A propos du Qatar et du boycott de la coupe du monde .
Depuis quelques semaines déjà, je n’arrête pas de voir défiler sur mon fil d’actualité, des articles concernant la prochaine coupe du monde : 6500 travailleurs migrants morts durant des travaux, interdiction du drapeau arc-en-ciel, non-respect des droit de l’homme, énormes soucis écologiques liés, entre autres, à la climatisation à outrance des stades. Face à cela, je vois fleurir des appels au boycott de la coupe du monde
Depuis quelques semaines déjà, je n’arrête pas de voir défiler sur mon fil d’actualité, des articles concernant la prochaine coupe du monde : 6500 travailleurs migrants morts durant des travaux, interdiction du drapeau arc-en-ciel, non-respect des droit de l’homme, énormes soucis écologiques liés, entre autres, à la climatisation à outrance des stades. Face à cela, je vois fleurir des appels au boycott de la coupe du monde. Je ne remets pas en question la notion de boycott, et, en aucun cas, je ne soutiens le déroulement de la compétition dans de telles conditions, je souhaite seulement me saisir de cet évènement pour interroger nos formes de réactions face à de telles situations, nos diverses stratégies établies et, en creux, notre impuissance politique.
En réaction aux différents scandales qui ont jalonné la préparation de cette coupe du monde, la possibilité de se retirer a été évoquée par certaines équipes. A quelques semaines du déroulement de la compétition, il est clair que toutes les équipes qualifiées participeront bel et bien.
En conséquence, de plus en plus d’individus parlent de ne pas regarder les matchs, de refuser de les diffuser dans des lieux publics. Mais est-ce vraiment une stratégie efficace ? Cela va-t-il réellement changer quelque chose ?
J’aimerais tout d’abord parler de la géométrie variable du mécontentement populaire. La France maintient des rapports commerciaux avec le Qatar depuis des années, le gouvernement s’est exprimé officiellement afin de clarifier sa position : il n’existe pas de problème diplomatique entre les deux pays. En parallèle, la France continue à vendre des armes et maintient les rapports commerciaux avec plusieurs pays peu respectueux des droits de l’homme -Arabie Saoudite , Égypte, Syrie pour les plus connus-. Ne parlons pas du championnat d’Europe de football dont quelques matches ont eu lieu dans la Russie de Poutine en 2021.
Lors de la guerre en Syrie, Lafarge a fourni des matériaux de construction à Daesh, cela n’a pas scandalisé grand monde et jusqu’à aujourd’hui aucune conséquence juridique n’a eu lieu . D’ailleurs, Lafarge a aussi vendu du matériel pour les constructions des stades qataris… Je pense qu’en fouillant un peu plus nous pourrions bâtir assez facilement une liste des entreprises qui ont participé, directement ou indirectement, à ces chantiers. Qu’est-ce que le boycott alors ? Ne pas regarder des matchs sur nos chaînes qui ont déjà payé les droits de diffusion ? Est-ce que cela aura une réelle influence ? Le Qatar est un pays lointain, et notre influence peut nous sembler minime. Mais à ce moment-là, pourquoi ne boycotons-nous pas les chaînes qui diffusent les matchs dès maintenant, et cela bien hors matchs ? Pourquoi les personnes scandalisées par cette coupe n’organisent-elles pas par exemple des rassemblements devant les bureaux de ces chaînes , devant l’ambassade du qatar ? On peut aussi s’amuser à établir la liste des entreprises françaises qui ont participé aux chantiers et appeler à leur boycott ? Pourquoi ne pas se saisir des rapports d’Amnesty International par exemple qui liste chaque année les pays qui ne respectent pas les droits de l’homme et faire pression sur le gouvernement afin de couper les relations commerciales et diplomatiques avec ces pays ? Si certains et certaines le font déjà, ils ne sont pas encore assez nombreux pour inverser le rapport de force. De manière générale, grâce aux réseaux sociaux, l’action politique hors assemblée se réduit à de la communication. Nous n’arrivons plus à construire des actions collectives, à établir des stratégies afin d’atteindre des objectifs. Nous nous contentons finalement de mimer des formes de posture sans en questionner le sens et la structure.
On peut constater une forme de déplacement de l’action collective vers des mises en scène individuelles. L’appel aux boycotts de la coupe du monde qui fleurit sur les réseaux sociaux n’est ni un boycott ni une action, c’est souvent du spectacle. Nous nous rachetons une conscience en exprimant publiquement nos prises de position, en se rassurant par le nombre de likes que notre pensée est légitime auprès de nos pairs. Satisfaits par l’illusion d’avoir agi, nous nous arrêtons là Or, l’histoire nous l’a appris, face à un monde qui va mal, une planète qui souffre, il nous faut nous rassembler, discuter et construire ensemble des modalités d’action.
Commentaires
L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.
Vous avez un compte ?
Mot de passe oublié ?Ajouter un compte Facebook ?
Nouveau sur Marsactu ?
S'inscrire
Les situationistes c etait pas des touristes…
Bulldozer.
Se connecter pour écrire un commentaire.