Jeux, émoi

Bon vent pour la voile

Billet de blog
le 15 Août 2016
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Les compétiteurs de voile tricolores ont déjà réussi leurs Jeux, avec deux médailles sur la planche, et ils veulent en ramener plusieurs autres dans leurs filets. Une bonne nouvelle aussi pour Marseille qui pourrait accueillir les épreuves en 2024.

Bon vent pour la voile
Bon vent pour la voile

Bon vent pour la voile

Le stade d’athlétisme est la principale scène des Jeux pendant la deuxième semaine, mais il faut garder un œil sur d’autres endroits où tombe la foudre, et souffle le vent. Les Français ont obtenu deux succès remarquables dans les épreuves de planche à voile, tous deux arrachés lors de la dernière régate décisive par Pierre Le Coq (bronze) et Charline Picon (or). Le site de Rio connaît des sautes de vent imprévisibles et soudaines et personne ne semble s’être plaint jusqu’ici de la qualité sanitaire de l’eau, qui inquiétait beaucoup. Marseille bénéficie d’un décor tout aussi spectaculaire que les mornes cariocas. Si la voile olympique vient en 2024, le site pourra tenir la comparaison. Il bénéficiera de conditions de propreté améliorées, et co-financées par l’Etat. Ce qui figure probablement dans les objectifs de la municipalité.

Les vertus de combattants des Français, souvent mises en question en première semaine, se sont illustrées ce dimanche avec les planchistes, mais aussi les basketteurs qui ont tenu tête aux intouchables Américains (sans les services de Tony Parker, préservé), des épéistes qui ont sauvé le bilan de l’escrime avec leur titre par équipes (le 3e consécutif), et des boxeurs qui continuent leur remarquable parcours collectif.

Les escrimeurs, il est vrai, n’avaient que huit équipes concurrentes. Mais la Russie y figurait, qui leur avait fait bien des misères dans les autres épreuves. Et ils ont infligé une véritable correction à leurs frères ennemis italiens en finale.

L’événement de la journée est bien entendu le 3e titre sur 100 m d’Usain Bolt. Le Jamaïcain reste intouchable pour ses adversaires et pour les contrôleurs, qui ont attrapé nombre de ses compatriotes mais n’ont jamais rien trouvé à lui reprocher. Plus le temps passe, plus la concurrence s’effrite. Le Français Jimmy Vicaut (24 ans) manque encore trop de régularité et de relâchement par manque d’expérience à ce niveau. Il s’est crispé et a manqué sa finale. Mais Vicaut avait déjà réalisé l’exploit d’y participer, avec l’excellent temps de 9’’95. Son avenir est prometteur, quand il se sera donné des raisons de sourire. En attendant, Bolt récolte les torrents d’enthousiame que sa performance déclenche. On l’attend surtout sur 200 m, son épreuve favorite.

Il y retrouvera son nouvel ami, le jeune (24 ans) Sud-Africain Wayne Van Niekerk. Celui-ci a vu son exploit énorme voilé par le tintamarre déclenché autour de Bolt. Or, Van Niekerk a réalisé une performance ahurissante, inoubliable, digne du bond de Bob Beamon au concours de longueur de Mexico en 1968, ou de la prestation de Dick Fosbury lors de la même édition des Jeux, qui a révolutionné pour toujours le saut en hauteur.

Van Niekerk n’est pas un inconnu, puisqu’il est champion du monde en titre sur 400 m. Il est aussi le premier homme à être descendu à la fois sous les 10 secondes au 100m, les 20 secondes au 200 m et les 44 secondes sur le tour de piste.

Dimanche, en finale, il n’était pas favori. Et sa performance en demi-finale l’avait envoyé courir à l’aveuglette au couloir le plus extérieur. Il est donc parti à fond, pour repousser des adversaires qu’il ne pouvait surveiller, et il a tenu jusqu’au bout dans une facilité et une efficacité merveilleuses. En 43’’03, ce magnifique athlète a battu le record de Michael Johnson auquel personne n’avait l’idée de s’attaquer jusqu’ici, et il ne s’y attendait pas non plus. Usain Bolt est probablement le seul qui pourrait envisager de lui contester le privilège historique d’être le premier homme sous les 43 secondes. Il est assez doué pour cela, évidemment, mais il déteste cette épreuve et les souffrances terribles qu’elle inflige à ceux qui ne s’y sentent pas à l’aise. « Partir à fond, accélèrer ensuite, et tout donner dans la dernière ligne droite » est une maxime assez rébarbative, et elle rend ses adeptes moins disponibles pour les photographes et les signeurs d’autographe. En 2015, après son titre mondial, Van Niekerk, tétanisé par l’acide lactique, avait passé la nuit à l’hôpital !

On a salué aussi la victoire de la Jamaïcaine Elaine Thomson sur 100 m, qui a privé l’Américaine Shalley-Ann Fraser du même triplé olympique qu’Usain Bolt.

Les Ivoiriens ont réalisé deux performances remarquables sur 100 m grâce à Ben Youssef Meïte (6e en 9’’96) et Marie-Josée Ta Lou (4e en 10’’86, dans le même temps que Fraser, médaillée de bronze).

Car l’athlétisme aux JO permet de tout voir, étalant les luttes des qualifications et des séries, le déroulement des concours, le spectacle des déceptions et des joies qu’on prend le temps de détailler tandis que, sur un autre endroit du même stade, les autres compétiteurs sont enfermés dans leur bulle de concentration.

Les motifs d’étonnement, parfois d’admiration, se multiplient. Comme pour la Colombienne Catherine Ibargüen, qui a apporté au triple saut son premier titre en athlétisme à son pays. Elle participait au début de sa carrière aux compétitions de saut en hauteur, qui ne demandent pas précisément les mêmes qualités. Elle ouvre peut-être une voie, ainsi. On a remarqué du reste que ses adversaires du triple avaient le même gabarit élancé et gracile, quand on était habitué jusqu’ici à retrouver des athlètes aux cuisses puissantes, souvent reconverties du saut en longueur quand elles y avaient souffert de leur manque de vitesse.

Bien entendu, il plane des nuages et des doutes. Mais ici, les absents ont tort, plus que les autres. Les Russes vont voir leur butin habituel partagé par ceux qui sont là, dont les Français qui devraient montrer quelques belles images.

La piste bleue semble extrêmement dure et  rapide, ce qui favorise les sprinteurs comme Van Niekerk, mais ne handicape pas les fondeurs, ce qui est surprenant. Le très beau record de l’Ethiopienne Almaz Ayana sur 10 000 m a pulvérisé en 29’17’’45 une performance chinoise qui sentait encore le camphre 23 ans après. Trois records du monde en trois jours, avec celui réalisé au marteau par la Polonaise Anita Wlodarczyk (82,29 m)! Pardonnez-nous, mais les doutes, ce sera pour plus tard. Pour l’instant, on profite du spectacle olympique.

VIGNETTES

# Le Britannique Andy Murray a su juguler la fougue et le talent de l'Argentin Juan-Marin Del Potro pour conserver son titre en tennis, ce qu’il est le premier à réaliser. La stupéfaction a été de redécouvrir Martina Hingis (36 ans), l’ancienne numéro 1 mondiale suisse, qui a échoué en finale du double dames, mais qu’on ne serait plus autrement surpris d’y revoir dans quatre ans.

# C’est par erreur qu’on a déploré, il y a quelques jours, la disparition de la lutte gréco-romaine du programme olympique. Cette mesure avait été annoncée, puis elle a été rapportée devant les millions de protestations soulevées et c’est fort heureux. En réalité, sept titres seront attribués chez les hommes, comme pour la lutte libre, qui accueille de surcroît quatre catégories féminines. Le Cubain Ismael Borrero a été le premier titré à Rio, en -59 kg, procurant à son pays la première médaille d’or de l’édition 2016.

 

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