À propos du documentaire Marseille et les Américains, de Mathieu Verdeil
À propos du documentaire Marseille et les Américains, de Mathieu Verdeil
Savez-vous que le quai des Belges était, à partir de septembre 1944, en permanence occupé par tout un rang de liberty-ships, ces bateaux que les USA construisirent à toute vitesse pour transporter vivres et matériel militaire en Europe ? Savez-vous que l’armée américaine avait installé un camp de 100 000 hommes sur le plateau de l’Arbois, près du village de Calas ? Savez-vous que ce camp disposait d’un immense théâtre ? Connaissez-vous les dessins de Lyne Suter, l’artiste noir qui illustrait le Delta Stage, le journal du camp ?
Vous pourrez découvrir tout ça dans Marseille et les Américains, le film documentaire que Mathieu Verdeil a, sur l’initiative du consulat des États-Unis, consacré à la présence de l’US Army dans notre ville lors de la seconde guerre mondiale. Et vous pourrez faire en sorte que vos enfants (presque aussi ignorants que leurs parents en matière d’histoire) le découvrent aussi. Ce documentaire (visible, en français et en anglais, sur le site d’A7 Productions) est en effet avant tout un film pédagogique.
Il a, ce faisant, les défauts (schématisation, accroches ludiques…) et les qualités (remise en perspective, clarté chronologique…) du genre. Peu importe puisqu’il aborde une période où la mémoire fait cruellement défaut, qu’il en décrit un aspect aussi prégnant qu’inconnu et qu’il le fait, c’est à mettre au crédit de son commanditaire, sans occulter les aspects négatifs (les morts du tunnel de la Belle de Mai lors des bombardements alliés de 1944, les débordements des GI’S). Les films et les photos d’archives (les services photographiques des armées trouvent toujours des opérateurs au poil) alternent avec les témoignages de Marseillais, encore enfants à l’époque. Celui de Marcel Minassian est peut-être le plus attachant. Le vieil homme raconte plein d’émotion comment un soldat américain cantonné à la Martine lui enseigna la pratique du base-ball et forma une équipe de jeunes, sous l’hôpital Nord.
Cent mille soldats stationnent sur un plateau à présent occupé par une gare TGV. Ils arrivent par la Méditerranée, ils partent se battre dans les Ardennes, ils reviennent, ils repartent vers le Japon. Au camp de l’Arbois, un panneau qui semble une farce indique TOKYO : 6 200 miles. Cent mille soldats stationnent près de Marseille, ils fument des cigarettes blondes, distribuent des chewing-gums à des enfants qui n’en ont jamais vus et viennent s’encanailler en ville.
Ils ont en tête les quelques lignes que le petit guide qu’on leur a distribué consacre à la ville : « Like many port towns Marseille can be tough. Its people are southern, turbulent and hot-headed. The French national anthem the Marseillaise, was a republican hymn that honored te city’s love for liberty. »* L’armée leur fournit une quantité énorme de matériel. Que reste-t-il de tout cela 75 après ? Les stocks de l’US Army sont épuisés depuis longtemps. Que vive la mémoire.
*Pocket guide to France, Army Information Branch A.S.F, For Use of Military Personnel only, 1944
Commentaires
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Y est-il question des bombardements du Racati et de la Belle-de-Mai ? Faire croire que le passage des américains n’aurait laissé qu’un goût de chewing gum serait un peu parcellaire, non ?
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Oui, il en est question. Dans le film et dans l’article ! MJ
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