À Aubagne, Gérard Gazay, ou la solitude du maire sortant
A Aubagne, la droite est divisée au terme de six ans de mandats. L'actuel maire Gérard Gazay (LR) et Sylvia Barthélémy (UDI), présidente du conseil de territoire conduisent chacun leur propre liste et semblent irréconciliables. À une semaine du premier tour, Gérard Gazay se dit malgré tout optimiste pour sa réélection.
À Aubagne, Gérard Gazay, ou la solitude du maire sortant
L'enjeu
Après avoir ravi la ville à l'union de la gauche au centre menée par les communistes lors des dernières municipales en 2014, la droite espère garder le pouvoir à Aubagne.
Le contexte
Jamais un maire sortant n'avait eu autant d'opposants à Aubagne, avec sept candidats déclarés.
Depuis l’hôtel de Ville, le maire Gérard Gazay (LR) n’a que quelques pas à faire pour trouver son local de campagne. S’il poussait 200 mètres plus loin, en zigzagant entre les travaux d’embellissement du centre-ville, il arriverait au QG de “pour Aubagne”, la liste conduite par l’UDI Sylvia Barthélémy, tantôt adversaire, tantôt alliée. Les deux élus siègent dans le même groupe au conseil municipal depuis 2008. À l’époque, Gérard Gazay s’était rangé sur une liste composée de l’UMP et du Nouveau centre, menée par Sylvia Barthélémy.
En 2014, après avoir fait campagne séparément au premier tour, l’union de leur deux listes avait permis à Gérard Gazay de ravir Aubagne à l’union “Arc-en-ciel” du PCF au Modem. À sa tête, les communistes dirigeaient la ville depuis 1965. Les deux adversaires se sont alors partagé le pouvoir, Gazay à la mairie et Barthélémy à la communauté d’agglomération du Pays d’Aubagne et de l’Étoile, devenue par la suite un conseil de territoire de la métropole Aix Marseille Provence.
“Le choix de la trahison”
Après six ans de mandats en parallèle, les deux élus semblent irréconciliables. Sylvia Barthélémy a décidé en octobre dernier de mener sa propre liste, soutenue par la République en Marche. “Je lui ai proposé plusieurs fois que l’on conduise la liste ensemble. Sylvia Barthélémy a fait le choix de la trahison ça la regarde, analyse froidement le maire sortant. C’est regrettable, quand on sait qu’on a mis 49 ans à sortir les communistes.”
“Il a manqué de vision pour Aubagne, tacle Sylvia Barthélémy. En 2014, je ne pensais pas me représenter en 2020. Mais en six ans on n’a rien fait. Ce n’est pas en repavant les rues que l’on redynamisera le centre-ville”. Elle n’a toujours pas digéré le peu d’enthousiasme du maire à soutenir l’Arlésienne d’Aubagne : le projet de Val’tram, transport sur rail qui desservirait la vallée de l’Huveaune au nord, jusqu’à La Bouilladisse. Offrant un coup de pouce à sa vice-présidente, Martine Vassal la présidente de la métropole l’a ressuscité.
“Ce rassemblement n’est pas allé au-delà du second tour”
Sylvia Barthélémy se désolidarise aujourd’hui du bilan Gazay. “Je n’ai jamais été associée aux décisions politiques, avance-t-elle alors qu’elle faisait partie de sa majorité. J’ai fusionné pour qu’il gagne. Quand on a un allié, on discute, on fait vivre cette alliance. Mais ce rassemblement n’est pas allé au-delà du second tour de 2014″. Conséquence selon elle de la personnalité de Gérard Gazay. “Avec lui c’est : c’est moi le patron, c’est moi qui décide.”
“Tous les lundis, j’organisais une réunion de la majorité. Sylvia Barthélémy n’y a presque jamais participé”, rétorque Gérard Gazay. Quant aux critiques sur sa personnalité il répond “je peux être franc et direct, c’est mon tempérament“.
Cette réputation d’homme “autoritaire”, “peu enclin au dialogue”, “colérique”, le maire la tire d’un mandat secoué par des luttes locales. Quand il s’assoit sur le fauteuil de maire en 2014, la situation financière de la ville est délicate. La ville d’Aubagne a en effet contracté dans les précédentes mandatures des emprunts dits “toxiques” qui en font une des villes les plus endettées de France. “On a dû faire face à la baisse des dotations de l’État, travailler à diminuer la dette, régler le problème de la sécurité, le tout sans augmenter les impôts locaux” se défend Gérard Gazay.
Pour tenter d’honorer sa promesse de redresser les finances de la ville, Gérard Gazay s’est d’attaqué à deux spécificités aubagnaises, jugées trop coûteuses. D’abord, la MJC, l’association d’éducation populaire qui gérait l’Escale, haut lieu de la culture aubagnaise, a vu le montant de ses subventions divisées par deux entre 2014 et 2016. La structure a fermé ses portes en 2017 après une bataille de plusieurs mois relayée médiatiquement par l’humoriste Nicole Ferroni, également ancienne animatrice de la MJC. L’association a été remplacée par un espace “arts et jeunesse”, géré par la municipalité. “Avec trois fois moins de budget, on fait trois fois plus de choses” se félicite le maire sortant. “Il ne s’y passe plus rien”, déplore au contraire Sylvia Barthélémy.
Deuxième victime, la cuisine centrale municipale qui fournissait les repas des écoles de la ville. En 2016, la ville confie ce service à la Sogeres, une filiale de la Sodexo, malgré l’opposition des parents d’élèves et des syndicats de la ville d’Aubagne. “Il a voulu marquer de son empreinte une ville qui sortait de 50 ans de communisme”, analyse Moncef Ferchichi, représentant CGT des territoriaux de la ville d’Aubagne avant d’ajouter “il s’est comporté en politicien, c’est ce qui l’amène à avoir six listes contre lui”.
“La mandature s’est très bien passée”, assure pour sa part Mohamed Salem, adjoint de Gérard Gazay à la santé. S’il dit “défendre le bilan” il a pourtant fait le choix de ne pas le porter dans une nouvelle campagne aux cotés du maire sortant. Accompagné de l’adjoint à l’éducation Bruno Foti, il a rejoint la campagne de Martine Vassal à Marseille. “Après 12 ans d’engagement politique dans une petite ville, j’avais envie de voir autre chose”, assure-t-il. Il est désormais aux côtés d’un “ami très proche”, Jean-Philippe Agresti, candidat soutenu par Martine Vassal dans les 4e et 5e arrondissements. Pour lui, les raisons de la division sont à chercher du côté des ambitions personnelles. “Gérard Gazay aime la politique et il ne lâchera pas. Quant à Sylvia Barthélémy, elle a pour ambition de diriger la ville depuis 2001.”
Division à droite et à gauche
La ville pourra-t-elle rester dans le giron de la droite ? Avec sept listes en présence, l’issue du scrutin parait bien incertaine. Les deux leaders locaux de la gauche n’ont, eux non plus, pas réussi à s’entendre. Denis Grandjean (EELV) et l’ancienne présidente de la communauté d’agglomération Magali Giovannangeli (PCF) mèneront chacun leur propre liste. À l’extrême droite, le rassemblement national, mené par Joëlle Melin, compte capitaliser sur les 30% atteints lors des dernières élections européennes et dépasser largement les 10% nécessaires pour se maintenir au second tour.
Dans ce paysage morcelé, Gérard Gazay garde son optimisme et compte sur sa légitimité de sortant. “Je suis un maire de terrain au contact de la population. Même si certains noircissent le tableau, les Aubagnais sauront reconnaître le travail qui a été fait”. Quant à une possible alliance avec la liste Barthélémy, Gérard Gazay renvoie à l’entre deux-tours. Tout comme Sylvia Barthélémy, qui réserve sa réponse. il faudra donc attendre pour savoir si, comme en 2008, la division se transformera en addition au soir du 15 mars.
Commentaires
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s’il vous plaît le “Quand à” lu deux fois de suite dans ce papier est quelque peu gênant. Quant à serait mieux.
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