Au revoir Ventilo
Après 23 ans de bons et loyaux services, le journal culturel local Ventilo baisse le rideau. Le dernier numéro doit sortir le 5 juillet. Il sera forcément un peu spécial.
Cynthia Cucchi et Damien Bœuf de Ventilo. Photo : Violette Artaud.
Nous avions du mal à y croire, mais la réalité est ainsi : Ventilo va bientôt disparaître. Pour Marsactu, c’est un membre de la famille qui s’en va. Un peu comme cette cousine qu’on ne voit pas tous les jours, mais qui, à chaque rencontre, vous ouvre un peu l’esprit tant sa vie diffère de la vôtre. Nous sommes un journal d’enquête en ligne, Ventilo est un mensuel culturel papier (qui se décline aussi sur internet). La même famille, indépendante des pouvoirs publics, pas la même branche. Très vite, nous avons pris conscience de l’impact de cette mort annoncée.
Plus de Ventilo égal plus de “bons plans” dans Marsactu. Chaque week-end, certains d’entre vous avaient l’habitude de trouver à la une de l’Agora une sélection d’idées de sorties culturelles, à Marseille et alentours. Ce petit agenda était le fruit d’un partenariat avec la rédaction de Ventilo, qui nous fournissait ces articles en échange de quoi, chaque mois, un article siglé du gabian était imprimé sur une page de la revue cousine. Un échange de bons procédés, qui profitait à tout le monde. Jusqu’à celui, qui, chez Marsactu, s’occupait de “choisir et couler les bons plans” sur notre site. Et ainsi, s’accordait un moment de respiration dans le bouillonnement de l’enquête. Ventilo nous aérait l’esprit.
Au-delà de ce partenariat, c’est un vide dans la vie de la cité que va engendrer la mort de ce média local. Il faut dire que Marseille n’est pas des mieux lotis en termes d’infos culturelles. Un de moins, c’est donc se rapprocher de zéro. Surtout quand celui qui nous quitte est de l’acabit de Ventilo : un journal papier, à parution régulière, qui rend compte d’une foultitude d’événements, expositions, concerts, pièces de théâtre, sorties littéraires, cinéma… Et ce, pour tous les goûts. Ventilo, c’est aussi et surtout de la critique. Un esprit libre de rendre compte de ce qui a été vu, entendu, ressenti sans fard, comme il en existe peu désormais. Forcément, le trou va être béant.
Cette mort est très certainement aussi le symbole d’un abandon de la culture par les pouvoirs publics. Ventilo fonctionne certes sans subvention, mais vit des recettes de publicités de structures culturelles, qui elles, en dépendent. Ors, les aides publiques se font de plus en plus minces dans ce domaine et les budgets de communication sont en général les premiers qui sautent. L’avenir est empli, pour les acteurs culturels, d’importantes incertitudes. Et les élections à venir auront un impact certain dans ce domaine. Une arrivée au pouvoir du RN serait en ce sens dramatique. Mais ne pensons pas au pire.
Sans Ventilo, que restera-t-il dans l’agenda culturel à Marseille ? Si certains médias spécialistes locaux parviennent à survivre, comme Zebuline, ils se font de plus en plus rares. Pullulent en revanche les comptes Insta, qui résument en une image et une phrase un événement, avec en arrière-plan des partenariats marketing, plus proche de l’encart publicitaire que de l’article de presse culturel, détaillé, critique, complet.
Adieu Ventilo, nous te regretterons déjà.
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Cela va faire un bien grand vide, c’est vraiment révoltant cette nouvelle disparition d’un média culturel.
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