À la communauté urbaine, la droite se démarque de la gestion Caselli

À la communauté urbaine, la droite se démarque de la gestion Caselli

Cette fois-ci, les deux finalistes des primaires socialistes n'ont pas assisté au conseil communautaire. Pas de panne de réveil, malgré l'heure inhabituellement matinale (8 heures) de la convocation : dix jours après le second tour, Samia Ghali s'accordait un peu de repos, tandis que Patrick Mennucci était retenu à Paris. Si ce n'est pas la raison avancée, cette absence faisait également oeuvre de diplomatie, après l'algarade de vendredi dernier. L'un est l'auteur, l'autre le sujet de la phrase adressée à Bruno Gilles (UMP), qui allait conduire à reporter les débats à ce jeudi.

Le sénateur-maire du 4/5 n'a d'ailleurs pas non plus assisté à la séance, tout comme la présidente de groupe Laure-Agnès Caradec, qui n'aura donc jamais fini son intervention sur le budget supplémentaire. De retour d'Arménie, la présence d'un Jean-Claude Gaudin très en verve complétait ce changement de casting. Dès la première demi-heure, il s'est livré à une critique des emplois d'avenir – ayant encore en travers de la gorge les emplois jeunes de Jospin – et est revenu sur le dossier du financement des marins-pompiers. Bingaudin.

Après cette entame familière, le président Eugène Caselli a ouvert 45 minutes de débats sur les nouvelles délégations de service public pour la distribution de l'eau et l'assainissement. À Marseille, elles mettent un terme à "un contrat de 60 ans empreint d'un encadrement juridique et comptable qu'on peut qualifier de suranné". Pour rester poli. Même si elle ne bouscule pas la répartition des rôles entre les deux majors Veolia et Suez, la signature votée par le conseil communautaire met fin à l'ère Société des eaux de Marseille (SEM), qui se caractérisait par une gestion opaque et des relations intestines avec la collectivité.

En effet, chacun des quatre contrats fera l'objet d'une société dédiée, avec fixation précise des biens devant revenir à MPM en bout de course, formalisation de la répartition des rôles lorsqu'il sera fait appel aux entreprises d'un même groupe, contrôles renforcés… Eugène Caselli a également mis en avant, comme début octobre, une baisse de 20% du prix de l'eau, dont le calcul relève cependant du mensonge par omission.

106 millions d'euros de dividendes

Cela n'a pas convaincu ceux qui défendaient une régie publique en 2011, lors du débat sur le mode de gestion. Au nom du groupe communiste, Marc Poggiale a appuyé là où ça fait mal : "On nous annonce que les remontées de dividendes ont été mieux encadrées et ne devraient pas dépasser 106 M€ sur 15 ans. Ce qui en dit long sur les décennies d'enrichissement". Le rapport du président proposant de confier la distribution de l'eau à Veolia explique d'ailleurs qu'avec plus de 70 millions d'euros "les niveaux des dividendes distribués sont relativement élevés". Suez proposait au bas mot 10 millions d'euros de moins, mais "ces niveaux n’ont pas été pris en compte dans la notation", poursuit le document.

Pas tendre avec l'exécutif auquel ils participent, ce que n'a pas manqué de souligner la droite, les élus Europe écologie-Les Verts ont présenté plusieurs amendements, déclarés "irrecevables" par Eugène Caselli "sous peine d'entacher la procédure de passation des contrats". Olivier Agullo a notamment dénoncé la stratégie de Veolia, qui financera les investissements des premières années du contrat par près de 30 millions d'euros d'emprunt tout en distribuant des dividendes équivalents. "Amoral et scandaleux", s'est-il élevé, s'attirant les vertes réprimandes de Caselli.

Si des abstentions à La Ciotat, Plan-de-Cuques et Marignane ont semblé inquiéter un temps le président, les quatre rapports sont finalement passés. La séquence suivante n'allait pas pour autant être de tout repos. Au micro, le député-maire du 9/10 Guy Teissier s'est livré à une adaptation locale de la dénonciation du "matraquage fiscal". En cause : l'augmentation des tarifs des transports pour suivre le passage de 7 à 10% de la TVA. Comme l'a reconnu plus tard Eugène Caselli, cette délibération a été retirée face à une opposition de nombreux élus, mais devrait revenir de manière adoucie en décembre.

"Mais les augmentations d'impôts ont été très inférieures à ce qui s'est passé à la mairie", a-t-il tenu à préciser. Une perche pour Jean-Claude Gaudin, qui en a profité pour dénoncer les visées de Michel Vauzelle sur la présidence d'Euroméditerranée, vacante depuis la fin du mandat de Guy Teissier.

En fin de séance, Eugène Caselli a donc dû voler au secours du président du conseil régional. "L'État, principal contributeur, a le droit de le faire valoir", a-t-il justifié en réponse aux remarques sur les consignes de vote qui auraient été données aux fonctionnaires représentant les ministères. "Il y a 4 ans, ils avaient voté pour l'élection de Mme Boyer à la présidence du grand projet de ville", a-t-il ajouté. L'intéressée n'en a pas souvenir et estime que "ce n'est pas comparable". Le conseil d'administration prévu lundi quatre jours avant de la venue de Jean-Marc Ayrault est en tout cas reporté.

Caselli mis en minorité

Six délibérations plus tard, Eugène Caselli était de nouveau mis en difficulté par la droite. Motif de la désapprobation de Gérard Chenoz : la participation de MPM au financement à la voie réservée aux transports en commun sur la portion de l'A7 entre Saint-Charles et Plombières. Le président encaisse. Puis devant l'insistance du vice-président, finit par balayer les réserves : il ne croyait déjà pas aux navettes maritimes, qui se sont révélées un succès.

Mais la gouvernance partagée semble de plus en plus incertaine au fur et à mesure que les municipales s'approchent. Prenant le micro sur une affaire qu'il "découvre un peu", Jean-Claude Gaudin a emmené son groupe au bras de fer. Opportunément aidé par l'abstention d'élus Modem et Verts, il a gagné. "Le rapport est retiré", a lâché Caselli, pour la première fois de son mandat. Du moins au stade du vote final en conseil communautaire, qui se fait au grand jour. Si c'est un marqueur politique par l'équipe de Jean-Claude Gaudin, il y a de quoi être surpris par le thème choisi. Mais il révèle un axe futur de la campagne Gaudin : sur les transports comme sur les déchets, elle s'attaquera au bilan Caselli. Quitte à oublier que pendant tout ce temps, elle était majoritaire au conseil.