Benoit Magimel, du pâté ou les deux ? #MarseilleNetflix
Depuis que Télérama a lancé la première pierre, il est de bon ton de s’adonner au “MarseilleNetflix bashing”. Affligeant, Naufrage, Malaise… Rarement un truc avec Marseille dessus aura autant fait l’unanimité.
Pour en avoir le cœur net et pour rentabiliser un abonnement Netflix qui me sert essentiellement à regarder Modern Family les soirs où je ne sors pas, j’ai accueilli le lobby correzo-breton de Marseille et nous avons regardé les deux premiers épisodes. Nous avions prévu de quoi manger et boire pendant le spectacle, et une installation périlleuse avec vidéoprojecteur et câbles dans tous les sens.
Je ne sais pas si c’est parce que j’alternais un coup d’œil à l’écran, un coup d’œil dans l’assiette, “et putain comment elle s’ouvre cette boîte de pâté ?!” mais j’ai eu du mal à rentrer dans le premier épisode. Ensuite, j’ai compris que c’était normal. Sans répéter en long, large et travers ce que des spectateurs plus aguerris que moi ont déjà mieux dit (des gens qui regardent autre chose que Modern Family par exemple) : les dialogues sont embarrassants, la lumière qui est pourtant si belle à Marseille est trop trafiquée, Benoit Magimel joue maaaaaaal (et on dirait qu’il est en plastique mais faut pas attaquer sur le physique, mais quand même !) et puis on se fait un peu chier quand même, enfin c’est lent ! Clairement, si ce n’était pas une série qui s’appelle Marseille et que je ne faisais pas de la marseillologie un week-end sur deux et la moitié des vacances, je pense que j’aurais éteints à la moitié du premier épisode pour me concentrer sur le cantal et le Saint-Emilion.
Bref, j’aimerais beaucoup dire que j’aime, rien que pour pas être d’accord avec ces bouffons de Télérama mais je n’y arrive pas. Alors à défaut d’aimer, je peux toujours expliquer pourquoi je trouve que c’est intéressant.
1) Le sujet du Casino sur le J1 est tout à fait d’actualité, je reconnais aux scénaristes la capacité à avoir capté un thème qui colle à ce que Marseille vit en ce moment. C’est vrai que c’est caricatural mais comment une représentation télévisuelle d’une ville peut offrir une fiction qu’un habitant de cette ville ne trouverait pas caricaturale ? Il y a sûrement des limites, des degrés et ils vont vraiment loin mais au moins, on est pas dans une histoire complètement fantasmée sans aucune prise avec la réalité.
2) La série donne l’impression de balancer continuellement entre deux volontés opposées. D’un côté magnifier le décor de la série, montrer la ville, ses monuments, les paysages… dans un style très très publicitaire. Et de l’autre, afficher le côté noir, violent, pourri à tous les étages. Comme un “The Wire sous le soleil” qui me pousse à me demander dans quelles conditions le projet a été pensé et réalisé… Je trouve très intéressant d’imaginer l’équipe de scénaristes et réalisation en train de recevoir des injonctions paradoxales: faites nous un The Wire, non, un House of Cards, ah, et il faudrait aussi qu’on voit que la ville est belle, la Mairie veut faire du product placement et aimerait qu’on montre le Mucem, et le Nouveau Stade, et vous avez bien pensé à mettre une scène de sexe ? Et… Et… Et à la fin c’est n’importe quoi, mais comme on n’arrive pas à n’importe quoi par hasard, je trouve très intéressant de s’interroger sur les conditions du n’importe quoi.
3) Enfin, et c’est très personnel comme impression… c’est effectivement vulgaire, grossier, exagéré, sexiste, embarrassant, mal fait… ça vous rappelle rien ? On dirait tout ce que touche la Mairie de près ou de loin : David Guetta à Borély, Bigard pour la Journée de la femme, le Pavillon M, le Mémorial de la Marseillaise, la Latino Parade à Borély (décidément, il y a un truc avec ce parc)… Finalement, cette série colle assez bien avec le niveau des gens que les scénaristes ont rencontré non ? Stéphane Mari s’est ému que la scène du conseil municipal ressemble à une cours de récréation d’école primaire, mais les rares fois où j’ai regardé c’est ça sauf que les vrais jouent mieux et leurs dialogues sont mieux écrits. J’aime bien l’idée que la Mairie de Marseille soit tellement kitsch que même le producteur d’House of Cards n’arrive pas à en faire quelque chose de hype.
Conclusion, c’est une mauvaise série dont on peut rire à plusieurs. Je la conseille sur petit écran parce que le visage de Benoît Plastic-Face Magimel sur 1m de long c’est quand même un coup à mal digérer son pâté.
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