À Frais-Vallon, imbroglio autour d’une décharge sauvage sur une propriété de l’Etat
Un terrain de l’État situé à Frais-Vallon attise la colère des riverains. Mal sécurisée, la parcelle déjà polluée s'est transformée en décharge sauvage malgré une opération de nettoyage visiblement baclée.
A Frais-Vallon, déchets et gravats de chantier s'accumulent à quelques mètres du siège social d'HMP.
Des matelas, un frigo, des restes de palettes et des planches par dizaines… Le terrain a tout l’air d’une décharge à ciel ouvert. Il se situe pourtant à moins de 100 mètres du siège du bailleur social de la métropole. “C’est lunaire, un nettoyage devait être fait et c’est pire qu’avant !“, s’exclame Gérard Vaiana, membre du comité d’intérêt de quartier de la Rose, ahuri face à l’étendue des déchets. Une riveraine qui passe devant abonde. “C’est une horreur, c’est devenu une vraie déchetterie : on est abandonnés. Ils se disent que c’est Frais-Vallon donc que c’est normal“, soupire-t-elle avant de tourner la clé de sa fourgonnette.
La bande de terre se situe sur le bord de l’avenue Jean-Paul-Sartre sur une soixantaine de mètres, juste à la sortie de métro. Le 8 décembre 2021, le bidonville construit là par des familles de la communauté Roms a subi un incendie qui a détruit une partie des habitations de fortune. Le reste a été évacué dans les semaines qui suivaient, début janvier 2022, laissant derrière l’incendie une quantité considérable de débris et déchets en tout genre. Un premier nettoyage, fait à la hâte, a laissé aux riverains un terrain à l’abandon. Et très vite repéré par des entreprises du BTP qui ont pris l’habitude d’y décharger leurs gravats.
30 000 € de nettoyage plus tard, une décharge sauvage
Le statut particulier du terrain explique en partie la situation actuelle. Une des deux parcelles appartient à l’État. L’autre, qui représente un tiers, est une copropriété partagée entre la Ville de Marseille et Habitat Marseille Provence. La typologie du terrain n’aide pas non plus : “En plus de sa petite taille c’est un délaissé de voirie qui possède une pente de 50% : il n’a aucune valeur, personne n’en veut et ça laisse le champ libre pour ceux qui veulent déverser leurs déchets“, explique Christian Gil, directeur général d’HMP.
Si État et Ville se partagent la compétence de lutte contre les dépôts sauvages, c’est finalement le bailleur qui s’est chargé du premier nettoyage après l’incendie. HMP a accepté de prendre en charge les coûts de la dépollution. Une opération a lieu le 6 janvier 2022 avec le soutien de la préfecture et de la police nationale. “On a mis 30 000€ environ pour déblayer les déchets issus des habitations et installer un cordon avec des moellons de terre pour éviter que le terrain ne soit réinvesti”, détaille Christian Gil.
Une large quantité des déchets visibles sur la parcelle sont des restes d’habitations de fortune, ce qui laisse tout de même penser que le nettoyage a été très partiel. “C’est plus pollué qu’avant leur intervention, comment c’est possible ?!“, ne décolère pas Gérard Vaiana, qui déplore l’incapacité des autorités compétentes à intervenir sur leurs propres parcelles. HMP assure pourtant avoir suivi les travaux de près et fait ramasser les déchets restants en contrebas.
“Un no man’s land dont personne ne veut s’occuper”
Depuis cette opération sans grande efficacité, la situation s’est aggravée. Les quantités de terres déversées au cours des derniers mois sont considérables. Elles déracinent des pins qui ont résisté au feu et enfouissent une partie des déchets dont certains dépassent timidement des talus. L’engrenage classique s’est mis en marche et de nouveaux dépôts sont régulièrement constatés. “Des entreprises du BTP en ont profité pour déverser de la terre et des gravats après avoir détruit une partie du cordon de terre, accuse le directeur général d’HMP. C’est toujours comme ça avec les terrains délaissés, ils finissent en décharge pour les entreprises du BTP à un moment où un autre, ce sont des no man’s land dont personne ne veut s’occuper”, se dédouane-t-il encore.
HMP, dont le siège social se troue à quelques dizaines de mètres, a depuis fait part à la préfecture sa volonté d’acheter le terrain “pour ne pas avoir à intervenir tous les deux ans” et envisage de l’aménager en jardins partagés, histoire d’éviter de nouveaux dépôts sauvages.
Sollicitée par Marsactu, la préfecture, et donc l’État, principal propriétaire de la parcelle, confirme les opérations de nettoyage menées et payés par HMP depuis l’incendie. Elle assure avoir pris “toute sa part dans cette remise aux normes”, mais n’a pas donné suite à nos questions sur les déchets qui s’amoncèlent actuellement et l’avenir du terrain. La mairie, quant à elle, n’a pas donné suite à nos questions.
Ce terrain, qui n’a pas l’envergure de certaines décharges sauvages de la ville, n’en demeure pas moins symbolique, aux yeux des CIQ et des riverains, de l’inaction publique en la matière. “Ça fait des mois que c’est comme ça et ça va le rester des années ! Ici, il faut qu’on appelle les médias pour que les élus s’en chargent !”, peste Gérard Vaiana. En attendant que les autorités décident de qui doit s’occuper du terrain, les déchets, eux, continuent de s’amonceler.
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