Accès à l'eau : l'inaction d'hier garantit l'action de demain
Accès à l'eau : l'inaction d'hier garantit l'action de demain
Questionnaire, charte, pacte, débat. En période électorale, le nec plus ultra pour une association est de proposer aux candidats une jolie photo. Plus l'association est honorablement connue, plus elle a de chances de voir défiler les politiques. La fondation Abbé-Pierre forte de son travail de terrain et de l'aura de l'homme de foi est dans ce cas avec sa charte pour "l'accès à l'eau pour les populations précaires". Jean-Marc Coppola pour le Front de gauche et Pape Diouf ont signé. Clic-clac. Mais l'UMP et le PS ont raté le rendez-vous initial proposé par la fondation avec la Fédération nationale des associations de réinsertion sociale (Fnars) et Médecins du monde. Qu'à cela ne tienne, l'équipe Mennucci envoie immédiatement un communiqué pour signifier son soutien. La droite organise une nouvelle signature et à sa permanence de campagne. Clic-clac.
Pour acter son engagement ce mardi, le staff de Jean-Claude Gaudin avait choisi le bon docteur Patrick Padovani et son estampille humaniste. Son collègue Michel Bourgat, l'adjoint en charge de ces questions ayant choisi de prendre sa retraite. Ouverture de fontaines, de douches et de toilettes publiques, raccordement temporaire des bidonvilles, évacuation des déchets : l'actuel adjoint au handicap approuve tout et signe donc.
La paraphe est bien là, sur trois exemplaires : "deux pour nous et un pour que vous vous en souveniez", sourit Fathi Bouaroua, directeur régional de la fondation Abbé-Pierre qui fait ajouter à l'élu la mention "pour les listes Marseille en avant". C'est que les objectifs tranchent avec la réalité marseillaise. Lors de cette dernière mandature, Marsactu a maintes fois souligné les difficultés de la ville en la matière qui ne va pas sans poser de nombreuses questions de santé publique.
"Une question de dignité" oubliée
Patrick Padovani ne nie pas le retard pris : "Dans la mesure où les actions dépendent de la municipalité ou des démarches de la municipalité auprès d'autres collectivités, cela fait peut-être partie des choses qui ont été un peu oubliées". Dommage puisque, selon le même Padovani, "il peut y avoir des problèmes de faisabilité, de difficultés financières mais l'accès à l'eau n'est pas une question de droite ou de gauche, c'est une question de dignité".
La Ville n'est certes pas seule à traîner des pieds dans cette histoire. Si elle doit proposer les emplacements, c'est à la communauté urbaine de financer les infrastructures. Cette schizophrénie administrative sert d'ailleurs souvent de justification aux élus en place. En ce sens, le parti socialiste dont un représentant, Eugène Caselli, préside MPM depuis 2008 aurait pu aussi faire preuve de plus de volontarisme. "Sur le terrain de Château-Gombert qui appartient au conseil général, rappelle Fathi Bouaroua, c'est MPM qui avait demandé le retrait de l'eau pour ne pas laisser des Roms s'installer".
Son président répond simplement qu'il y a pu "avoir une ou deux bavures mais ce n'est pas remonté jusqu'à moi. Sinon, à chaque fois, nous avons laissé l'accès". À Château-Gombert, la Société des eaux de Marseille avait rebranché un tuyau sur une borne publique proche au lendemain d'un article de Marsactu sur le sujet, paru alors que le parc Chanot accueillait le forum mondial de l'eau. Et, à l'heure actuelle encore, Fathi Bouaroua insiste : "Il n'y a toujours pas d'eau à la Parette" dont le terrain qui appartient pourtant… à la communauté urbaine.
Je vois, je vois… de l'eau qui coule à flots
De fait, Marseille est jusqu'à présent particulièrement à la traîne par rapport aux autres grandes villes. Avec une dizaine de toilettes en service, elle reste loin des 400 vespasiennes parisiennes ou des 150 lyonnaises. "Et celles qui avaient été mises en place pour l'année de capitale de la culture ont été enlevées", ajoute Padovani.
Les 29 points d'accès à l'eau potable qui ne se répartissent que sur dix arrondissements sont aujourd'hui insuffisants. "Quand des personnes doivent quitter un centre à huit heures pour n'y revenir que le soir, la plupart ne prend pas les transports en commun. Ils marchent, certains jusqu'à cinq heures par jour et ils ne trouvent pas à boire", témoigne Bouaroua. Le nouveau contrat de l'eau approuvé par le PS comme l'UMP prévoit l'installation de 30 fontaines supplémentaires sur quinze ans. "Nous avons discuté et le délégataire est prêt à les mettre en place dans les trois à quatre ans, assure aujourd'hui Eugène Caselli. Nous sommes déjà en discussion pour trouver les meilleurs endroits avec le service hygiène de la ville."
Bref, en matière d'accès à l'eau, l'inaction d'hier serait la garantie du volontarisme de demain. Quel poids aura par exemple Patrick Padovani face à l'aile plus droitière de l'UMP, incarnée notamment par Valérie Boyer ou Guy Teissier ? Le sortant Michel Bourgat a souvent déploré sa "toute petite manette" pour agir sur ses problèmes. "On va attendre la prochaine mandature et on ira avec ce contrat signé, dès le mois d'avril, voir le maire qui aura été élu pour lui rappeler ses engagements", annonce Fathi Bouaroua, pas né de la dernière pluie.
Commentaires
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“… les objectifs tranchent avec la réalité marseillaise.” Voilà un bon résumé de la réalité de la ville, qu’on peut aussi exprimer ainsi : “après 18 ans d’inaction, on fera tout en 6 ans !”
Quel volontarisme, quand le délégataire de l’eau s’engage à installer 30 fontaines en 15 ans, soit 2 par an ! Même si elles sont installées en 4 ans, ça ne devrait pas être trop fatigant !
A cette question d’accès à l’eau s’ajoute celles de l’inexistence de toilettes publiques, de bancs publics, de douches publiques… : tout a été fait pour que l’espace public à Marseille soit hostile. On perçoit l’intention, mais le résultat est indigne. Ce ne sont pas les odeurs d’urine qu’on perçoit un peu partout qui rendent le tableau plus accueillant…
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Aujourd’hui il existe une réalité : les gens, le peuple en a assez de tous ces politiciens véreux aussi bien ceux de droite que ceux de gauche.
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Et maintenant les bornes fontaines du parc Longchamp , des plages du David sont également fermées, plus d’eau pour se rafraîchir ou même nettoyer les bobos des enfants qui viennent de tomber…plus d’eau dans nos fontaines,pas de toilettes publiques, plus de bornes fontaines, tout cela est lamentable…mais combien de temps tout cela va t-il durer messieurs et mesdames les élus ???
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Quand on supprime les bancs pour que les clochards ne s’y rassemblent pas, c’est 1 million de marseillais et de touristes qui sont punis, quand on ferme les robinets des rares fontaines pour que les clochards, les roms, les gitans… aillent ailleurs, c’est 1 million de marseillais et de touristes qui sont privés d’eau pour ne serait-ce se désaltérer, se laver les mains. Idem pour les grilles autour des rares espaces verts place Labadie, place Jean Jaurès… Et idem pour les toilettes publiques, impossible d’uriner proprement dans la ville, ceux qui sont sans le sou ou radins ne vont pas au bar et c’est un million d’habitants qui respirent les odeurs d’urine… Bravo à nos élus schizophrènes !
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Les parkings sont des toilettes publique!!
Mais qui est responsable?
La Mairie? MPM?? la SEM???
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tout simplement honteux!!!
en arrivant à marseille, le manque de points d’eau et de bancs m’avait choquée! comment une ville méditerranéenne aussi renommée que marseille, où il fait super chaud la majeure partie de l’année, ne propose t-elle pas ce service public? si vous allez à madrid, les bancs et fontaines font partie inhérente de la ville, au maghreb, les commerces proposent de l’eau gratuite à portée des passants pour pallier au manque de points d’eau, qui se font rares aussi de nos jours…
et je suis encore plus indignée que des gens soient exclus de ce service primordial!!!!!
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La suppression des bancs, arbres d’alignements, fontaines et toilettes publiques est scandaleuse, mais cette politique est hélas suivie par toutes les dernières municipalités.
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