu de nulle part ça me rappelle quand c’était la nuit et qu’on ne pouvait plus sortir. C’était pas très clair pour tout le monde pourquoi c’était interdit, mais la plupart du temps il faisait doux et calme malgré le risque qu’un individu du type force de l’ordre n’attende au coin d’une rue avec une batte en métal, écoute, je ne sais plus, un an plus tard on a tous fini par tomber malades de toute façon. Si on regardait bien de temps à autre on apercevait des silhouettes noires fantôme dans des voitures sur des parkings, et pour elles n’importe quoi la nuit était mieux que toutes les relations atroces du travail le jour.

Dans mon boulot, avant, j’ouvrais des cartons de conneries, je les rangeais, et je rangeais les précédentes conneries dans d’autres cartons.
C’était pas ce qu’il y avait de plus dur, et d’autres soulèvent encore des cartons bien plus lourds à un rythme bien plus infernal dans des conditions bien plus atroces, mais il n’empêche que, l’année dernière, j’ai autant rêvé de cartons en flammes que de bagnoles réduites en cendres.

Et je souhaite une belle année 2022 à tout le monde.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire