À Vitrolles, la métropole offre un téléphérique à Airbus
La métropole est décidée à créer une liaison par câble entre la gare SNCF de Vitrolles et l'aéroport. Cette connexion fera une halte chez le plus gros employeur du département, Airbus Helicopters. Le projet coûtera a minima 31 millions d'euros, dont 80% financés par la métropole.
Vue de la Gare de Vitrolles avec le téléphérique et l'escalator
Sur le quai de la gare de Vitrolles, il n’y a pas besoin d’avoir l’œil pour deviner la destination ou provenance de ceux qui prennent le train. Les voyageurs en direction de l’aéroport Marseille Provence (AMP) attendent avec leurs sacs ou valises à roulette le bus pour rejoindre leur avion. En revanche, ceux qui, le pas pressé, descendent pour emprunter ce qui ressemble à un chemin de traverse se rendent à Airbus Helicopters. Deux profils qui feront cabine commune dès 2027, sauf retard dans le calendrier, dans un téléphérique de type “funitel”.
La métropole confirme en effet sa décision d’installer un funitel entre la gare et l’aéroport, avec une halte chez Airbus, en votant ce jeudi le financement d’études d’avant-projet pour trois millions d’euros. Elles viendront approfondir les études de faisabilité de 2018, comme cela est souvent le cas sur ce type de projet. “Il faut absolument améliorer l’accessibilité du secteur en transport en commun. C’est une réponse moderne qui favorise l’usage du train avec une gare à proximité immédiate“, se réjouit Loïc Gachon, maire PS de Vitrolles, plus emballé qu’en 2018 lors des dernières études sur le sujet.
Cette connexion d’un kilomètre se chiffre à 31 millions d’euros pour la réalisation, études comprises, selon les évaluations qu’avance la métropole. Un montant fixé en 2019, avant la fièvre inflationniste, auquel s’ajoute un coût d’exploitation annuel de 1,1 million d’euros. Une belle somme alors qu’il existe déjà un système de bus métropolitain “relativement efficace“, selon une étude de SNCF Gares & Connexions de 2018. À titre comparatif, bien que chaque chantier a ses caractéristiques, le coût du tramway de 2,1 km entre la place de Rome et les Catalans à Marseille est estimé à 75 millions d’euros.
Cadeau ou compétence métropolitaine
Un petit trajet donc pour une grosse enveloppe, essentiellement publique. “Il est entendu que la participation financière de l’aéroport et d’Airbus portera sur les stations de desserte de chacune des parties“, indique la métropole. Soit un montant estimé à trois millions d’euros chacun pour l’instant. Le reste sera assuré par la collectivité et potentiellement d’autres financeurs qu’elle pourrait convaincre (région, SNCF…). L’objectif affiché est de répondre à “l’urgence de développer une offre alternative au tout voiture pour assurer la desserte de ce secteur, compte tenu notamment de la saturation du trafic en heure de pointe“.
Une saturation routière qui concerne principalement Airbus Helicopters. L’industriel, qui revendique 8500 salariés et plus 3500 sous-traitants, dispose de plusieurs parkings. Leur saturation ne date pas d’hier, elle entraîne des stationnements sauvages et crispe en interne. La solution du train n’est guère meilleure une fois arrivé à la gare. Le court trajet en bus avec la L13 ne souffre pas vraiment des bouchons, mais la fréquence peut s’avérer aléatoire. Raison pour laquelle, certains optent pour la marche. Rejoindre l’entrée de l’entreprise depuis le quai ne demande qu’une dizaine de minutes, mais via un petit chemin de terre officieux, en bordure de voie rapide.
En versant seulement trois millions d’euros, Airbus va bénéficier d’un meilleur accès et améliorer l’empreinte environnementale de son activité.
Une situation loin d’être satisfaisante pour Airbus qui va donc pouvoir profiter d’un transport public pour éviter à ses employés de salir leurs chaussures et de longer à pied une route dangereuse. “Tout moyen qui facilite l’accès est une bonne chose“, se contente de répondre le service communication du groupe. Le développement du report modal permettrait également à l’industriel de diminuer l’empreinte environnementale de ses hélicoptères, qui prend en compte les aspects techniques mais aussi les trajets des salariés. Le tout pour trois millions d’euros, donc. Une goutte d’eau pour une entreprise dont le groupe annonçait il y a un an un bénéfice net record de 4,2 milliards d’euros après deux ans dans le rouge.
Un beau cadeau pour le principal employeur du département ? “C’est la compétence de la métropole d’assurer la mobilité pendulaire“, balaie Loïc Gachon. Le maire souligne “qu’Airbus bénéficiait d’un dégrèvement du versement transport car il proposait ses propres solutions [ndlr : des cars], aujourd’hui ce n’est plus le cas, donc c’est à la collectivité de s’occuper de ce sujet“. Le vice-président en charge des transports à la métropole, Henri Pons, n’a pas répondu à nos sollicitations.
Pour le maire de Vitrolles, c’est plutôt à l’aéroport d’éventuellement payer plus. Un point de vue qu’on ne partage bien sûr pas à proximité du tarmac. “Nous n’avons pas de problème à contribuer, mais le transport est une compétence de la métropole et c’est un outil qui bénéficie à l’ensemble du territoire“, défend Romain Wino, responsable du département responsabilités sociales et environnementales (RSE), en charge de l’amélioration des accès des transports en commun au sein de l’aéroport Marseille Provence.
“L’enjeu pour l’aéroport est presque secondaire”
Il voit dans le funitel “un choix éclairé” qui répond à différents besoins. De fréquences, d’abord : “rater son bus est anxiogène pour un voyageur et il faut attendre 10 à 12 minutes entre chaque passage“. Mais aussi de fiabilisation des temps de parcours. De quoi encourager le fameux report modal. Aujourd’hui, 19,4% des voyageurs qui passent par les terminaux de Marignane viennent en transport en commun. Cela représente environ 1,7 million de trajets (une personne faisait un aller-retour est comptée deux fois). Selon Romain Wino le train réunit lui 220 000 passagers. “Un chiffre supérieur à 2019 alors que le trafic aérien n’a pas repris son niveau d’avant crise“, souligne le responsable du département RSE. L’objectif est d’atteindre un report modal, tous transports confondus, de 30% en 2038. La liaison par câble aura donc son rôle à jouer.
“Aujourd’hui, la situation est complexe pour les touristes, ce n’est pas assez clair”, avance Loïc Gachon. Un changement de signalétique coûterait probablement moins cher. “Il est vrai que le funitel ne répond pas à tous les enjeux, d’autres choix auraient pu être faits, mais il était important de faire quelque chose pour baisser la saturation routière”, rétorque l’édile estimant “que l’enjeu pour l’aéroport est presque secondaire”.
Dans son rapport, la métropole indique que la connexion entre la gare, l’aéroport et Airbus présente un potentiel de 3600 usages quotidiens. Presque six fois plus, donc, que le seul trafic généré par l’aéroport. Par ailleurs, le funitel devrait disposer d’une capacité maximale de 1000 personnes, avec bagage, à l’heure. Un ratio défini lors des premières études sur ce sujet. Celles qui s’apprêtent à être lancées devront maintenant aider à choisir le tracé définitif du câble et le lieu des stations. Notamment si les deux terminaux de l’aéroport auront un arrêt dédié ou unique.
Commentaires
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“Le vice-président en charge des transports à la métropole, Henri Pons, n’a pas répondu à nos sollicitations.” Ahahah ! Cet assourdissant silence n’est pas une première : qui a déjà entendu ce personnage s’exprimer sur le sujet dont il est censé s’occuper ?
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On aurait pu titrer aussi « la métropole offre un téléphérique aux salariés d’ Airbus ». Ceux-ci sont nombreux et sont aussi des administrés de la métropole. Cette desserte va leur changer la vie, comme l’aura compris n’importe qui ayant eu l’occasion d’emprunter l’autoroute, Marseille-Marignane à l’heure de pointe. Je trouve pas très sympa d’ironiser sur le fait que ça leur permettra de ne pas salir leurs chaussures. L’angle quasi exclusif « argent public versus intérêt privé » choisi par Marsactu n’est pas un peu abusif ? Cela me donne l’occasion de m’exprimer sur une posture de mon journal préféré qui me semble de plus en plus fréquente. Depuis quelques temps en effet’ j’ai un peu l’impression le matin de lire deux fois Mediapart : une version nationale (que j’aime beaucoup, par ailleurs) et une version locale. J’aimais mieux votre rigueur initiale, qui est l’une des raisons de ma fidélité.
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La question est de savoir si cette liaison sera payante ou non. Dans l’affirmative, les salariés d’Airbus payeraient la prestation comme nous tous usagers des transports publics (qui sont tous subventionnés, d’ailleurs). Sinon, ce serait effectivement un cadeau à Airbus.
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Je suis désolé mais je n’ai pas compris la deuxième partie de l’article chiffrant les différents transports et leur évolution projetée. Pourquoi cet avant-dernier paragraphe sur les touristes et la signalétique qui rompt la démonstration chiffrée? Quid de la fréquence des trains (actuellement 4 trains entre 7h et 9h au départ de Marseille, sauf erreur de ma part)? Si le potentiel de 3600 usagers quotidiens de cette liaison est de 600 pour l’aéroport et de 3000 pour Airbus (dernier paragraphe), le compte n’y est pas pour l’aéroport puisqu’il correspond à peu près au trafic annuel actuel (220.000) et non aux 510.000 de l’objectif en 2038 (30% de 1,7 million). Autres questions ne rentrant pas dans le sujet de l’article, mais quand même: Ce funitel supportera-t’il quelle vitesse de mistral latéral? Quid du coût de fonctionnement (gourmand en électricité) et de maintenance (remplacement régulier des câbles d’après Wikipédia)?
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Juste un mot sur les questions techniques : le Funitel étant tracté par un double câble, il est très stable. Il peut par conséquent supporter des vitesses de vent situées entre 100 et 120 km/h.
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Alors Richard MOUREN , si vous commencer à demander à Martine VASSAL de savoir compter , ce n’est pas le doigt dans l’oeil mais jusqu’au coude.
Avec ce qu’elle dépense , les ix doigts de ses mimines ne suffisent pas.
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Strasbourg, Lyon, Nice, Toulouse, et ailleurs Madrid, Rome (Fiumicino), Barcelone, Athènes, Bruxelles (Zaventem) et même Teheran ou Bangkok ont un réseau ferré (métro, train ou tram) reliant directement l’aéroport au centre ville.
Mais à Marseille, non. A Marseille on va mettre un train aux horaires asthmatique (“c’est la faute à la région” dira la Métropole) pour une gare située à 5km à vol d’oiseau avec autoroute et zone industrielle à traverser. Donc un autre moyend e transport à prendere, aujourd’hui un bus irrégulier et demain un téléphérique.
Sinon Martine a prévu une voie supplémentaire pour l’autoroute.
Un engagement financier fort et lourd mais aux retombées économiques importantes, une boucle ferrée entre Marseille, Aix centre, Aix TGV et l’aéroport, voilà quelque chose d’intelligent. Mais faut pas trop en demander.
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Pour mémoire le coût de construction d’un collège pour 500 élèves c’est environ 20 millions d’euros.
Je dis cela ,mais hé je dis rien.
Les caprices de Martine nous coûtent vraiment cher.
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