César à Cantini, derniers jours avant mieux ?

Billet de blog
par Lagachon
le 14 Mar 2014
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C’est le vrai dernier week-end pour aller voir l’exposition César au Musée Cantini en place depuis la rentrée, et prolongée de janvier à mars. Si ce sont les derniers jours pour voir cette cinquième exposition marseillaise consacrée à l’un des artistes majeurs que la ville a donné au monde, on a sûrement pas fini de parler de lui et de son héritage à Marseille. Entre projet de musée avorté, histoires compliquées de succession, nouvelle idée “d’espace” César… Encore une illustration des relations particulières qu’entretient Marseille avec son patrimoine.

J’ai vu l’expo dimanche dernier et suis reparti avec une impression aigre-douce, un sentiment mêlé de fierté-honte : quelle fierté de pouvoir compter un tel artiste dans le panthéon marseillais, mais comment se peut-il que si peu de reconnaissance lui soit donnée ?

Je ne suis pas critique d’art et je laisse à de très bons blogueurs le soin de commenter la portée artistique de l’exposition et de l’artiste (voir les billets d’Agnès aka Associated Eye, et d’En rentrant de l’expo). Par contre, je vois le potentiel culturel et touristique d’une mise en valeur de l’artiste. Alors que les candidats aux Municipales veulent “doper” la marque Marseille, un ambassadeur de la renommée de César, ça ne se laisse pas sur un rond-point à Bonneveine ou sur un étage de Cantini ! J’avais l’impression que César nous regardait comme ça…

Cesar

Il n’y a qu’à voir comment toutes les villes ayant de près ou de loin eu quelque chose à voir avec Picasso utilisent la marque… Malaga, Paris, Barcelone et j’en passe. Il est né là ? Il y a étudié ? Travaillé ? Il y passait des vacances ? Il y a séjourné ? C’était sa première expo ? Ou entretenait-il “une relation bien particulière” avec la ville ? Tout est bon pour justifier une fondation, un musée, un espace, une place, un atelier… quelque chose qui permette d’invoquer ce patrimoine de capitaliser dessus.

César qui est né ici, a étudié ici, a entretenu une relation particulière et a été marseillais dans la parole et dans le geste,on en trouve même des traces dans l’exposition de Cantini : outre les portes de la bibliothèque Saint-Charles, la main de Gaston Deferre, le marseillais rit en voyant que la sculpture la Pacholette a bien une petite pachole sculptée sous la queue… petit clin d’œil méridional !

pacholette

Il avait même prévu un Musée marseillais à l’époque de Vigouroux. On peut se référer aux articles de marsactu et Libération à ce sujet pour tenter d’en savoir plus sur les raisons qui ont vu le projet de musée tomber dans un parking.

Marsactu donne la parole au neveu de l’artiste, pour qui “Le dossier  avait été mené par Robert Vigouroux et lorsque Jean-Claude Gaudin est arrivé,  il a annulé le projet de son prédécesseur qui ne ne l’emballait pas plus que ça”

Libération partage les torts “Le musée n’a jamais vu le jour. La ville a changé de maire et de priorité. L’artiste aussi. Il avait rencontré une femme de 45 ans sa cadette, Stéphanie Busuttil. A 75 ans, il parlait de se remarier. En 1997, il créa avec elle la Société civile de l’atelier de César (SCAC), chargée de gérer son oeuvre. Il voulait remettre en cause une donation à la ville de Marseille, jugée trop généreuse. Sur l’intervention de Me Lombard, elle fut annulée.”

Encore une histoire marseillaise au fond aussi clair que l’eau du vieux-port !

N’empêche que tout ça s’est passé il y a bientôt 20 ans et qu’il serait intelligent d’avancer sur un nouveau projet. Le quartier d’origine de l’artiste (La Belle de Mai) a bien changé depuis la fin des années 1990 quand il avait refusé de voir sa collection s’installer à la Friche. Pourquoi ne pas envisager d’y réunir déjà la trentaine ou quarantaine d’œuvres appartenant aux Musées de Marseille et au FRAC de manière permanente ?

Ce serait un début, qui, couplée à une politique d’acquisition ambitieuse (qui fasse participer des mécènes privés via la CCI, le fonds Marseille 2020) servirait peut-être à montrer aux héritiers la bonne volonté de la ville, et ainsi récupérer en dépôt d’autres œuvres. Et pour aller plus loin qu’un simple musée ou fondation, un atelier de soudure, sculpture, compression… pourrait y être installé. Quoiqu’il en soit, ce serait un marqueur culturel et touristique : un touriste de passage pourrait aller voir le musée César, l’Atelier César ou peu importe comment on l’appelle. Les étudiants des Beaux-Arts auraient un espace où s’inspirer et travailler.

Allez Gaston, on signe ?

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Commentaires

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  1. AssociatEyes AssociatEyes

    Fabien,

    Bonjour,

    Merci beaucoup d’avoir cité l’article d’Agnès… et de nous qualifiés de “très bons blogueurs”, je suis sûre que Jean-Luc Cougy appréciera aussi, ce très gentil qualificatif…

    Pour revenir sur le passage des années Vigouroux aux années Gaudin, un certain nombre de très belles expos (une rétrospective César, la collection de masque Barbier-Mueller…) avaient permis d’entamer des démarches pour intégrer une partie de ces collections prestigieuses effectivement, en soi et pour la ville, quand on réalise qu’un Musée César pourrait existé à côté de la Mairie, on réalise l’occasion manquée… Maintenant, Je pense plus que pour voir son oeuvre mieux mis en valeur, un Musée d’Art Contemporain à la dimension de la Métropole, devrait être envisagé… quand mes amies et moi comparons avec celui de Nice, ou de Saint-Etienne… le Mac fait pale figure, même si nous aimons le lieu…

    A bientôt.

    Laure

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  2. AssociatEyes AssociatEyes

    Bonjour et merci de l’appellation “très bons blogeurs”!
    Je partage entièrement avec vous cette occasion manquée par Marseille, à mettre à l’honneur un de ses artistes qui, quoiqu’on en pense, a écrit, avec les Nouveaux Réalistes, une page de l’histoire de l’art du XXème siècle. Malheureusement ce n’est pas le seul artiste marseillais qu’elle laisse dans l’oubli, et je pense notamment à Richard Baquié. Et pourtant la culture, et cela a été montré cette année, participe grandement à l’essor économique d’une ville…Parfois “on marche sur la tête”!
    A bientôt. Agnès

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