Contournement autoroutier d’Arles :non à un projet préhistorique, oui à la Camargue vivantee

Billet de blog
le 25 Mar 2019
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Le projet de contournement autoroutier d’Arles fait l’objet depuis des années d’un intense lobbying de la part des décideurs économiques et politiques locaux, parfois en situation de conflits d’intérêts.

Chaque jour, 80.000 véhicules perforent le cœur de la ville d’Arles par la RN113. Treize kilomètres d’un chaînon autoroutier manquent sur l’axe Salon / Nîmes alors que le trafic entre l’Espagne et l’Italie explose. Les poids-lourds qui l’empruntent représentent 15 à 20% du flux, dont une grande majorité en transit international, c’est à dire n’ayant rien à charger ou à livrer sur notre territoire. 

Les conséquences pour les camarguais sont catastrophiques : axe de circulation régulièrement congestionné, tronçon accidentogène, nuisances sonores permanentes, pollution de l’air.

Cette saturation s’explique aussi par le développement anarchique des hangars logistiques lié à l’activité du Grand Port Maritime de Marseille. En quelques années, des milliers d’hectares de zones naturelles et agricoles ont disparu sous le béton. 

Aussi, face à cette situation, on apprend l’inscription du contournement autoroutier d’Arles (par sa variante sud) au projet de loi d’orientation des mobilités, avec l’enquête publique prévue en 2021 et un début des travaux en 2023. Le fuseau passe en tête de Camargue en traversant 7 zones Natura 2000 protégés au niveau européen, des zones humides d’importance internationale, une réserve de biosphère reconnue par l’Unesco. Il menace de destruction plus de 900 ha de terres agricoles dont 700 en terres arables, 52 ha en foin de Crau AOC, des zones d’élevages de bovins, ovins, taureaux AOC. 

Pourtant ce projet de contournement autoroutier ne constitue en rien une solution aux problèmes posés par la circulation des camions sur la RN113. Il ne ferait qu’ouvrir un boulevard supplémentaire, engendrant encore plus de camions et de pollution sur un axe déjà hyper-fréquenté. En 1996, le rapport Astier (médiateur d’une concertation locale) concluait ainsi : « ce tracé est très destructeur (…) en tout état de cause, il s’agit d’une variante à abandonner».

 

Il valide l’option du « tout-camion » au service d’un modèle de globalisation ultra-libéral qui repose sur l’importation de marchandises produites à l’autre bout du monde, engendrant une pollution globale et locale considérable et son cortège de délocalisations et de chômage. Epousant cette logique, on trouve le Grand Port Maritime de Marseille dont 83% des marchandises conteneurisées repartent par la route ; pour lequel 1 million de m2 d’entrepôts logistiques ont été construits sur la commune de Saint-Martin-de-Crau et dont la députée d’Arles Monica Michel, fervente soutien du contournement, fût membre dirigeante et dont le compagnon fut l’ancien directeur général.

Le projet d’autoroute sur pilotis, sur le modèle américain au dessus des bayous de Louisiane, viendrait détruire à jamais des terres agricoles et des milieux naturels d’exception avec les foins de Crau et le nord de la Camargue. C’est une réelle menace pour une économie locale basée sur le tourisme durable et une agriculture de qualité.

Le budget de ce funeste projet est faramineux. Il est estimé à 750 millions et 1 milliard d’€ pour le viaduc sur pilotis en amont du Rhône. Cela revient à 77 M€ le km, c’est-à-dire 12 fois plus que le coût moyen constaté en France et sans tenir compte des coûts d’entretien estimés à 100.000 € par an et par km.

Certes, les nuisances sanitaires et de sécurité sont bien réelles pour les arlésiens. Il faut agir à la source et remettre en cause le développement de la logistique plutôt que de s’entêter dans une voie court-termiste.

Nous défendons pour Arles, pour la préservation de la Crau, de la Camargue et des générations futures des solutions alternatives moins coûteuses, plus rapides et plus respectueuses de l’environnement et du climat, reposant notamment sur une diminution effective du trafic routier et un ré-aménagement de l’existant.

Nous demandons au gouvernement :

  • un véritable débat public qui n’a jamais eu lieu intégrant les alternatives au tracé que nous combattons pilotée par la CNDP et un jury citoyen tiré au sort afin de garantir l’impartialité du débat ;
  • une mesure de police du ministère des transports pour interdire le transit de poids lourds international (Espagne / Italie) qui et participe lourdement à l’engorgement de la RN 113 autour d’Arles. Il suffit d’obliger les camions à passer par Orange avant de redescendre sur Salon.
  • l’arrêt complet de tout développement de hangar logistique, le gel de tout nouveau projet destructeur pour les zones agricoles et naturelles de la Crau et de la Camargue, et l’interdiction de circulation sur la N113 entre Arles et Saint-Martin-de-Crau de tout camion de transport de matière dangereuse et de tout poids-lourd qui n’effectue pas de desserte locale.
  • une accélération de la politique de transport multimodal, ferroutage et fluvial.

Notre credo : ni camions, ni autoroute en Camargue, de l’air !

José BOVE (député européen)

Michèle RIVASI (députée européenne) 

Inès DE BEISTEGUI (association Acen),

 Joëlle LONGHI (Agir pour la Crau), 

Andrée REVERSAT (EELV Pays d’Arles)

Jean-Christophe ROBERT (association Filières paysannes)

Sébastien BARLES (collectif Marseille en commun)

Cyril GIRARD (assocation Nacicca) 

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