À l’université, la “révocation” de la cheffe de la médecine du travail suscite un tollé
Les organisations syndicales s'émeuvent du débarquement sans préavis de la coordinatrice du service de médecine du travail à Aix-Marseille université. Le président de l'université, Éric Berton, met en avant sa volonté d'imprimer une nouvelle dynamique au sein de l'établissement public.
La faculté Saint-Charles à Marseille. (Photo Foudebassans / Licence Creative commons BY-SA.)
Il n’y a plus de médecin en poste au service universitaire de prévention des personnels, au sein d’Aix-Marseille université. Sa coordinatrice, Irène Sari-Minodier a découvert avec la publication du nouvel organigramme que son poste était “en attente” de recrutement. Un comble alors qu’elle exerçait depuis 2009 en tant que médecin et coordinatrice du service. Pire, ce départ intervient alors que les deux autres patriciennes du service sont absentes, l’une pour longue maladie et l’autre pour un congé maternité. “Il n’y a plus de médecins pour une structure qui compte 8000 personnes“, s’inquiète un délégué syndical, sous couvert d’anonymat.
“Les aménagements de poste sont donc suspendus, les retours ou les prolongations de congés de longue maladie, congés de longue durée et mi-temps thérapeutiques ne peuvent être traités, les aménagements pour les femmes enceintes sont suspendus, les reconnaissances de maladies professionnelles ou l’accompagnement des collègues en difficulté de santé est impossible, certains étudiants voient leurs stages bloqués et reportés avec des impacts possibles sur leur diplomation“, écrivent les syndicats dans un tract commun, signé par la CGT, la CFDT, Unsa, FO, la FSU et SUD.
Une université sans médecin
“Très concrètement, cela signifie que certains étudiants qui doivent passer une visite médicale pour être autorisés à travailler dans des laboratoires de niveau 3 doivent attendre, détaille un syndicaliste CGT, sous couvert d’anonymat. Quand ils sont en thèse, un mois de délai, ça passe. Quand ils sont en master, cela devient plus compliqué”. Accessoirement, Irène Sari-Minodier était également le médecin conseil de la formation spécialisée en santé, sécurité et conditions de travail, l’instance paritaire qui a remplacé les anciens CHSSCT. Les syndicalistes joints par Marsactu louent de concert, une médecin “très attentive à la santé et au bien-être des salariés“.
Dans leur communiqué, intitulé “Merci docteur“, les organisations dénoncent “la violence de la méthode” de ce qu’ils qualifient de “révocation” et soulignent que la formation spécialisée santé, sécurité et conditions de travail (F3ST), n’a été ni informée, ni consultée avant ce changement de tête. “Dans un établissement où l’employeur est censé prévenir les risques psychosociaux, on ne semble pas prendre en compte la souffrance et la perte de sens au travail que constituent, pour les personnels de santé, le fait de devoir laisser de nombreux collègues dans ces difficultés“, écrivent les organisations syndicales dans ce communiqué commun.
Dynamique contre “dynamite”
“Éric Berton nous dit qu’il veut rendre plus dynamique le service, mais à nos yeux, c’est un véritable dynamitage”, tacle une autre syndicaliste. Effectivement, le président de l’université réélu en janvier emploie volontiers ce terme. “Les syndicats ne s’émeuvent pas quand je change tel vice-président ou tel chargé de mission, s’étonne-t-il auprès de Marsactu. C’est en aucun cas une révocation. Cela fait partie de mes fonctions. Avec ce second mandat, je souhaite effectivement installer une nouvelle dynamique, dans ce service comme dans d’autres. J’ai donc souhaité nommer une nouvelle personne à la coordination de cette mission“. Ce successeur, Antoine Villa, doit prendre son poste dans les semaines qui viennent.
Éric Berton ne nie pas que les organisations syndicales n’ont pas été prévenues en amont de ce changement de tête. “Les textes prévoient que je les informe, dit-il. Pas forcément que cela soit en amont”. Il a tout de même prévu une réunion extraordinaire de la formation spécialisée en santé, sécurité et conditions de travail pour examiner le seul point de l’ordre du jour, le départ d’Irène Sari-Minodier.
Commentaires
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“la loi prévoit que je les informe, pas forcément en amont”. Informer en aval, une nouvelle invention signée AMU
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Rappelez moi donc la devise d’AMU (Aix Marseille Université) claironnée par son président Berton : ” AMU socialement engagée”.
Si tu le dis mon Beau ?
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‘Bienvenue au club …’ L’Université de Tours (ci-devant ‘François-Rabelais’, à la fois médecin, érudit et créateur littéraire, dont le ‘parrainage’ fut rejeté au profit de ‘Tours Loire-Valley’ parce que ‘ Rabelais pas assez connu’ ;-), l’Université de Tours n’avait plus de médecin du travail après le départ en retraite de la titulaire. Là aussi, ‘toubib engagée’ formidable mais non remplacée 3 ans après. Partie moi-même en retraite (& revenue à Marseille), je ne sais : peut-être remplacée depuis mais j’en doute !
En gros, la santé des personnels, ‘TSF’ (Toul’monde S’en Fout). Grrrrr.
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