À la Belle de Mai, la Ville va enfin construire une bibliothèque nouvelle génération
Le réseau des bibliothèques de Marseille va se doter d'un nouvel établissement rue Loubon, dans le 3e arrondissement. Pour ce site, la Ville imagine un projet basé sur une offre culturelle élargie et qui sera pensé avec des acteurs du quartier.
La friche industrielle qui deviendra une bibliothèque rue Loubon dans le 3e arrondissement. (Photo : ML)
Bientôt, on pourra emprunter le dernier Fifa pour sa console ou tome de One Piece dans une bibliothèque flambant neuve à la Belle de Mai. Alors que Marseille possède actuellement neuf établissements, dont l’Alcazar dans le centre-ville, un nouveau site va ouvrir dans le 3e arrondissement. Rue Loubon, une ancienne friche industrielle va être rénovée pour devenir rien de moins qu’un “pôle de pratiques culturelles et citoyennes”. Présenté et voté en conseil municipal en début d’année, le projet avance avec l’ouverture, depuis le 27 août et jusqu’au 14 octobre, des marchés publics pour les travaux de réhabilitation des lieux. Alors que l’ouverture est prévue pour fin 2026, le site sera accessible au public ce samedi 21 septembre à l’occasion des Journées européennes du patrimoine.
“Marseille est sous-dotée en matière de bibliothèques”, reconnaît sans peine Jean-Marc Coppola, adjoint (PCF) à la Culture. Face à ce constat, et après des années à avoir dénoncé cette situation sous la mandature du précédent maire Jean-Claude Gaudin, le Printemps marseillais a été élu sur la promesse d’une bibliothèque par secteur, sinon par arrondissement. Un vrai chantier. En arrivant à la tête de la Ville, la nouvelle équipe municipale a terminé la construction de la médiathèque Salim-Hatubou au Plan d’Aou et lancé deux nouveaux chantiers : à Gèze et à la Belle-de-Mai. “Les 2e et 3e arrondissements revêtent une attention particulière, avec des familles modestes, voire dans une extrême précarité, reprend Jean-Marc Coppola. Ce projet est aussi une façon d’investir et de montrer la considération de la municipalité dans le quartier.” “Ça fait des années que les habitants réclament un équipement de ce type”, abonde Anne Pfister, élue à la mairie des 2e et 3e arrondissements.
un fonds de départ de 36 000 œuvres
La mairie a donc choisi d’installer cet équipement au sein d’une ancienne friche industrielle de 3500 mètres carrés au 32 rue Loubon. En lieu et place d’une fabrique, construite à la fin du XIXe siècle. Ce site a auparavant servi d’entrepôt pour La Poste entre 1995 et 2015. “Ça a l’avantage d’être un lieu existant qu’on peut transformer”, pose Jean-Marc Coppola. “Ce bâtiment avait été repéré par un collectif d’habitants qui militait pour une nouvelle bibliothèque, détaille Anne Pfister. Géographiquement, il est très bien placé, avec à l’avenir le tramway juste en face.” Le projet de ligne de tramway vers la Belle de Mai est dans les cartons, mais sujet à des désaccords entre la métropole et la Ville, notamment sur son tracé.
Le bâtiment accueillera une collection de départ de 36 000 œuvres, promet le projet culturel présenté en conseil municipal. Des livres viendront bien évidemment garnir les étagères, ainsi que des CD et DVD. Enfin, l’offre sera complétée de jeux vidéo et d’instruments de musique. Une grande partie de cette réserve visera un jeune public avec, par exemple, des mangas. Des ouvrages plus accessibles, pour ceux qui ne sont pas habitués à la lecture, seront également disponibles, ainsi que des titres en plusieurs langues.
Différents espaces viendront étoffer l’offre de la bibliothèque. La municipalité prévoit ainsi la construction d’une salle de spectacle avec 170 places ou encore d’un lieu dédié au travail, avec des propositions de formation et d’accompagnement à l’emploi. Le pôle organisera aussi diverses activités, comme des cours de musique, des rencontres littéraires ou des ateliers d’écriture. Un partenariat sera également mis en place avec la Friche la Belle de Mai pour développer une offre cinématographique. “C’est vraiment un lieu de vie et de loisirs”, résume Jean-Marc Coppola.
Plus de 20 millions d’euros d’investissement
Tout cela a un coût. Les 3500 mètres carrés rue Loubon ont été achetés pour 2,4 millions d’euros par la Ville de Marseille. Les travaux sont estimés à plus de 20 millions et feront l’objet de subventions de la part d’autres institutions telles que l’Agence nationale de rénovation urbaine (ANRU), promet la municipalité. Entre le prix du mobilier pour aménager les différents espaces du site, le matériel informatique nécessaire à la gestion d’un tel équipement, l’ensemble des œuvres qui seront accessibles aux administrés, l’enveloppe grimpe de 1,4 million. Le budget nécessaire à cette opération a été inscrit au plan pluriannuel d’investissement signé le 15 décembre 2023. “C’est un investissement pour les quinze ou vingt prochaines années. Un outil pour donner les moyens à tout le monde de s’en sortir dans le quartier”, justifie l’adjoint à la Culture.
La construction et la mise en place d’un tel équipement soulève plusieurs questions. Notamment celle de son intégration dans le quartier. “La réussite du pôle de pratiques culturelles et citoyennes repose sur sa capacité à susciter une appropriation par les habitants”, avertit la Ville elle-même dans le projet culturel qu’elle a élaboré. “Les réflexions et études ont été réalisées avec les acteurs locaux, précise Jean-Marc Coppola. Ce n’est pas pareil quand vous construisez quelque chose avec les gens qui vont l’utiliser après. Et les faire participer à la construction, être dans la discussion, c’est déjà une façon de les faire rentrer.” Des comités d’usagers seront également sollicités, après l’ouverture du site, pour vérifier que le projet est en adéquation avec ce qui a été promis.
Enfin, pour animer l’ensemble des activités au sein de la bibliothèque, la mairie souhaite faire appel à des partenaires associatifs et prestataires ad hoc du quartier. “La future directrice est déjà en lien avec les acteurs sociaux et culturels”, indique l’adjoint à la Culture. Mais il faudra quand même des agents municipaux dans l’établissement. Les bibliothèques marseillaises connaissent cependant depuis des années des problèmes structurels importants avec un manque cruel de personnel. À ce sujet, Jean-Marc Coppola met en avant le fait que la Ville a lancé un plan de recrutement pour combler notamment les départs à la retraite qui n’ont pas fait l’objet de remplacement pendant plusieurs années. “Il y aura des recrutements pour Loubon spécifiquement”, promet l’adjoint. S’il reconnaît qu’embaucher de nouveaux agents dans les bibliothèques “n’est pas si simple”, il estime que la situation s’est récemment améliorée. “Avant, Marseille n’était pas une ville de littérature, mais son image change”, veut-il croire. La nouvelle bibliothèque contribuera sans doute à écrire de nouvelles pages dans cette évolution. Lorsqu’elle sera sortie de terre.
Commentaires
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“Lorsqu’elle sera sortie de terre”..Voilà un excellent commentaire portant sur la philosophie marseillaise du ” aujourd’hui peut-être ou alors demain”
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L’appel d’offre travaux est en cours, c’est quand même bon signe.
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Effectivement, si c’est comme la rénovation de la MPT Belle de Mai, annoncée par Benoit Payan lui-même, et qui est sans cesse repoussée… et maintenant le début des travaux est annoncé après la fin du mandat !
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Très bien la culture pour tous, au plus près de chacun. Mais il ne faut pas laisser pour compte la haute culture pour autant, l’une n’existe pas sans l’autre. Journées du patrimoine oblige, je regrette ainsi que Marseille ne mette pas plus en valeur son extraordinaire patrimoine culturel. Une alchimie subtile et difficile à concocter .
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Je ne sais pas ce qu’est la haute culture. C’est genre haute couture?
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La Haute Culture n’est pas dans les habitudes marseillaises et cela ne date pas d’hier. Ainsi les grandes cités maritimes méditerranéennes sont dotées d’un matériel “Haute Culture” impressionnant , pas Marseille . La raison , une culture purement mercantile de la cité et peu d’hommes d’envergure contrairement à Gênes, Venise, Barcelone, Naples. C’est l’histoire.
Le dernier événement d’ampleur date, mon Dieu déjà de 1983 avec l’Orient des Provençaux, “un véritable projet politique de réconciliation de la ville avec son histoire, et de reconquête de sa place dans le monde méditerranée. Des événements et 8 expositions incroyables.Le lien cité ci dessous résume bien le “pourquoi du comment” de cette manifestation résumé dans cette phrase:
“La perspective de rendre sa fierté à Marseille et aux Marseillais, faire L’Orient des Provençaux, pour Gaston Defferre, c’était prendre position contre un racisme qui était en train de s’enraciner. En convoquant l’histoire, on pouvait prouver que le racisme était une dimension inconcevable à Marseille. Il fallait renouer profondément avec les héritages.
Mais tout ceci c’était avant!
(https://www.google.com/url?sa=t&source=web&rct=j&opi=89978449&url=https://shs.cairn.info/revue-la-pensee-de-midi-2000-1-page-100%3Flang%3Dfr&ved=2ahUKEwiYw-XfmcyIAxVxTaQEHTRxM9AQFnoECBIQAw&usg=AOvVaw3rIqUsXlWm2hQM8K6xLT-X)
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Déjà que la bibliothèque alcazar c ‘est complètement bancal, on va voir
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Vous precisez???
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L association des Usagers des usagers des Bibliotheques.de la ville peut être satisfaite de son action a ce sujet..
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Au top ! Il y a l’association cultuelle à deux pas, ça fait un joli contrepoids de plus l’école qui est sur le même tenement pourra bénéficier de ce nouvel espace. D’ici que la mairie prenne ses quartiers à la caserne du Muy, le centre ville aura changer de cœur.
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