A Marseille, ces deux termes sont-ils compatibles ?
COMMUNAUTE et FRATERNITE .
Les "communautés" largement mises en avant à MARSEILLE, dans leur très grande diversité, permettent-elles de développer et renforcer des liens de solidarité et de fraternité entre tous les marseillais quelles que soient leurs origines ou leur statut social ? Au contraire, ces "communautés" sont-elles un frein aux relations de solidarité et de fraternité entre les marseillais, renforçant ainsi un enfermement dans des comportements identitaires pouvant conduire à une hostilité et parfois un rejet des autres ?
A l'heure où les tensions de toutes sortes semblent s'accroître à Marseille comme ailleurs, il convient de s'interroger sur cette évolution inquiétante et sur ces causes afin de tenter d'y porter remède. C'est le sens du débat organisé au Théâtre TOURSKY à l'occasion de la "Faites de la FRATERNITE" le 26 mai dernier et qui avait pour objet de contribuer à construire ensemble "une ville plus fraternelle".
Il convient au préalable de lever quelques incompréhensions trop largement répandue autour du concept de “communauté“. Ce terme recouvre en effet des significations trop diverses pour être employé ici sans précaution. Parmi les multiples définitions que l'on peut trouver à ce mot, on peut sommairement, pour notre débat, retenir la suivante : Ensemble de personnes vivant en collectivité ou formant une association d'ordre politique, économique ou culturel.
Une telle définition générale relativement neutre, évite de porter un jugement sur la qualité et les valeurs portées par la communauté. Il convient cependant en se référant au contexte marseillais, admettre que ce terme est perçu ici avec un sens qui n'en favorise pas la compréhension voire l'acceptation. Dans son usage politique actuel, en FRANCE et à Marseille, le terme “communauté“ est alors utilisé pour désigner des minorités ethniques ou religieuses avec une connotation négative renvoyant aux dérives d’un “communautarisme“ qui affirmerait une hostilité aux lois de la République.
Parler de communauté, renvoie à des groupes sociaux ou familiaux à caractère ethnique,
culturel ou cultuel spécifiques en fonction à leurs origines géographiques et qui, avec les années, maintiennent un particularisme plus ou moins avéré et affiché. Ces “communautés“ jouent pourtant encore aujourd'hui un rôle positif de sas d'accueil pour les nouveaux arrivants mais demeurent également pour les plus anciens une manière d’entretenir les solidarités et de continuer à cultiver ses appartenances.
On notera cependant que cette fonction communautaire est considérée par certains comme un obstacle à “l'intégration“ et une cause de replis, voire de refus d'accepter de nouvelles règles de vie du pays d'accueil. On parle de “communautarisme“ auquel on donne un sens négatif. Cette expression sert alors à caractériser puis à rejeter tel ou tel groupe en accusant ses membres d'être à l'origine de nombreux désordres et d'atteinte à la vie en commun.
Manifestement à Marseille ces “communautés“ dans leur diversité, ne sont pas perçues et traitées de manière égale comme nous le démontre avec justesse et lucidité le travail de Cesare MATTINA. Ce différentiel de perception conduit trop souvent à renforcer l'exclusion et parfois même à la marginalisation d'une part significative des Marseillais.
Heureusement ce comportement négatif aux conséquences désastreuses est condamné par de nombreux marseillais qui, dans le respect de l'histoire et des droits de chacun, multiplient les occasions de contacts et d’échanges permettant à chacun de mieux se connaître de partager de valeurs communes universelles et de construire ensemble une société plus solidaire et plus fraternelle.
Les témoignages et les initiatives associatives présentés au Théâtre TOURSKY sont à la fois une démonstration de la richesse et de la diversité des relations interculturelles dans cette ville et un reflet de ces initiatives qui méritent d'être plus connues et plus largement partagées.
Non !! Contrairement à ce qu'affirme quelques esprits mal intentionnés, les multiples communautés existantes à Marseille ne sont pas un obstacle au vivre ensemble. Elles ont réussi, au cours des siècles, à favoriser "l'intégration" de femmes, d’hommes, des enfants de toutes origines qui, aujourd'hui, sont pour la plupart de nationalité française mais se considèrent avant tout marseillais sans pour autant renier leur histoire, leurs origines et leurs religions.
Alain FOUREST
Marseille le 28/05/2018
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