À l’étroit, le chantier naval de La Ciotat lorgne sur les nefs historiques
Le directeur général de la société de gestion du chantier naval de La Ciotat a profité de la venue de la ministre de l'industrie Agnès Pannier-Runacher pour pointer le manque d’espace pour poursuivre le développement du site. Il évoque notamment le coût très élevé de la rénovation des hangars et grues historiques, un patrimoine que l’État entend protéger.
Jean-Yves Saussol, directeur général de La Ciotat Shipyards, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée en charge de l'industrie, et Patrick Boré, maire de La Ciotat, devant la nef historique "Transit" (de gauche à droite). Photo : Rémi Baldy.
Impossible de manquer le chantier naval lorsque l’on se promène à La Ciotat. Que cela soit depuis les hauteurs, au bord des plages ou depuis la calanque du Mugel, les hangars et les grues sautent aux yeux. Après être tombé dans l’oubli, ce poumon industriel historique de la ville revient sur le devant de la scène (lire notre article sur cette lente reconstruction). Une ambition qui se concrétise par deux grands chantiers qui ont débuté en début d’année. Il y a d’abord un “village d’entreprises” qu’ont rapidement réservé 18 sociétés pour s’y installer ou s’y développer. Le chantier naval mise aussi sur un ascenseur permettant de soulever des bateaux jusqu’à 4000 tonnes afin de les entretenir ou les réparer.
Un renouveau qu’est venue constater Agnès Pannier-Runacher, fraîchement nommée ministre déléguée à l’industrie mardi 11 août. Elle y voit même “un exemple emblématique de réindustrialisation“. Tant pis si le projet d’ascenseur fait grincer quelques dents, aussi bien pour son impact écologique (lire notre article) que pour la ressemblance du projet d’ascenseur à bateaux avec celui du port de Marseille (lire notre article). “Si les bateaux sont traités ailleurs, les prérogatives environnementales ne seront certainement pas traitées avec le même niveau d’exigence, vous poussez la pollution chez les autres et ça vous revient en boomerang” et “le gâteau est assez gros et il tend à grandir chaque année”, balaie la ministre.
Une réhabilitation trop chère
Ce gâteau, La Ciotat Shipyards veut s’en tailler une bonne part. La société publique locale gestionnaire du chantier regarde déjà plus loin. Son directeur général Jean-Yves Saussol ne cache pas vouloir faire de La Ciotat le leader mondial de l’entretien des grands yachts de luxe. Sauf que le chantier naval se heurte à une difficulté de taille : le manque d’espace. Ce qui empêche de nouvelles entreprises de venir s’y installer.
Coincé entre le port de plaisance et le parc national des Calanques, le lieu fait face à une équation immobilière complexe. “Nous manquons de terrain disponible et le coût de réhabilitation des anciens équipements est trop élevé”, expose Jean-Yves Saussol devant Agnès Pannier-Runacher.
Pour trouver une solution, le directeur général a en ligne de mire la grande nef et les grues historiques du site. La réhabilitation de la nef “Transit”, construite dans les années 40 et qui s’étend sur 1800 mètres carrés au sol avec 22 mètres de hauteur maximale, coûte selon lui 12 millions d’euros. La sécurisation de la grue se chiffre elle à deux millions d’euros. “C’est seulement un coup de peinture”, jure-t-il.
Un appel d’offres raté
Les montants semblent trop élevés pour attirer de nouvelles industries nautiques. “À surface égale, construire un bâtiment neuf coûte deux fois moins cher que d’en réhabiliter un”, expose le directeur général. Dans sa logique de développement, La Ciotat Shipyards souhaite accueillir des sociétés en leur proposant une sous-concession des lieux ainsi qu’un investissement pour la réhabilitation. Le futur village d’entreprises se situe entre deux nefs, leur réhabilitation permettrait donc de réaliser un ensemble bien plus grand.
En novembre dernier, un appel d’offres a été publié pour la nef Transit. “Nous avons eu assez peu de candidats et finalement ils nous ont dit ne pas trouver de modèle rentable”, explique Jean-Yves Saussol.
“Les bâtiments ne sont pas classés. Mais il y a le souhait des services de l’État de les conserver, ce qui est bien parce que cela contribue à l’image du site, dans leur intégrité dans leur aspect général. C’est-à-dire avec la charpente métallique et le parement brique. Et cela coûte extrêmement cher, parce que rien qu’enlever la rouille c’est un travail de Romain”, détaille-t-il. La direction régionale des affaires culturelles (DRAC), qui encadre la protection du patrimoine, ne nous a pas répondu dans dans le temps imparti à la publication de cet article.
“Si on veut continuer à se développer, il va falloir trouver une solution pour occuper ces anciennes nefs”, tranche Jean-Yves Saussol. Il n’hésite pas glisser qu’une “aide de l’État serait la bienvenue”. Ce sur quoi Agnès Pannier-Runacher ne se mouille pas trop. “Sur ces sujets un peu complexes et de cette nature, je vais travailler avec ma collègue de la Culture. Nous pourrons voir s’il y a des solutions qui peuvent être trouvées avec un équilibre entre maintenir ce qui est ancré dans le cœur des Ciotadens tout en permettant à l’activité de se développer. En bénéficiant notamment de réserves foncières aujourd’hui insuffisamment utilisées”, répond-elle. Ce qui changerait radicalement l’horizon ciotaden.
Commentaires
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non seulement l’ascenseur à bateaux est payé par la communauté mais il va falloir en plus payer un bâtiment sur nos impôts tout cela pour un hypothétique marché de la plaisance de grand luxe sachant que les propriétaires de ces unités font jouer la concurrence pour l’entretien de leur navire rien ne garanti que tous ces aménagements seront rentabilisés un jour d’où l’appel au financement public ( nationalisons les pertes privatisons les gains )
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La Ciotat : zone de non droit !
– La station d’épuration rejette 2430 m³ d’eaux usées à la mer le 5 mai 2019 (relevé par l’exploitant dans le cadre de l’auto-surveillance de l’installation). Le 10 mai 2019 La Marseillaise interroge la mairie et curieusement : « Aucun incident n’a eu lieu».
– Les aménagements du port sont annoncés à 100 millions d’euros. Le code de l’environnement impose un débat public qui n’a pas eu lieu, le commissaire enquêteur dit que ce n’est pas à lui de « dire le droit » (alors qu’il est aussi là pour ça), le préfet délivre quand même l’autorisation pour l’ascenseur à méga-yachts (65 millions d’euros) en s’exonérant des prescriptions de l’article L 122-1 du code de l’environnement qui impose de prendre en compte l’ensemble des aménagements du site (81.75 M€ mentionné dans le rapport du commissaire enquêteur) et le L 121-8-II qui fixe le seuil pour imposer le débat public à 75 M€. Le Préfet ne répond pas à une première demande (à la suite du rapport du commissaire enquêteur). Il faut que ce soit Elisabeth Borne (la ministre informée) qui lui demande de répondre. Il délivre l’autorisation le 6 mars et répond à un recours gracieux en expliquant que « le porteur de projet » (LCS) a indiqué que l’ascenseur et les locaux d’entreprise sont 2 projets « dissociés ». Le Préfet n’a pas dû bien lire l’article L 122-1. Il parle d’un projet en disant : « il doit être appréhendé dans son ensemble, y compris en cas de fractionnement dans le temps et dans l’espace et en cas de multiplicité de maîtres d’ouvrage, afin que ses incidences sur l’environnement soient évaluées dans leur globalité. » Un recours hiérarchique auprès de la ministre est présenté. Le 22 mai, elle demande au directeur général des infrastructures, des transports et de la mer de répondre : silence radio ! Barbara Pompili est relancée par RAR le 1er juillet : silence radio ! 2 mutismes qui donnent lieu a une déclaration auprès du défenseur des droits.
Probable que l’équipe de Le Maire (Panier-Runacher en tête) attend le 6 septembre (fin du délai de recours contentieux contre l’autorisation) pour « lâcher » un peu de nos impôts dans ce projet délirant qui devra attendre 3 siècles pour être amorti (au tarif de la forme de radoub existante qui peut accueillir tous les yachts existants et à construire).
Accorder des subventions pour le port alors que les aménagements qui y sont projetés seraient jugés illégaux en l’état, ça ferait plutôt tâche. On la comprend.
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