Barcelone étouffée : comment gérer la massification du tourisme ?
[Ce billet fait partie d’une série de trois, voir détails ici : Barcelone étouffée par le tourisme, quels enseignements pour Marseille ?]
A priori, le tourisme est plutôt bon pour une ville, il apporte des richesses financières (20 millions d’euros par jour à Barcelone par exemple) mais aussi culturelles (ouverture à l’autre, langues étrangères…). Attention à également prendre en compte l’impact négatif, car tout phénomène à un impact positif et négatif selon de quel point de vue on se place. Cet impact peut être environnemental ou social (hausse des prix plus importantes que les salaires des habitants et perte de pouvoir d’achat). Et c’est bien pour ça qu’il s’agit aussi d’une affaire de bonne ou mauvaise gestion.
C’est vrai, on a de la marge à Marseille, mais c’est justement pour ça que l’on devrait profiter pour mettre sur pied un développement maîtrisé du tourisme, c’est-à-dire équilibré et à long terme. Par exemple en pensant tout de suite à des seuils de visiteurs au-delà desquels le Panier serait arrivé à saturation, et faire la promotion d’autres quartiers sans attendre que ce seuil soit atteint au Panier (s’il reste encore du temps). Et pareil pour le Cours Julien, et pour le Palais Longchamp, et la Bonne Mère, et la Pointe-Rouge… C’est-à-dire faire le travail que doit faire Barcelone maintenant dans l’urgence et le conflit : prendre en compte les associations de quartier pour développer un tourisme qui soit acceptable pour les habitants, qui sont les seuls à voter ne l’oublions pas !
Le premier problème de gestion est politique. En se mettant à dos plusieurs associations de quartiers, la Mairie de Barcelone a perdu des votes. Le programme de l’opposition (CiU) pour les municipales de 2011 avait notamment une partie de reconquête de l’espace perdu au profit des touristes. Les habitants en veulent à la Mairie de laisser filer le prix des loyers et le développement des appartements touristiques (Airbnb) qui réduisent le nombre d’appartement accessibles à la location longue durée comme peau de chagrin. Mais les plus précaires ne sont pas les seuls touchés. La qualité de vie se dégrade pour tous les habitants de quartiers comme celui de la Sagrada Familia par exemple. La question est simplement posé par l’un d’eux : “comment faire rentrer 8 millions de personnes qui veulent visiter le monument dans un quartier prévu pour 10 000 habitants ?”. Je suis sur que ceux qui vivent autour de Notre Dame de la Garde ont une petite idée de la problématique des autobus de tourisme, imaginez qu’il y ait 8 fois plus de touristes et vous avez une idée des nuisances, y compris de “ces rivières de gens qui inondent les trottoirs” et ne laissent pas de place pour celui qui descend simplement faire des courses ; et ces guides qui parlent dans des haut-parleurs sous les fenêtre en oubliant que des gens vivent ici. C’est la réalité de ce quartier, et d’autres (je pense à Montmartre par exemple).
Mais ce n’est pas qu’une faute politique. Elle est aussi économique. D’abord d’un point de vue purement touristique, combien de temps une image de marque survit à une expérience dégradée ? Je n’ai pas de réponse chiffrée mais je suis sur qu’elle n’est pas “indéfiniment”. Barcelone figure aujourd’hui à la 4e place des villes les plus décevantes en termes de tourisme. Le tourisme de masse réduit la qualité de l’expérience et rebute d’autres catégories de touristes, ceux qu’ils appellent “les voyageurs” dans la vidéo, à la recherche d’authenticité. Et l’hostilité grandissante des habitants envers les touristes pourrait aussi terminer par rebuter plus de monde. C’est aussi une faute économique de tout miser sur le tourisme, sur une seule activité, pas forcément porteuse des emplois les plus qualifiés.
Voilà en deux ou trois billets quelques enseignements tirés de cet exemple barcelonais que l’on aime tant. Au-delà de bonnes pratiques, il peut aussi nous servir à rester vigilant et ne pas se développer dans tous les sens en imaginant que ça n’aura aucun impact négatif.
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