Affaire Guérini : Mais qui est le mystérieux Patrick Boudemaghe ?

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le 14 Jan 2011
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Pour l’avocat de Patrick Boudemaghe,  son client n’a rien d’un faux facturier et encore moins d’un blanchisseur. « Il y a beaucoup d’extrapolations, les marchés concernés sont réels » souffle Luc Febbraro après une audition plutôt réduite mercredi dans le bureau du juge Charles Duchaine. Pour celui qui épluche jusqu’au noyau le tentaculaire dossier Guérini, cet homme de 51 ans pourrait bien être l’une des clefs des malversations opérées dans les deux dossiers phares gérés par le magistrat : le dossier sur les collectivités locales des Bouches-du-Rhône et celui du CG de Haute-Corse. En témoignent en tout cas les motifs du mandat d’arrêt lancé le 19 octobre dernier contre cet homme de 51 ans interpellé depuis en Espagne puis extradé: « Depuis le début des années 2000 Patrick Boudemaghe (…) a constitué une nébuleuse de sociétés françaises ou étrangères qu’il utilise pour émettre une fausse facturation, notamment à l’occasion de l’exécution de marchés conclus avec des collectivités publiques et portant sur la fourniture de marchandises ».

Est particulièrement visée l’entreprise ABT domiciliée à Gardanne et dont l’analyse comptable démontre :  « qu’entre 2005 et 2008 la quasi intégralité du chiffre d’affaire de cette société, d’un montant de 20.530.706,69 euros est constituée de travaux réalisés dans le cadre de marchés publics obtenus avec des collectivités territoriales des Bouches-du-Rhône ». De part et d’autre du golfe du Lion, les deux dossiers sont donc bel et bien en résonance. Et le lien, c’est Boudemaghe.

Patrick Boudemaghe – qui aime aussi se faire appeler à l’occasion Patrick Cicero ou Patrick Liotta – est en effet au carrefour de ces deux affaires. En Corse, c’est de vente d’agendas ou de préservatifs qu’il est question en relation avec son cousin désormais incarcéré, Pierre Olmeta. Ce dernier, ex-marseillais, est devenu par de sourdes accointances directeur de la DDISS de Haute-Corse et ordonnateur d’une série de marchés truqués.  Comme son patronyme ne l’indique pas, le fringuant Patrick B. est bien originaire de l’île de beauté, puisqu’il est Paolantoni par sa mère.

Sociétés en Espagne

Mais c’est à Marseille que ce fils de militaire va se forger un nom dans ce que l’on appelle « les affaires », tout comme d’ailleurs son homme lige Stéphane Brunengo-Girard qui, avec Damien Amoretti, formeraient pour les enquêteurs un redoutable trio de faux-facturiers. En 2004 l’insaisissable Boudemaghe s’installe en Espagne et monte à Malaga avec sa compagne Isabelle Marchand deux sociétés spécialisées dans les activités agricoles et  immobilières. Il est rejoint par Brunengo-Girard qui est alors sous le coup d’une enquête au sujet d’une escroquerie présumée en matière de commerce sur internet. Une affaire pour laquelle il sera finalement mis hors de cause.

Le trio infernal est en revanche lié autour d’une myriade de sociétés qui vont apparaitre dans l’enquête Corse : Azur 2 C, TCB Management, K Tech et surtout la mystérieuse Cyrnea que l’on retrouve également dans l’affaire de la décharge du Mentaure à La Ciotat. Un mystérieux Patrick apparaît ainsi au cours d’un repas à Gémenos en présence d’Alexandre Guérini. S’agit-il de Patrick Boudemaghe ? L’instruction devra le démontrer. Il apparaît cependant, au vu des écoutes que Boudemaghe aurait fait pression auprès de l’associé d’Alexandre Guérini, Philippe Rapezzi, pour le paiement d’une facture du bureau d’études Girus.

Une chose est en revanche certaine : la clef des clefs, au-dessus de Boudemaghe, est une mystérieuse société de droit anglais, MCH (Méditerranée Consultant Holding) dont le gérant, un certain Bruno Gerber, se trouve à Bangkok d’où il correspond par e-mail avec le juge Duchaine. MCH détient 95% du capital d’ABT dont les fournisseurs « sont pour la plupart des sociétés dirigées par Patrick Boudemaghe ou par ses proches et les profits sont ensuite transférés aux comptes bancaires de la société MCH ouverts au Luxembourg et en Espagne » précise encore le mandat d’arrêt de P.B.

De la Corse et du cabinet de Paul Giacobbi, alors président du conseil général de Haute-Corse, à Alexandre Guérini en passant par le clan Barresi, Boudemaghe est partout, même dans les rues du Grand Duché de Luxembourg. C’est lui qui obtient des marchés de construction auprès du CG des Bouches-du-Rhône. C’est lui qui anime à sa façon les marchés de fournitures de la DDISS de Haute-Corse et celui des agendas, qui aurait été négocié lui directement avec le directeur de cabinet de Giacobbi, sans passer par la case Olmeta. C’est apparemment lui qui adresse deux SMS à Alexandre Guérini. C’est enfin lui qui apparait dans des écoutes avec le caïd Bernard Barresi où ce dernier réclame ses enveloppes. Et il n’est pas le seul.

Parole à la défense : Luc Febrarro, l’avocat de Patrick Boudemaghe, nous parle de son client, quelques minutes avant son audition par le juge Duchaïne :

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Commentaires

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  1. bernardo squasqua bernardo squasqua

    Monsieur Verne, vraiment merci pour ce fabuleux radio préfecture

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  2. ricou 24 ricou 24

    ok et alors?
    Une fois dit et lu……….on en fait quoi de cet homme?
    Pour le moment il est entendu,on contrôle,on est beaucoup dans le fiscal et le réseautage.
    Ensuite viendrons les résultats de l’enquête et ses conclusions……nous serons qui il est et s’il est coupable et malveillant,mesure et prudence pour tous.

    RICOU 24

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