À Cap Pinède, Euroméditerranée refait les coutures entre la Cabucelle et les Crottes
Voie de liaison entre deux autoroutes du Nord de Marseille, l'avenue Cap-Pinède accueille des travaux qui doivent lui offrir une allure plus urbaine. Larges trottoirs arborés, voies cyclables, places publiques... Ce futur projeté par l'établissement public Euroméditerranée contraste fortement avec la situation actuelle.
Difficile d'imaginer une "place arborée et apaisée" en lieu et place de ce rond-point en chantier. (Photo : B.G.)
Mohamed a installé son étal au milieu d’un chantier. Les grilles servent de support aux jeans impeccablement repassés. Des chaussures de seconde main attendent le chaland posées sur des blocs de béton qui délimitent un trottoir provisoire. Au-dessus de la tête de ce vendeur de prêt-à-porter en mode ultraprécarisé, une grue de chantier donne à voir la taille du futur bâtiment en train de sortir de terre dans le cadre du projet des Fabriques.
L’avenue Cap Pinède où Mohamed a installé sa boutique vit une nouvelle étape de sa révolution. L’établissement public Euroméditerranée a lancé les travaux pour l’aménagement de cette entrée de ville qui longe le marché aux puces, la station de métro Gèze, avant de filer vers les quartiers Nord par l’avenue du même nom.
De loin en loin, l’aménageur a placé de grandes images en 4 par 3 sur les façades pour présenter le visage futur de cette artère quasi autoroutière, une fois redessinée par le paysagiste Michel Desvigne. L’homme n’est pas étranger à la ville, puisqu’il a cosigné la rénovation du Vieux-Port et le plan-guide de la piétonnisation du centre-ville. L’ancien barreau routier qui relie les autoroutes A55 et A7 était surmonté jusqu’en 2021 d’un auto-pont typique du 20ᵉ siècle marseillais. L’ouvrage a été le premier à tomber en prélude de la révolution future.
500 arbres pour gommer une coupure
Dans l’aménagement projeté par Euroméditerranée, ce sont près de 500 arbres qui seront plantés sur toute la largeur de ce boulevard urbain de 45 mètres de large. Ces plantations encore virtuelles permettront de délimiter les différents flux routiers, notamment de transit entre les deux autoroutes, qui ne devraient pas se tarir à la livraison du boulevard en 2025.
L’ensemble du projet est soumis à enquête publique depuis le 28 août et pour un mois. Celle-ci est essentielle à l’aménageur, notamment pour permettre les acquisitions de terrains préalables aux projets, mais aussi pour prolonger la déclaration d’utilité publique de la partie littorale du périmètre Euroméditerranée 2. “Les enquêtes publiques sont terminées ou quasiment terminées pour l’ensemble de la ZAC [zone d’aménagement concerté] Littorale, détaille Paul Colombani, le directeur général adjoint de l’établissement public qui pilote l’opération d’intérêt national. En revanche, elles vont se poursuivre boulevard Oddo pour favoriser les traversées et gommer la coupure que représentait ce boulevard jusqu’à lors“.
Coupure ou couture : l’établissement public jouait de ce vocabulaire lors de cette phase de concertation avec les habitants en 2021. En clair, l’idée est de remplacer la coupure autoroutière par une forme de couture urbaine qui rétablissent des circulations d’ouest en est, comme du nord au sud. Ainsi de nouvelles rues vont être percées à partir du boulevard Oddo, à la Cabucelle jusqu’au cœur du quartier dit des Fabriques, du nom du secteur confié à Bouygues, autour du marché aux puces.
Remettre l’avenue à niveau
Pour cela, le projet d’aménagement doit remodeler la topographie de l’avenue en gommant les effets de marche, existant entre la Cabucelle et les Crottes. “Le projet est de permettre la création de nouveaux espaces publics apaisés en créant de larges trottoirs et des voies cyclables“, reprend Paul Colombani.
Dans le dossier d’enquête publique, les plans laissent également voir de nouveaux bâtiments, le long du boulevard Oddo et jusqu’à la future place Gèze, en lieu et place des anciens bâtiments industriels, appelés à disparaître. Le rond-point qui nichait sous l’ancien pont sera remplacé par une large place pavée et arborée.
La future place sera au même niveau que l’entrée du pôle multimodal et du pont autoroutier du boulevard-Gèze, là où les bus empruntent aujourd’hui des toboggans pour rejoindre le rond-point.
“Cela permet d’éviter les pentes trop importantes et d’assurer l’accès des personnes à mobilités réduites à la station de métro et aux bus“, poursuit Paul Colombani. Le même effet de nivellement fonctionnera entre le boulevard Oddo et le marché aux puces, qui devrait continuer à jouer son rôle de poumon économique et commercial, même si le cadre d’Euroméditerranée refuse de commenter plus avant les négociations avec le propriétaire du marché. “Le propriétaire a envie de bouger, de continuer de faire évoluer son patrimoine, plaide Paul Colombani. Mais tout ceci est soumis à des discussions en cours avec la métropole et la Ville de Marseille“.
Des plantations, des voies cyclables pour des espaces apaisés
Le long de la halle des antiquaires, un parking en silo doit être édifié. Pour l’heure, des ouvriers s’affairent à dessiner au sol, le tracé des futurs trottoirs et voies cyclables qui donneront un nouveau visage à l’avenue du Cap Pinède.
En attendant ce nouveau visage, les riverains continuent de slalomer entre les différentes zones de chantier et les nombreux vendeurs à la sauvette qui se sont réfugiés autour du pôle d’échange multimodal. Et la métropole a fait sa rentrée politique en publiant un communiqué demandant à la Ville d’étendre l’arrêté contre les vendeurs à la sauvette au-delà du centre-ville, sans réaction de la part des autorités municipales.
Une ressourcerie pour mettre fin à la sauvette
“Nous avons quotidiennement des problèmes de sécurité, aux abords des chantiers, reconnaît Paul Colombani. Les chauffeurs RTM ont régulièrement des soucis pour faire manœuvrer leurs bus. Mais je crois savoir que la Ville prendra un arrêté quand une solution durable sera apportée à la question du marché informel“.
En effet, comme Made in Marseille puis La Provence l’ont décrit, un projet de marché régulé est en cours de finalisation au sein des anciens magasins Casino, tout proche, porté par l’association Amelior. “Cela fait des jours et des jours qu’on en parle, peste Mohamed. J’ai payé ma cotisation à l’association, j’ai ma carte mais je ne vois rien venir et je suis toujours là“. Un peu plus loin, un couple d’Albanais a installé un magasin en plein-air. Eux aussi ont leur carte de biffin prête. La maire adjointe Samia Ghali présentera le projet pour approbation devant le conseil municipal, le 15 septembre prochain, “pour une ouverture la plus rapide possible“.
Commentaires
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500 arbres sur une avenue, par un paysagiste qui ne sait pas faire installer des arbres, j’ai un peu peur que la canope ne prenne pas. A suivre
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La référence à la rénovation du Vieux-Port, où il y a en tout et pour tout un (1) arbre (du moins, s’il est toujours en vie), peut faire peur. Planter des arbres ne suffit pas : il faut après que l’intendance suive pour assurer leur reprise et leur survie.
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Il est impossible de planter des arbres sur le vieux port en raison des remontées d’eau salée dans le sol.
Et bonjour l’entretien des arbres s’ils dépassent sur l’eau.
Sans compter que le vieux port n’a jamais disposé d’arbres et l’abf je crois s’y était opposé lors de la dernière requalification
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“Le propriétaire a envie de bouger, de continuer de faire évoluer son patrimoine, ”
On a du mal à y croire : la situation actuelle semble bien le satisfaire : rentrées d’argent sans quasiment aucune dépense pour l’entretien.
En ce moment en plus des habituels trafics, c’est -entre autres- un garage non déclarés à ciel ouvert où les normes environnementales sont bafouées : travail au noir, huile de vidange déversée sur le sol, décharge de pièces défectueuses sur le parking à coté. Et le propriétaire ne peut rien faire ?
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Electeur du 8e modèle déposé , voilà une piste intéréssante que vous évoquez. Comment faire face au manque d’entretien craint de la part des services municipaux ou métropolitains, pour ces nouvelles plantations. Ecologistes marseillais , créez donc une association , le maire de Marseille adore cela, d’autant plus que les “assoss” de notre “bonne ” ville adorent aussi l’écologie en ce moment , ainsi trés portées sur le “blé”, l'”avoine”, les “radis”, “le picotin”, l'”oseille” qui pleuvent grâce aux subventions elles pourraient joindre l ‘utile au lucratif.
Le but , quelque chose qui a du sens , arroser et entretenir les arbres nouvellement plantés. Ainsi équipés de leurs trotinettes et vélocipèdes, pas de voitures bien sûr,l’arossoir en bandouillière ,ces végétaux pourraient êtres entretenus et ainsi parti au petit matin, parcourir avec les chemins marseillais avec peut être Paulette à leurs côtés.
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Joli exemple de nostalgie du tout-bagnole et des autoroutes urbaines pompidolo-defferristes. Partout en Europe on partage de plus en plus les déplacements en ville entre piétons, cyclistes, usagers des transports en commun et ceux de l’automobile individuelle (et bien des gens dans mon genre sont tout cela tour à tour).
Dommage, Alceste : mes enfants, qui ne connaissent pas la Paulette de Montand, prennent le vélo (le leur ou le vélo public) à chaque fois qu’ils voient que sur un trajet donné c’est le moyen le plus pratique. Aucun d’entre eux n’appartient à une asso, aucun n’est corrompu par les subventions municipales comme vous le soupçonnez chez quiconque évoque la présence d’un vélo en ville.
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Volette, pas Paulette! Ajouter l’ignorance cuistre à la bêtise du propos, ça fait beaucoup pour les lecteurs de Marsactu.
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Ne soyez pas si ombrageux , bien sûr que réduire l’automobile et les engins à moteurs thermiques est une bonne chose , à conditions et il y en à tellement à la fois, que les équipements, l’offre ,les horaires, la forme des usagers soient existants et compatibles Bref.
Exemple, habitez le 4/5 et allez chercher un colis avenue Ibrahim Ali au fin fond du 15ème chez Chronopost grâce aux transports en commun.Une expédition. Du vécu.
Il y a beaucoup de progrès à faire.
Pour en revenir à Paulette et sa bicyclette et surtout aux militants ecologistes activistes, plus facile de critiquer, de faire la danse du y a ka faut kon , faire du punitif et quelquefois de la destruction avec violence que de bâtir.
Alors je le dis avec le sourire, faut qu’ils mettent le bleu de travail les donneurs de leçons et assumer leurs idées, arroser les arbres à vélo,en trottinettes,à patins à roulettes ou à pied serait positif plutôt que de vouloir pourrir la vie des gens comme le perrorait madame Chaboche.
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Special dédicace pour jacques:
Quand on partait de bon matin
Quand on partait sur les chemins
À bicyclette
Nous étions quelques bons copains
Y avait Fernand, y avait Firmin
Y avait Francis et Sébastien
Et puis Paulette
Piere Barouh / Francis L’ai
“Ajouter l’ignorance cuistre à la bêtise du propos, ça fait beaucoup pour les lecteurs de Marsactu.”
C’est ce que vous disiez,je crois.
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Que de bêtises lues, pour rester poli.
Transformer une voie rapide en voirie urbaine est une excellente chose. Planter 500 arbres est louable et c’est ce qu’il faudrait faire sur toutes ces voies rapides élargies dans les années 70 avec leurs voies trop larges et leurs trottoirs si exigus qu’on hésite à les emprunter.
Les arbres, pour ceux qui se soucient de leur entretien, sont arrosés automatiquement par un réseau souterrain. Pas besoin d’écolos en trottinette avec arrosoir en bandoulière.
Quant au paysagiste qui a dessiné les quais du Vieux Port, on ne peut lui reprocher son parti pris qui était guidé par l’aménagement d’un quai maritime et non d’un jardin public ni d’une voirie urbaine.
Le problème se situe ailleurs. Tout d’abord, quelle que soit la qualité du projet, il y aura toujours autant de voitures et de camions. La couture urbaine est illusoire concernant une voie qui relie deux autoroutes. On subit là des choix faits à l’époque du “tout voiture” dont Marseille n’est pas sortie. Mais on ne peut mettre un préalable à tout et ce projet reste un progrès.
Ensuite, qu’a-t-on prévu pour le marché à la sauvette qui s’installe sur le boulevard depuis des années. Sera-t-il réinstallé ailleurs?Il ne faudrait pas qu’un petit malin s’amuse à tronçonner les arbres qui gênent son étal.
Tout ceci pour rappeler qu’on ne règle pas tout avec un aménagement urbain sorti de son contexte, fut il bénéfique et de qualité.
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Andre ,
Si cela vous est possible avez une documentation, une référence au sujet de l’arrosage automatique et souterrain des arbres marseillais, vous venez de piquer ma curiosité.Est ce ponctuel ,généralisé?
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Alceste, depuis au moins 30 ans, tous les arbres plantés à Marseille dans le cadre d’un projet d’ensemble, bénéficient d’un réseau d’arrosage souterrain sous la forme d’un “poretube”, tube poreux comme son nom l’indique, qui est entouré dans la fosse autour des racines et instille de l’eau au goutte à goutte, sous terre. Sans cela, ces arbres plantés en milieu urbain hostile, dépériraient, sauf à les arroser quotidiennement, ce qui serait beaucoup plus lourd à effectuer.
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Que de commentaires ridicules en effet.
Tous les arbres plantés par la métropole ces dernières années en centre ville (je ne sais pas ce qu’il en était il y a 10/20 ans) sont arrosés en goutte à goutte, des fois trop même, ça déborde.
Mieux ils sont remplacés quand ils ont crevé, une fois par an, un prestataire passe et remplacé ceux qui n’ont pas passé l’été, 1 sur 15 et encore…
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OK merci de ce renseignement. Instructif.
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Avant de planter des arbres, il faudrait au moins entretenir correctement ceux qui sont déjà plantés. Or les espaces entourant ces arbres ressemblent us à des dépotoirs qu’à des carrés de verdure. Où est l’écologie là dedans? La propreté serait-elle incompatible avec la protection de la nature?
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Bah oui, on va pas s’arrêter de planter des arbres car certains servent de poubelle pour certains Marseillais sales, tout à fait logique.
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La Ville prévoit d’y faire sa 11e médiathèque (la 10e étant dans le 3e).
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Il n’y a pas que l’entretien des arbres une fois plantés qui soit important, il y a aussi le respect de leur intégrité. Si nombreux sont ceux qui servent de poteaux pour toutes sortes d’usages “provisoires” qui leurs sont néfastes, car les colliers étrangleurs, en plastique solide ou en métal, enserrant les branches sont le plus souvent abandonnés au final : papillons multicolores dans les branches des frênes sur la rue de la République qui étranglent les branches depuis 3 ans, lumignons de toutes sortes par les cafetiers et restaurateurs, poteaux électriques provisoires pour Engie, poteaux des signalisations pour la RTM, pour les chantiers, installation de sonorisation sur le cours Belsunce, abandonnée depuis des années dont les haut-parleurs menacent de tomber, chaines antivols abandonnées par les deux-roues… Tous ces dispositifs sont de plus dangereux, car les troncs ou les branches fragilisés deviennent plus cassants et cela accroit les risques de chutes. Il existait un “code de l’arbre” quand c’était une compétence de la Ville, la Métropole serait bien inspirée de le rétablir et de le faire respecter.
Il n’y a pas que l’entretien des arbres une fois plantés qui soit important, il y a aussi le respect de leur intégrité. Si nombreux sont ceux qui servent de poteaux pour toutes sortes d’usages “provisoires” qui leurs sont néfastes, car les colliers étrangleurs, en plastique solide ou en métal, enserrant les branches sont le plus souvent abandonnés au final : papillons multicolores dans les branches des frênes sur la rue de la République qui étranglent les branches depuis 3 ans, lumignons de toutes sortes par les cafetiers et restaurateurs, poteaux électriques provisoires pour Engie, poteaux des signalisations pour la RTM, pour les chantiers, installation de sonorisation sur le cours Belsunce, abandonnée depuis des années dont les haut-parleurs menacent de tomber, chaines antivols abandonnées par les deux-roues… Tous ces dispositifs sont de plus dangereux, car les troncs ou les branches fragilisés deviennent plus cassants et cela accroit les risques de chutes. Il existait un “code de l’arbre” quand c’était une compétence de la Ville, la Métropole serait bien inspirée de le rétablir et de le faire respecter.
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Les spécialistes de l’arboriculture à la Ville de Marseille ont soit pris leur retraite soit été redéployés. La Métropole quant à elle s’est dotée d’un service fantomatique.
En vérité, tout le monde s’en fout.
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