À Aix, des aménagements cyclables, mais toujours pas de vélos en libre service
Dans son plan vélo, la mairie aixoise a prévu plusieurs itinéraires allant du centre-ville jusqu'aux quartiers et villages voisins. Mais la pratique reste, selon les habitués, encore minoritaire. Tout comme sa place dans les politiques publiques. Les vélos en libre-service n'y ont par exemple toujours pas été implantés.
La piste cyclable en cours d'aménagement sur de la route du Puy-Sainte-Réparade au Nord d'Aix-en-Provence. (Photo : ML)
Un petit coup de pédalier pour les cyclistes, un grand pas pour le plan vélo de la Ville d’Aix-en-Provence. Vendredi 29 septembre, la municipalité conviait la presse pour inaugurer le 100e kilomètre d’aménagement cyclable sur le territoire, en direction de Puyricard, au nord de la ville. À ce stade, 70% des aménagements promis ont déjà été réalisés. Mais un an avant la livraison annoncée du reste des infrastructures, les associatifs se montrent critiques quant à leur réalisation.
“Ce plan vélo n’en a que le nom, tacle le président de l’association Adava pays d’Aix, Olivier Domenach. Je ne suis pas sûr que cela soit les itinéraires les plus demandés et les plus pratiqués”. Ce collectif, déjà bien connu des habitués des deux roues sur le territoire, possède plusieurs ateliers de réparation et organise régulièrement des manifestations sur le pays d’Aix. “On fait face à un gros souci : la pratique progresse plus vite que l’offre d’infrastructures sur Aix-en-Provence, poursuit son vice-président Frédéric Serres. Les lignes réalisés sont les plus faciles, mais on se demande tout de même si le reste est vraiment réalisable dans les délais annoncés.”
À son lancement en 2020, le plan vélo affichait l’objectif de “relier le centre-ville aux villages et aux quartiers.” Huit itinéraires ont ainsi été dessinés vers Puyricard, Venelles, Éguilles, Le Tholonet, Bouc-Bel-Air, La Duranne ou encore le quartier du Jas de Bouffan. “Notre premier intérêt est centré sur le côté balade et tourisme”, assume l’adjoint aixois à la mobilité Éric Chevalier. Le coût de l’opération est de 18 millions d’euros en quatre ans. Une partie de cette enveloppe est financée par d’autres institutions, dont 4,8 millions d’euros en provenance de l’Union européenne. Mais la municipalité n’a pas communiqué sur la répartition des autres aides dans les délais de parution de cet article.
Seulement 10 km de “vraies” pistes cyclables
Pour les pratiquants de la petite reine, c’est aussi sur la nature même des infrastructures que le compte n’y est pas.“Les vraies pistes cyclables, séparées des piétons et des voitures, on les compte sur les doigts d’une main”, continue de pester Olivier Domenach. Selon les données fournies par la Ville elle-même, les 100 kilomètres d’aménagement réalisés se composent en effet de 48,1 kilomètres de chaussée délimitée par un marquage au sol, de 15,2 kilomètres de trottoirs ainsi que de 9,2 kilomètres de couloirs de bus. Parmi ces infrastructures, il y a également 9,2 kilomètres de voies vertes, espaces réservés aussi bien aux piétons qu’aux deux roues, et huit kilomètres de routes à sens unique pour les voitures où les cyclistes peuvent circuler à contresens. Il ne reste donc que 10 kilomètres de pistes cyclables en “site propre”.
On a rencontré beaucoup de personnes qui sont prêtes à faire du vélo, mais qui ne le font pas car elles ont peur des voitures.
Olivier Domenach, association Adava
“Certains oublient le côté réglementaire, en fonction de l’emprise foncière, on peut mettre une piste ou une bande cyclable, rétorque Éric Chevalier. Les puristes souhaiteraient qu’on enlève les voitures pour mettre des vélos.” Le président d’Adava traduit autrement cette position : “Il n’y a pas de décision politique forte”. “La mairie se refuse à supprimer des places de stationnement pour faire des pistes alors que le vélo doit être une priorité. On a 30 ans de retard et on ne se donne pas les moyens, développe Olivier Domenach. On a rencontré beaucoup de personnes qui sont prêtes à faire du vélo, mais qui ne le font pas car elles ont peur des voitures.”
Ça déraille sur la continuité
“L’objectif si on veut que les gens pratiquent, c’est de faire de la continuité”, avance de son côté l’adjoint aixois à la mobilité. Mais pour établir des connexions sur le territoire, la Ville doit jongler avec les compétences des autres collectivités. En regardant plus précisément les itinéraires, des petits bouts de pistes relèvent parfois du département ou de la métropole, en fonction des routes qu’ils jouxtent.
Si l’adjoint reconnaît que les discussions entre les différents services permettent d’obtenir “un schéma et un travail commun”, les limites de cette coopération apparaissent vite. “Globalement, on avance, mais chacun a ses contraintes budgétaires”, glisse Éric Chevalier. Selon l’élu, cette répartition complexe des compétences est à l’origine des frustrations chez les usagers. “C’est plus simple de venir taper à la porte de la Ville qu’auprès de la métropole et du département alors qu’il n’y a pas que nous, souffle-t-il. Pour ceux qui estiment que ça ne va pas assez vite, on avance, mais ce n’est pas à nous de tout faire. J’ai mes limites de compétences communales.”
Le tabou des vélos en libre-service
Au-delà des pistes, les associations de cyclistes voudraient voir davantage d’efforts pour gagner une vraie place dans l’espace public. “Un plan vélo doit comprendre des infrastructures, mais aussi des services”, prolonge le président d’Adava. La mairie réfléchit certes à des places de stationnement supplémentaires ou encore à la mise en place de cours pour tous les âges. Mais toujours pas de vélos en libre-service. Il y a une dizaine d’années, la municipalité avait signé un contrat avec l’entreprise JCDecaux, mais cette expérimentation n’a pas conquis les Aixois. “C’était une expérience malheureuse, résume Olivier Domenach. La Ville avait fait ça dans la précipitation avant les élections.”
Seul point certain : les élus ne veulent pas d’engins abandonnés partout comme à Marseille.
Sur le sujet, la Ville peine à afficher une position claire. Des discussions auraient eu lieu dans les couloirs de la mairie et des prestataires potentiels auraient même été reçus. Le seul point certain : les élus ne veulent pas d’engins abandonnés partout comme à Marseille. “Dans le cadre d’une délégation de service public, je ne peux pas obtenir les garanties que je souhaite, soutient Éric Chevalier. Par exemple, j’aurais tendance à demander à ce que cela soit des salariés et non des autoentrepreneurs qui réalisent le ramassage pour éviter les difficultés.”
“Le problème, c’est que ça coûterait trop cher à la Ville et ils n’auraient plus d’argent pour les aménagements cyclables, analyse Olivier Domenach. Donc à moins d’une vraie volonté politique…” Du côté de la métropole, on indique que le service Levélo+, permettant une réservation longue durée, est bien accessible aux Aixois. “À ce stade, le déploiement du service Levélo à Aix, comme sur les autres villes moyennes de la métropole, n’est pas prévu”, répond toutefois la métropole au sujet du dispositif de location courte durée. Cet état de fait ne refroidit pas les militants d’Adava. “Il faudra peaufiner les infrastructures, mais tout est favorable au retour des vélos en libre-service. Nous l’appelons de nos vœux, insiste Frédéric Serres. On ne peut pas imaginer un réseau de piste cyclable sans l’autre pendant de la pratique.”
Commentaires
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J aimerais lire un comparatif, ramené aux proportions entre Aix et Marseille..
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Marseille a longtemps été absolument a la ramasse comme chacun sait. Sur le tard Martine Vassal a lancé des grands aménagements qui sont apparus en 2021-2022, après l’élection de Benoît Payan
Comme tout le monde croit que ce sont les mairies qui font les pistes cyclables, ça a donc été porté à son crédit a lui. Bien fait pour elle…
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En revanche, il est mis au débit de votre cher maire la politique des vélos et trottinetties en libre service qui est une véritable calamité.
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