À un an des législatives, quelques candidats et des incertitudes

Décryptage
le 29 Juin 2016
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À un an des législatives, les forces politiques se mettent en ordre de marche. Petite revue non exhaustive des principaux enjeux déjà sur la table.

À un an des législatives, quelques candidats et des incertitudes
À un an des législatives, quelques candidats et des incertitudes

À un an des législatives, quelques candidats et des incertitudes

L’inversion du calendrier date mais l’argument porte toujours. Calées dans la logique du quinquennat un mois et demi après la présidentielle, les législatives sont marquées par les enjeux nationaux et le chef de l’État désigné. La campagne laisse donc peu de marge aux élus locaux – les Bouches-du-Rhône ne comptent pas (pour l’heure) de personnalités politiques d’envergure nationale, hormis peut-être Jean-Claude Gaudin. Cela n’empêche pas les élus de tout bord de se préparer pour l’échéance des 11 et 18 juin 2017.

Deux contraintes importantes se présentent. Tout d’abord, la règle sur le non-cumul des mandats s’appliquera à cette date avec les fonctions exécutives locales (maire ou adjoint, maire de secteur, président ou vice-président de région, de département ou de la métropole). Certains candidats attendus comme le maire LR de Salon-de-Provence Nicolas Isnard ont préféré leur poste d’édile. Deuxième obstacle, les retenues sur le financement public des partis politiques s’ils n’investissent pas au moins la moitié de femmes. L’argument financier est de poids pour des partis qui, comme le FN ou LR, n’ont pas des finances florissantes. Petite revue non-exhaustive des enjeux dans les seize circonscriptions des Bouches-du-Rhône.

Les Républicains, premiers sur la ligne de départ… mais ça peut bouger

La commission nationale d’investiture (CNI) du parti Les Républicains a examiné ce mardi le cas des Bouches-du-Rhône. Il n’y a pour l’heure pas d’accord avec les autres formations de droite, dont l’UDI qui attend vainement un accord national. Comme nous le détaillions lors du congrès cette formation, elle pousse notamment Bruno Genzana sur la 10e circonsciption (Allauch-Gardanne) ainsi que les adjoints au maire de Marseille Maurice Di Nocera dans la 5e (une partie des 4e, 5 et 6e arrondissements de Marseille) ou Arlette Fructus dans la 7e (16e, 15e et une partie du 14e).

Ce sont donc seize candidats que le parti Les Républicains devait désigner ce mardi sous la houlette du président de la CNI Christian Estrosi. Il n’y en a finalement que quatorze puisqu’aucun candidat n’est désigné dans la 13e circonscription (Martigues) et qu’un sondage devra désigner le candidat de la 14e circonscription (une partie d’Aix et des communes alentours). Alors que Maryse Joissains a renoncé, ses adjoints Alexandre Gallese et Stéphane Paoli comme les maires Olivier Frégeac (Peyrolles), Jean-Claude Féraud (Trets) et Arnaud Mercier (Venelles) sont candidats.

Les autres candidatures ne réservent pas de surprises, tous les sortants étant reconduits.  Deux de leurs anciens collègues retentent leur chance après avoir été battus en 2012 : le maire de Sausset-les-Pins Eric Diard (12e circonscription, Marignane) et celui de Bouc-bel-Air Richard Mallié (10e circonscription, Allauch, Gardanne). Richard Miron au nord de Marseille comme Yves Moraine dans la 5e circonscription (une partie des 4e, 5e et 6e arrondissements) seront candidats pour la première fois. Il en va de même pour les vice-présidentes du conseil départemental Marie-Pierre Callet et Sandra Saloum-Dalbin, respectivement parachutées dans la 16e circonscription (Arles, Miramas, Tarascon) où Roland Chassain était intéressé et dans la 8e circonscription (Berre, Salon) au détriment du maire de Ventabren Claude Filippi.

Cette échéance intervient bien plus tôt que les autres partis qui attendront la rentrée voire la fin de l’année (PS) pour se décider. Toutefois, plusieurs candidats aux primaires en vue de la présidentielle dont Alain Juppé ont indiqué vouloir revenir sur des investitures jugées trop sarkozystes.

Prime aux sortants

Comme le choix de LR le démontre, les sortants sont à la fête. Les députés PS qui le souhaitent devraient être à nouveau candidats : Patrick Mennucci, Henri Jibrayel, Marie-Arlette Carlotti et Jean-David Ciot. On peut y ajouter François-Michel Lambert, député écologiste soutien du gouvernement, qui en tant que membre de l’UDE fait partie des rares alliés potentiels du PS. Concernant ceux qui choisissent de ne pas se représenter, Vincent Burroni (12e circonscription) et Jean-Pierre Maggi (apparenté PRG, 8e circonscription) laissent un vide sur leurs terres contrairement à Michel Vauzelle dont le suppléant, le maire de Miramas Frédéric Vigouroux, est positionné. Côté communiste, Gaby Charroux doit faire un choix entre la mairie de Martigues et sa circonscription, la 13e.

Grand chambardement au FN

L’histoire a déjà été racontée par Marsactu. Depuis les municipales 2014 qui l’avaient vu entrer dans bien des assemblées communales, le FN fait face à une désertion de nombre de ses élus, accentuée par la rupture des partisans de Jean-Marie Le Pen. Face à cela, les législatives seront une fois de plus placées sous le signe du “renouveau”. À Marseille, les têtes de liste de secteur municipal de 2014 seront loin d’être toutes candidates. C’est notamment le cas de Michel Cataneo, Jean-Pierre Baumann voire même Bernard Marandat, qui entretiennent des relations plus que fraiches avec le secrétaire départemental, le sénateur et maire des 13e et 14e arrondissements Stéphane Ravier.

Ce dernier, qui avait annoncé vouloir garder sa mairie de secteur, dit aujourd’hui qu’il annoncera sa décision en septembre. S’il ne brigue pas de mandat à l’Assemblée, son adjoint à tout faire Cédric Dudieuzère pourrait être candidat dans le nord-est de la ville. Parmi les nouvelles têtes du Front, la conseillère régionale Eléonore Bez, proche de Ravier et son collègue transfuge de Les Républicains Franck Allisio, qui pourrait concourir à l’est de Marseille face à Valérie Boyer.

Seul conseiller départemental encarté au Front, Jean-Marie Verani pourrait lui aussi être candidat dans la 8e circonscription, qui court de Berre-l’Étang à Salon-de-Provence. Si celle-ci est gagnable, d’autres circonscriptions sont particulièrement ciblées par le Front, la 12e (Marignane) et la 15e (Châteaurenard) où Marion Maréchal-Le Pen est arrivée en tête au deuxième tour des régionales. Il cherchera aussi à conquérir la 16e circonscription (Arles, Saintes-Maries-de-la-Mer, Miramas) avec Valérie Laupies qui a échoué de peu à devenir parlementaire en 2012.

Le cas de la circonscription de Sylvie Andrieux

Et si Sylvie Andrieux revenait ? Condamnée en première instance puis en appel pour détournement de fonds publics, Sylvie Andrieux attend toujours la décision de la Cour de cassation. Faute d’arrêt de la Cour, la députée de la 3e circonscription (13e arrondissement, une partie du 12e et du 14e) est aujourd’hui assurée de ne pas être remplacée avant la fin de la mandature. La députée, ex socialiste, ne désespère pas d’obtenir la cassation du jugement et pourrait dans ce cas postuler à un nouveau mandat.

Elle s’y prépare, assurent ses proches. Le premier secrétaire fédéral du PS Jean-David Ciot ne ferme pas la porte mais c’est au final le PS national qui décidera. En 2012, il avait retiré le poing et la rose à Andrieux le jour de l’officialisation de son renvoi en correctionnelle, ce qui ne l’avait pas empêchée d’être élue d’une courte tête.

Si elle n’est pas investie par le PS, la ligne de départ est encombrée mais avec deux files bien distinctes. En théorie, la circonscription est réservée à une femme mais Christophe Masse, ancien député deux fois battu, entend bien faire modifier la donne. S’il n’y arrive pas, sa sœur Florence Masse s’affirme candidate mais pourrait trouver sur son chemin la conseillère départementale Anne Di Marino. Côté masculin, Stéphane Mari garde un œil au cas où.

À gauche, la grande berezina ?

Pas de spécificités locales à ce niveau mais la gauche fait grise mine sur fond d’impopularité gouvernementale. Malgré des triangulaires attendues, les plus pessimistes ne tablent que sur un seul député sur seize. C’était aussi le constat de notre chroniqueur Joël Gombin. Au PS, les candidats ne se pressent pas pour aller au casse-pipe. De son côté, le parti communiste compte sur la loi travail pour porter une alternative à gauche. Il s’est lancé dans un recueil de propositions auprès des citoyens pour constituer son programme et donc porter partout une voix divergente dans la foulée des régionales où Front de gauche et écolos avaient fait campagne commune. En décembre, l’initiative, si elle avait trouvé sa cohérence, n’avait pas convaincu les électeurs avec 6 % des voix.

 

Mise à jour le 29/06: Un mot manquant a conduit a une erreur factuelle. Contrairement à ce que nous écrivions Maryse Joissains n’est pas candidate.

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Commentaires

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  1. Sanmartin Sanmartin

    N’oubliez pas qu’il n’y a pas que les LR et l’UDI à Droite et au Centre : il y aussi le Modem, à titre d’exemple j’ai déclaré ma candidature dans la 8ème circonscription dès le mois de Mai 2016.
    Cordialement
    Philippe Sanmartin

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  2. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Le renouveau et le rajeunissement du personnel politique sont en marche, quand on voit un jeune homme de 72 ans comme Di Nocera, aux convictions si solides qu’il a collectionné les étiquettes politiques durant sa vie, vouloir se présenter. Ou un Mallié, dont la hauteur de vue ne dépasse pas l’altitude d’une plaque d’immatriculation, vouloir revenir à 68 ans après avoir été battu.

    Tout cela n’a, en réalité, que peu d’importance : si l’essentiel n’est pas le trombinoscope, mais plutôt les idées, les institutions de la Vème République partagent bien les rôles. Au candidat à l’élection présidentielle le soin de “s’engager” sur un programme, aux parlementaires de la majorité le soin de ne pas se tromper de bouton au moment du vote des lois proposées par le gouvernement. Inutile donc de rechercher des “personnalités politiques d’envergure nationale” pour le job de député…

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