Anse du Pharo : nouvelle zone d’activité fermée sur site exceptionnel ?

Billet de blog
par kukulkan
le 1 Déc 2021
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La Métropole et la SOLEAM décident de créer un nouveau pôle économique sur ce site exceptionnel

C’est un projet dans les cartons depuis des années et qui commence à aboutir. Après avoir sélectionné les maîtres d’oeuvre en 2020, et après une concertation publique largement défavorable, la SOLEAM lancera l’enquête publique aura lieu au début de l’année 2023.

La concertation a vu les oppositions remporter les 75% des suffrages, malgré la faible participation du fait du peu de publicité réalisée par le maître d’ouvrage… Le bilan de la concertation, disponible ici, le démontre. Seuls 10% des retours ont été favorables au projet…

Pourtant, le projet porté par l’ancienne majorité municipale, la SOLEAM et la Métropole, défendu au prétexte que le choix d’une zone d’activité avait été acté au milieu des années 2010, aurait pu être remis en cause par la nouvelle majorité municipale écologiste, tant les enjeux en terme paysager et de bétonnisation y sont importants. Pourtant la Maire de Secteur Sophie Camard et la majorité n’a jamais dénoncé les aspects anti-écologiques et incohérents du projet. Lors d’échanges il a d’ailleurs été admis qu’aucune étude de dépollution permettant de chiffrer un scénario d’ouverture d’un site de baignade sur tout ou partie du site (plage) n’avait été réalisée.

La pétition existante pour un projet ouvert à tou.te.s a déjà signée par près de 500 personnes. Une page facebook pour réunir les opposants au projet a aussi été créée.

Nouvelles digues, 7 000m² de quais bétonnés, nouvelle barre de bâtiments, absence de réel accès au rivage, absence de rénovation des bâtiments encore existants : le projet de la SOLEAM pose question

Le projet ne répond pas aux objectifs avancés

Voici les raisons qui font de ce projet un projet inutile, anti-écologique, couteux et excluant envers les marseillais :

– ce projet privatise cet espace littoral, il ne permet pas l’accès à tous. Le seul accès proposé est en contrebas du parc du Palais du Pharo, mais pas sur le site lui-même. Un portail a d’ailleurs déjà été installé alors qu’avant les citoyens pouvaient accéder jusqu’au bout du quai. Ce site est exceptionnel, face au Mucem, face au Palais du Pharo, dans une Anse magnifique dont les démolitions ont révélé la plage naturelle. Les marseillais.es doivent pouvoir accéder à cet espace. Les vues seront en outre obstruées depuis le Chemin d’accès puisque les bâtiments auront 7m de hauteur. Un site de baignade est vital pour désengorger les rares sites surfréquentés du centre-ville : l’Anse est protégée et en retrait du passage des bateaux (200m), l’activité navale existante produit un très faible passage de bateaux dans l’anse, et le site est assez éloigné du Vieux-Port pour avoir une eau permettant la baignade. Il faudrait bien entendu prévoir une dépollution mais l’utilité d’un tel projet justifie un tel investissement.

-ce projet n’est pas écologique car il prévoit de bétonner 7 000m² d’espaces aujourd’hui non bétonnés. Il prévoit aussi la création de digues inutiles (rade déjà protégée par les digues existantes) qui vont abimer les fonds marins. L’un des 3 objectifs du projet ‘préservation de l’environnement’ n’est ainsi pas atteint.

-ce projet est très couteux pour une utilité non démontrée. Coûtant près de 11M€ (dont 3M€ de démolition, hors inflation et surcoûts) pour la création ou le maintien d’environ 40 emplois, dont 4M€ apportés par la métropole. Les finances de la métropole ne sont pas assez fournies pour se permettre de tels grands projets inutiles (surtout quand ils viennent dénaturer un tel site et fermer l’espace aux citoyens). Le premier objectif du projet « maintien des activités existantes » n’est pas lié au projet car les bâtiments des activités existantes ne seront pas rénovés dans le cadre du projet. L’unique objectif des 3 objectifs présentés par la SOLEAM qui est respecté est le développement de la filière plaisance. Or sur le territoire métropolitain on peut se demander si d’autres sites ne seraient pas plus appropriés pour cela : sites déjà bétonnés, sites non ABF, sites moins exceptionnels, sites moins urbains… L’activité de réparation navale de plaisance est déjà largement développée et le besoin de nouveaux locaux d’activité est toujours à démontrer.

-la nécessité du projet est axée sur le besoin de recomposer le site au bâti peu qualitatif. Or le projet présenté en enquête publique ne prévoit plus la rénovation des bâtiments accueillant les activités encore existantes. On ne vient donc pas répondre au besoin des entreprises actuelles mais uniquement venir créer un gros pôle avec des nuisances sur un site difficile d’accès. L’Anse du Pharo malgré le projet ne permettra pas beaucoup plus d’homogénéité visuelle et fonctionnelle. Au contraire le site aujourd’hui est plus homogène que ce qu’il sera avec les nouveaux bâtiments qui font une barre visuelle (qui prévoit des mini percées très étroites). Une visite sur site démontre la nécessité de ne pas construire de gros bâtiments sur ce site exceptionnel mais de le dépolluer et le rendre accessible aux marseillais.es.

-ce projet va accroitre fortement la circulation automobile et de convois importants concernant les travaux et de pièces de bateau, dans un secteur enclavé entouré de parcs et de plages où se promènent beaucoup de marseillais. Cette circulation accroitra le risque d’accident et la pollution pour les riverains.

-ce projet ne respecte pas la loi littoral puisque les activités de plaisance sont soumises à l’interdiction de construction dans les 100m du rivage, contrairement aux installations militaires, de pêche ou de commerce. 

-ce projet est surdimensionné pour le tissu économique visé. Il ne prévoit pas de relocaliser les activités existantes mais de développer fortement cette activité, ce qui n’a rien d’évident. « Les professionnels du nautisme parlent d’une opération “ubuesque”. » Marsactu article du 22 février 2021. Par exemple la nécessité d’une grue de levage est réfutée par Guy Teissier et par le groupement des professionnels du nautisme Provence Métropole. Le projet présenté en enquête publique ne prévoit d’ailleurs plus la rénovation des bâtiments accueillant les activités encore existantes. On ne vient donc pas répondre au besoin des entreprises actuelles, mais on vient créer de toute pièce un gros pôle avec des nuisances sur un site difficile d’accès, avec le risque de créer une coquille vide.

Toutes ces raisons en font un projet démesuré, et démontrent qu’il ne faut pas créer un nouveau pôle économique risqué sur ce site fragile et magnifique. Les marseillais doivent pouvoir bénéficier d’un accès réel à ce site exceptionnel, au rivage qui fait face au MUCEM, et devraient pouvoir exiger un espace de baignade qui fait cruellement défaut à proximité du centre-ville face à la congestion des Catalans. L’option la plus efficiente serait de transformer la partie déjà libérée en une plage publique, et de maintenir/rénover les bâtiments encore existants et accueillant l’activité historique (qui n’a ni les capacités ni les besoins de se démultiplier sur un si beau site). La cohabitation des deux espaces pourrait tout à fait fonctionner grâce au très faible trafic de bateaux vers les chantiers artisanaux actuels, grâce à des barrières marines les séparant de l’espace plage (comme cela peut exister au Cercle des Nageurs).

 

 

 

Commentaires

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  1. Pascal L Pascal L

    Bonjour,
    Dans la présentation de la pétition, on peut lire : Michèle Rubirola (Maire de Marseille).
    Il serait bon de revoir cette introduction.
    Cordialement, PNLL

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  2. barbapapa barbapapa

    Merci de publier cette info, il est important de répondre à la consultation.
    Mon avis est que l’espace doit être rendu public, piétonnier, et sans béton.
    Il est quand même important de penser à l’économie, il y aurait 40 emplois en jeu.
    D’une part, le tourisme et la qualité de vie des marseillais sont des richesses économiques. Par ailleurs, les activités de chantier naval, de voilerie et autres peuvent être déménagées sans souci majeur vers des espaces portuaires qui sont vides aujourd’hui.

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  3. Broccolicchi Broccolicchi

    Rendre aux marseillais ce lieu magnifique qui doit cesser d’être défigurer…

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