Ces 10 minutes de black-out…

Billet de blog
par Lagachon
le 12 Nov 2012
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Dans deux mois, le 12 janvier 2013, si tout se passe comme prévu, Marseille célèbrera bruyamment l’ouverture de la Capitale Européenne de la Culture 2013… Enfin, après des années d’attente, elle sera là ! Enfin, nous pourrons juger sur pièces, après des années de fantasmes, de phrases au conditionnel, de grandes déclarations, nous pourrons voir, toucher, sentir, abuser, vomir, adorer 2013, mais dans le concret !

Après l’inauguration d’un sage parcours d’art contemporain dans les rues d’Aix, Marseille prendra le relai pour la “Grande Clameur”, du bruit du bruit et encore du bruit (ça on sait faire) : klaxons, sirène des pompiers, bateaux, cloches (et muezzins ?), musique… tout sera bon pour faire le plus de bruit possible ! Suivront 10 minutes pendant lesquelles la ville disjonctera. Mais c’est à dire ?

Tout ce que nous savons à ce stade, c’est qu’ils couperont le courant… Et ouai ! Alors pas tout (enfin, j’espère…), mais suffisamment pour plonger les rues dans le noir avant de tout rallumer dans une lumière inédite.

A deux mois de l’événement, mon pote Nicolas et moi vous proposons deux scenarii sur ces dix minutes… chacun sur son blog, avec le même brief, mais sans s’en être dit plus. “Silenciator”

“Putain, mais c’est quoi ce bordel ?”. Membre du CIQ de son quartier, Marc ne baisse jamais la garde contre les dévergondés fauteurs de troubles. Il a déjà plusieurs bars et autres lieux de perdition à son tableau de chasse. Tous fermés pour nuisances sonores ! Sa fille l’appelle “Silenciator”, celui qui traque le bruit dans les ruelles du centre-ville pour y faire régner le calme. Alerté par les cloches de St Victor, il s’est précipité à la fenêtre, à peine ouverte, c’est un tsunami de désordres sonores qui s’est engouffré dans son appartement : aux cloches s’ajoutaient des cris, des sirènes, de la musique et même des rires… “Alors là, ils vont m’entendre ! Ce boucan alors qu’il est 20h passé… intolérable !”

Silenciator se précipite à son ordinateur pour envoyer de ce pas un email à son maire d’arrondissement, avec le président du CIQ en copie ! Non mais ! Du bruit, en janvier ! De la musique un samedi après 20h sans prévenir ! Alors ça, on va l’entendre ! “C’est encore ces sales jeunes, ça ! Ah, une bonne guerre, c’est ça qui leur faut à ces peigne-culs !”

A peine lancé windows 95, pff, tout s’éteint… ordinateur, lumière, tout ! Silenciator est dans le noir mais dehors, le vacarme continue ! “Et si c’était la guerre ? Ça y est, ils attaquent, ils sont là !”. Apeuré, il engloutit deux grands verres de génépi et se jette sous son lit, bible à la main… Et si c’était la fin du monde ? Mais d’où vient tout ce bruit ?

Sa tête tourne, Silenciator perd conscience, il se réveillera quelques heures plus tard… seul, sans fille, sans génépi, sans ordinateur… seul et avec une sacré gueule de bois.

Et pendant ce temps sa fille…

Enfin 2013 ! Enfin la liberté ! Cette année c’est le bac, après je me casse de cette putain de ville de merde ! Lyon, Paris, Toulouse… n’importe quoi mais un endroit où faire la fête, loin de mon con de père !

Emma étouffe avec Silenciator, dans sa ville où tout est fermé, interdit, où la police traque ceux qui s’amusent. Elle est quand même sortie ce soir, malgré le mistral, ils ont décidé de maintenir l’ouverture de la Capitale de la culture, alors pour une fois qu’il se passe quelque chose… elle en profite avec ses potes du Lycée.

Ils sont sur le Vieux-Port, ce truc que personne croyait qu’ils finiraient à temps…  quand soudain, une vague de bruit l’envahit, ça explose de partout ! Plus gros, plus fort, comme dans ses rêves, quand poussée à bout par son père, elle s’imagine lui hurler son ras-le-bol, et que toute la ville hurle avec elle. Enfin, cette putain de ville de merde se réveille. N’y tenant plus, elle hurle avec la ville, elle hurle à plein poumons, et ses amis hurlent avec elle !

D’un coup, pffff, plus de lumières, le vieux port s’éteint. Marseille s’éteint, mais le bruit continue. Les gens ont arrêté de crier mais les bateaux et les cloches en rajoutent. Alors grisée par l’obscurité, elle crie encore plus fort.

Elle se sent hystérique, prête à tout, libre ! Elle ose l’impossible, attraper le mec qui est à-côté d’elle et le furer. Ouai, elle l’embrasse pas, elle le fure parce qu’elle s’en fout ! Parce qu’elle emmerde son con de père et ses idées sur comment parler, comment agir, comment se taire ! Le mec a l’air surpris mais pas mécontent, il sourit, alors elle aussi. Il fait noir mais elle le distingue bien, il est pas mal, enfin ça va, bon, il était surtout là quoi !

Elle se met à hurler de nouveau, il fait toujours noir, s’il ne faisait pas aussi froid, elle montrerait ses seins ! En tous cas, rien ne sera plus jamais pareil. Elle restera là et tiendra tête à son père, lui et ses nuisances sonores n’ont qu’à bien se tenir.

Quelque chose s’est passé pendant ce black-out…

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