À L’APPROCHE DES ÉLECTIONS MUNICIPALES

Billet de blog
le 10 Mar 2019
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Les élections municipales auront lieu en 2020. Autant dire demain. Dans cette perspective, sans doute est-il important d’envisager à la fois d’entreprendre une sorte de bilan, ou d’évaluation, de la politique mise en œuvre par la municipalité sortante et d’exprimer le commencement des engagements.   Que dire de la politique menée par le maire sortant et sa municipalité ? La municipalité dirigée par J.-C. Gaudin a remplacé la municipalité dirigée par R. Vigouroux en 1995. Lors du décès de G. Defferre, en 1986, celui-ci avait lui-même remplacé G. Defferre, qui était maire depuis 1953. Sans doute est-ce la première remarque que l’on peut faire : en 2020, Marseille aura connu trois maires en soixante-sept ans, cinq maires depuis la Libération. G. Defferre aura été maire pendant plus de trente ans et J.-C. Gaudin pendant vingt-cinq ans. Ce sont des mandats trop longs, ils manifestent le fait qu’à Marseille, il n’y a pas d’alternance dans les mandats des municipalités. Mais encore faut-il noter que cela n’est pas vraiment seulement à Marseille : dans beaucoup de grandes villes en France, les maires demeurent ainsi à la tête de la municipalité pendant un temps considérable, comme à Lyon, par exemple, où des maires comme E. Herriot ou L. Pradel, ou même comme G. Collomb, dirigent la municipalité ou m’ont dirigée pendant de très longues durées. Et, quand on tente d’évaluer la politique menée par J.-C. Gaudin pendant un si long temps, on est bien obligé d’avoir des doutes. Sur le plan du logement, d’abord : le drame de la rue d’Aubagne et la découverte de la quantité considérable de logements indignes, insalubres ou dégradés fait apparaître l’incurie de la municipalité sortante dans le domaine de la politique du logement et du patrimoine immobilier. Sur le plan des déplacement, ensuite : le réseau des transports en commun est encore mal développé, il n’y a toujours que deux lignes de métro, la circulation automobile continue de polluer la ville. Sur le plan culturel, des tentatives avaient été menées pendant les mandats de G. Defferre, mais, depuis que J.-C. Gaudin est maire, la politique culturelle de la municipalité est insuffisante et, surtout, mal répartie dans l’espace urbain. Sans doute peut-on aussi se poser des questions sur la politique engagée par la municipalité sur le plan de la santé publique qui relève de sa compétence. Au moment du bilan, il semble bien qu’il est temps de changer de municipalité.   Que signifierait une politique alternative ? Même à droite, il semble bien que les candidatures qui se manifestent depuis quelque temps déjà entendent engager une rupture avec la politique menée par la municipalité de J.-C. Gaudin – à tout le moins une réorientation de cette politique. On peut commencer à dresser les grandes lignes de ce que devrait être une politique alternative, à la fois plus ambitieuse pour les projets de la municipalité et plus soucieuse des égalités sociales que la municipalité devrait garantir, renforcer, assurer. Quatre domaines semblent particulièrement urgents. Il a été question du premier : il s’agit des transports en commun. Il devient urgent d’en finir avec l’usage aussi excessif de la voiture particulière pour le déplacement, alors que non seulement il n’est pas adapté à Marseille mais que, de plus, la plupart des grandes villes, désormais, ont fini par comprendre que seuls les transports en commun, grâce à un réseau dense et efficace, peuvent permettre des déplacements convenables dans l’espace urbain. Le deuxième aspect d’une politique municipale alternative serait de viser à l’égalité entre les quartiers : il importe d’en finir avec les inégalités sociales manifestes dans l’espace urbain marseillais, notamment du fait que ce qui, dans d’autres métropoles, se situe dans les banlieues, se situent, à Marseille, dans l’espace de la ville parce que cette ville n’a pas de banlieues. Un troisième aspect sur lequel devraient porter les efforts de la prochaine municipalité est le domaine des politiques culturelles, à la fois pour rechercher une plus grande égalité entre les quartiers sur ce point, pour assurer qu’il n’y ait pas d’exclusions sur le plan de la culture et pour assurer une diversité réelle dans les politiques culturelles de la ville. Enfin – mais peut-être faudrait-il commencer par là, il est désormais urgent que s’élabore une politique alternative du logement, de l’immobilier et de l’entretien du patrimoine architectural.   Les élections municipales et le fait métropolitain Mais un autre aspect de l’élection municipale de 2020 est la question de la métropole, de ce que l’on peut appelerl’identité métropolitaine de Marseille. Que la métropole ait mis plus de temps à s’instituer à Marseille que dans d’autres villes françaises lui donne une sorte de fragilité ; tandis que l’identité métropolitaine est acquise dans des communautés urbaines comme celle de Lille, celle de Lyon ou celle de Bordeaux, par exemple, elle a encore du mal à s’imposer à Marseille. Et il n’est pas sûr que la confusion en train de s’instituer entre l’aire métropolitaine et l’aire départementale des Bouches-du-Rhône soit une issue pour la métropole, à la fois parce que les espaces sont trop différents les uns des autres dans cet espace, parce que les préoccupations des municipalités sont trop éloignées les unes des autres et parce que l’identité des villes et de leurs habitants est trop diverse pour pouvoir fonder une identité commune. Peut-être l’un des enjeux des élections municipales de 2020 pourrait-il être la recomposition du fait métropolitain, la reformulation de l’identité métropolitaine, une nouvelle appréciation des enjeux de la politique menée à l’échelle de l’intercommunalité.

Les élections municipales auront lieu en 2020. Autant dire demain. Dans cette perspective, sans doute est-il important d’envisager à la fois d’entreprendre une sorte de bilan, ou d’évaluation, de la politique mise en œuvre par la municipalité sortante et d’exprimer le commencement des engagements.

 

Que dire de la politique menée par le maire sortant et sa municipalité ?

La municipalité dirigée par J.-C. Gaudin a remplacé la municipalité dirigée par R. Vigouroux en 1995. Lors du décès de G. Defferre, en 1986, celui-ci avait lui-même remplacé G. Defferre, qui était maire depuis 1953. Sans doute est-ce la première remarque que l’on peut faire : en 2020, Marseille aura connu trois maires en soixante-sept ans, cinq maires depuis la Libération. G. Defferre aura été maire pendant plus de trente ans et J.-C. Gaudin pendant vingt-cinq ans. Ce sont des mandats trop longs, ils manifestent le fait qu’à Marseille, il n’y a pas d’alternance dans les mandats des municipalités. Mais encore faut-il noter que cela n’est pas vraiment seulement à Marseille : dans beaucoup de grandes villes en France, les maires demeurent ainsi à la tête de la municipalité pendant un temps considérable, comme à Lyon, par exemple, où des maires comme E. Herriot ou L. Pradel, ou même comme G. Collomb, dirigent la municipalité ou m’ont dirigée pendant de très longues durées. Et, quand on tente d’évaluer la politique menée par J.-C. Gaudin pendant un si long temps, on est bien obligé d’avoir des doutes. Sur le plan du logement, d’abord : le drame de la rue d’Aubagne et la découverte de la quantité considérable de logements indignes, insalubres ou dégradés fait apparaître l’incurie de la municipalité sortante dans le domaine de la politique du logement et du patrimoine immobilier. Sur le plan des déplacement, ensuite : le réseau des transports en commun est encore mal développé, il n’y a toujours que deux lignes de métro, la circulation automobile continue de polluer la ville. Sur le plan culturel, des tentatives avaient été menées pendant les mandats de G. Defferre, mais, depuis que J.-C. Gaudin est maire, la politique culturelle de la municipalité est insuffisante et, surtout, mal répartie dans l’espace urbain. Sans doute peut-on aussi se poser des questions sur la politique engagée par la municipalité sur le plan de la santé publique qui relève de sa compétence. Au moment du bilan, il semble bien qu’il est temps de changer de municipalité.

Que signifierait une politique alternative ?

Même à droite, il semble bien que les candidatures qui se manifestent depuis quelque temps déjà entendent engager une rupture avec la politique menée par la municipalité de J.-C. Gaudin – à tout le moins une réorientation de cette politique. On peut commencer à dresser les grandes lignes de ce que devrait être une politique alternative, à la fois plus ambitieuse pour les projets de la municipalité et plus soucieuse des égalités sociales que la municipalité devrait garantir, renforcer, assurer. Quatre domaines semblent particulièrement urgents. Il a été question du premier : il s’agit des transports en commun. Il devient urgent d’en finir avec l’usage aussi excessif de la voiture particulière pour le déplacement, alors que non seulement il n’est pas adapté à Marseille mais que, de plus, la plupart des grandes villes, désormais, ont fini par comprendre que seuls les transports en commun, grâce à un réseau dense et efficace, peuvent permettre des déplacements convenables dans l’espace urbain. Le deuxième aspect d’une politique municipale alternative serait de viser à l’égalité entre les quartiers : il importe d’en finir avec les inégalités sociales manifestes dans l’espace urbain marseillais, notamment du fait que ce qui, dans d’autres métropoles, se situe dans les banlieues, se situent, à Marseille, dans l’espace de la ville parce que cette ville n’a pas de banlieues. Un troisième aspect sur lequel devraient porter les efforts de la prochaine municipalité est le domaine des politiques culturelles, à la fois pour rechercher une plus grande égalité entre les quartiers sur ce point, pour assurer qu’il n’y ait pas d’exclusions sur le plan de la culture et pour assurer une diversité réelle dans les politiques culturelles de la ville. Enfin – mais peut-être faudrait-il commencer par là, il est désormais urgent que s’élabore une politique alternative du logement, de l’immobilier et de l’entretien du patrimoine architectural.

Les élections municipales et le fait métropolitain

Mais un autre aspect de l’élection municipale de 2020 est la question de la métropole, de ce que l’on peut appelerl’identité métropolitaine de Marseille. Que la métropole ait mis plus de temps à s’instituer à Marseille que dans d’autres villes françaises lui donne une sorte de fragilité ; tandis que l’identité métropolitaine est acquise dans des communautés urbaines comme celle de Lille, celle de Lyon ou celle de Bordeaux, par exemple, elle a encore du mal à s’imposer à Marseille. Et il n’est pas sûr que la confusion en train de s’instituer entre l’aire métropolitaine et l’aire départementale des Bouches-du-Rhône soit une issue pour la métropole, à la fois parce que les espaces sont trop différents les uns des autres dans cet espace, parce que les préoccupations des municipalités sont trop éloignées les unes des autres et parce que l’identité des villes et de leurs habitants est trop diverse pour pouvoir fonder une identité commune. Peut-être l’un des enjeux des élections municipales de 2020 pourrait-il être la recomposition du fait métropolitain, la reformulation de l’identité métropolitaine, une nouvelle appréciation des enjeux de la politique menée à l’échelle de l’intercommunalité.

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