Avant que les jeux ne soient faits

Billet de blog
le 27 Fév 2020
0
Avant que les jeux ne soient faits
Avant que les jeux ne soient faits

Avant que les jeux ne soient faits

De gauche et déjà vaincue.

La gauche de la gauche va perdre la mairie centrale marseillaise.
Si je me trompe, j’en suis fort aise.
Si j’ai raison, peut-être cela rendra-t-il encore plus indispensable de faire mieux la prochaine fois et les fois suivantes.
La gauche de la gauche va perdre car l’utra nécessité d’unité et de mixité est caduque.
Plutôt blanc.he.s de milieux favorisés ou un peu moins par ici, coloré.e.s ou un peu moins issu.e.s des cités plutôt ailleurs. C’est édifiant.
Rien ne donne envie aux non votants d’y aller. La masse acquise des votants est insuffisante.
Mathématiquement, ça ne le fait pas mais on verra bien.

Observation

Mon observation attentive mais physiquement distanciée de cette pré-campagne aura été très intéressante.
D’abord, de drôles de manière de bosser ensemble se sont manifestées:
« Suivez-moi! »
On n’a pas dit « se suivre », on a dit « mettez-vous d’accord »
« Mais si, regardez, on fait l’unité…
– Mais alors comment expliquer que tel, tel et tel ne te suivent pas?
– Ils sont sectaires,
et/ou
– Il restent dans leur coin,
– Ah, d’accord alors tu penses pouvoir te passer du soutien de tel, tel et tel?
On verra bien. Si je me trompe, j’en suis fort aise. »

J’ai découvert également qu’en prônant le « faire sans nous, c’est faire contre nous », on pouvait se présenter sur un autre secteur que celui où on habite.
Lutte contre le rassemblement national, militantisme local et/ou histoire personnelle avec ce secteur, les raisons sont légitimes.
Elles n’en restent pas moins incohérentes à mes yeux.
Après 18 années d’expérimentations, je sais que « faire à la place » ne fonctionne pas. On peut accompagner, « faire émerger » mais « faire à la place » et rendre les clefs ensuite, c’est peine perdue pour l’émancipation de chacun.

Dire c’est oser. Oser c’est se dévoiler.

Dans les collectifs où je m’insère, mon engagement ne se situe jamais vraiment autour du contenu mais plutôt autour des conditions indispensables pour voir les contenus se révéler.
Cohérence, incarnation, règles du jeux claires et partagées, méthodes de travail souples et rigoureuses, autant de questions qui bornent mon engagement dans les collectifs dont je ne suis pas à l’origine.
Quand je fais partie des locomotives, je fais comme tout le monde, je fais au mieux et on me critique.
Mais c’est qui celle-là? pourrait être la question.
Je suis blanche, issue d’un milieu plutôt favorisé, je suis habitante et maitresse d’école dans le quinzième arrondissement de Marseille depuis 18 ans.
Pendant des années, je me suis consacrée à la pédagogie inspirée du pédagogue Célestin Freinet au point d’en faire un filtre et un point d’appui dans ma vie quotidienne et dans mes aspirations. Devenue mère, je suis ensuite allée à la découverte de mon environnement proche.
Sans même le vouloir au début, j’ai développé un concept qui s’avère être un projet de société sur lequel je bosse plus ou moins lentement depuis un peu plus de 10 ans.
Mon objectif à court ou moyen terme est de pouvoir m’y consacrer.
Cette possibilité se rapproche inexorablement.
Mon objectif de vie est de m’y consacrer.
J’ai mis du temps à accepter que cette vision du monde devait être la mienne avant de voir le monde s’en emparer. J’ai mis du temps à accepter qu’en conséquence, je devais avoir une parole publique.
Mon blog sur le journal local d’investigation me semble être un des moyens.
Vous ne pouvez imaginer combien le travail sur moi a été intense pour en arriver là, moi qui n’aspire qu’à une seule chose, vivre tranquille auprès de ma famille et de mes ami.e.s, m’éclater dans ce que je fais, tout en participant à ma mesure à l’amélioration de notre existence sur cette planète.
J’en suis là. A juste oser affirmer publiquement ce que je pense, celle que je suis en gérant émotionnellement les remous qu’occasionnent ce choix, avec l’espoir qu’un jour, cela devienne naturel ou simplement beaucoup, beaucoup moins remuant.

Les dés en sont jetés.

Géraldine Carlier

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire