À Aix, 18 millions mais toujours du flou pour rénover le complexe sportif Carcassonne
Il y a quelques jours la maire d'Aix-en-Provence a posé la première pierre du projet "Plaine nature", le réaménagement du complexe sportif Carcassonne à Aix-en-Provence. Les premières infrastructures doivent être prêtes pour la coupe du monde de rugby en septembre et les jeux olympiques de 2024. Or, des interrogations subsistent.
La maire d'Aix-en-Provence Sophie Joissains (UDI) lors de son discours pour la pose de la première pierre du projet "Plaine nature". (Photo : ML)
Un soutien de taille. Dans une courte vidéo la star du foot d’origine marseillaise Zinedine Zidane loue le projet du réaménagement du complexe sportif Georges-Carcassonne et anticipe : “J’espère qu’on verra naître de futurs champions dans ce projet initié par Maryse Joissains.” La ville d’Aix-en-Provence et sa maire Sophie Joissains (UDI) font de ce plan de rénovation baptisé “Plaine nature” un des temps forts du mandat. Et, outre l’appui de célébrités, la municipalité mise gros sur ce chantier en débloquant un budget prévisionnel très conséquent de plus de 18 millions d’euros. “C’est le plus grand chantier de la Ville depuis le début de ce mandat”, reconnaît la maire.
Tout le monde est enthousiaste à l’idée qu’Aix-en-Provence accueille des compétitions internationales sur ce terrain situé à l’est de la ville, avec notamment la coupe du monde de rugby ou encore les jeux olympiques 2024. Personne ne peut regretter que les clubs sportifs locaux bénéficient de nouvelles infrastructures. En revanche, du côté de l’opposition municipale, on pointe quelques sujets d’inquiétude dans la gestion financière du projet à quelques mois des premiers évènements à rayonnement international.
Un projet présenté et voté avant la fin des études
Pour comprendre les enjeux et les questionnements qui entourent ce projet, il faut revenir à sa genèse. Les premiers plans de réhabilitation du complexe sportif ont été imaginés par l’agence d’urbanisme pays d’Aix – Durance (Aupa) en décembre 2016. Puis, en mars 2021, la Ville d’Aix-en-Provence confiait, pour 66 000 euros, la réalisation des études préalables à la société publique locale d’aménagement (SPLA) Pays d’Aix Territoires, dont la collectivité est l’actionnaire majoritaire. La société publique d’Aix rend sa copie en octobre 2021 et le programme est présenté en décembre de la même année en conseil municipal. Le budget prévisionnel pour l’ensemble est alors estimé à 13,5 millions d’euros.
“Le projet présenté en décembre 2021 était un projet a minima. Si on veut faire un véritable complexe sportif il faut le compléter.
Sophie Joissains
Surprise, le 17 mars 2023, à l’occasion du vote du budget primitif, la majorité de Sophie Joissains présente un avenant à la convention signée avec la SPLA pour les travaux. Il n’est pas question de légers ajustements, mais bien d’une hausse importante du coût du projet, dont les travaux ont déjà commencé. L’enveloppe prévisionnelle atteint maintenant 18,6 millions d’euros, cinq millions de plus qu’annoncés deux ans plus tôt. “Le projet présenté en décembre 2021 était un projet a minima, justifie la maire d’Aix-en-Provence. Si on veut faire un véritable complexe sportif il faut le compléter. S’il y a eu des améliorations c’est pour répondre aux besoins des Aixois. L’erreur a été de le présenter il y a deux ans et de ne pas avoir attendu l’ensemble des études.”
Cette hausse ne passe pas pour les oppositions municipales qui en profitent pour attaquer le fond du dossier et sa gestion par la Ville. “Ce n’est pas au moment de commencer les travaux qu’on s’interroge sur les besoins des acteurs, critique ainsi Anne-Laurence Petel du groupe d’opposition Renaissance et apparentés, Aix au cœur. Je m’étonne du côté approximatif de la méthode.” “Nous sommes tout à fait favorables à un réaménagement de cette plaine sportive, souligne Cyril Di Méo pour le groupe divers gauche Aix en partage. Mais on nous demande d’engager 18 millions d’euros sur trois feuilles. C’est de l’argent public quand même !”
Neuf millions d’euros de subventions encore à trouver
Reste aussi à trouver cet argent. La Ville d’Aix espère obtenir 50% de subventions publiques auprès de la région, de l’État par le biais de l’Agence nationale du sport ou encore de l’Agence de l’eau puisque la plaine sportive se situe à proximité du cours d’eau de la Torse. Les négociations sur ces aides sont toujours en cours alors que les travaux sont déjà bien entamé et que la municipalité s’est engagée à livrer les premières infrastructures pour les entraînements de l’équipe d’Écosse dans le cadre de la coupe du monde de rugby en septembre et des équipes d’athlétisme en lice aux jeux olympiques de 2024.
Une fois ces grands évènements passés, il faudra aussi faire vivre ces installations à la hauteur du sport aixois. Pour l’heure, le seul club sportif un peu étoffé résident est le club de foot local qui revendique quelque 500 licenciés. Les installations ne risquent-elles pas d’être surdimensionnées, entraînant un autre surcoût financier ? “Il y a 20 ans, Aix n’était pas une ville sportive, mais elle le devient, se félicite pourtant déjà l’adjoint chargé des sports Francis Taulan devant le conseil municipal. On a eu le même problème quand on a construit l’Arena : beaucoup étaient contre, maintenant tout le monde veut y aller.” L’exemple choisi n’est pas forcément très opportun. Marsactu a raconté comme l’Arena gérée dans le cadre d’une délégation de service public était un véritable gouffre financier pour la métropole. Or, la Ville souhaite justement en récupérer la gestion. Une situation qui ne décourage pas la majorité. “Si on peut reprendre l’Arena sur Aix-en-Provence, on la gérera mieux. Peut-être”, souffle l’élu.
Le futur équipement devrait clairement être imposant. “C’est à la demande d’Aix Athlé Provence, le club d’athlétisme local, que la rénovation du stade a été initiée, retrace Francis Taulan. Mais quand les autres clubs en ont entendu parler, ils sont venus nous voir et on a répondu à la demande.” Parmi les infrastructures qui sortiront de terre : un bâtiment d’accueil et des vestiaires. Le stade d’honneur, le skate-park et les installations pour l’athlétisme, déjà existants, devront être réhabilités. Au milieu du site, un espace multisports sera aménagé pour pratiquer du basket-ball, du yoga en passant par la pétanque. Le tout agrémenté d’aménagements paysagers.
Des compromis encore à trouver avec la métropole
À cette ambitieuse liste, s’ajoute une réorganisation importante du stationnement qui débouchera au final sur nombre de places quasiment identique. La municipalité a été critiquée par l’opposition sur ce point. “Ce sont des sportifs qui se rendent sur une plaine sportive”, balaie Éric Chevalier, adjoint en charge de la mobilité, en réponse aux conseillers municipaux, avant de pointer à nouveau la responsabilité métropolitaine sur la gestion des transports publics dont elle a la charge. “Si nous avions conservé le territoire du Pays d’Aix et la compétence mobilité cela nous aurait permis de mettre en œuvre un réseau de transport adapté à la population”, assure l’élu.
Malgré la guerre politique entre les deux institutions, la Ville devra dialoguer avec la métropole pour poser la dernière pierre de son projet “Plaine nature”. Car à l’entrée du site se trouve la piscine olympique Yves-Blanc. Si elle est aujourd’hui gérée par la métropole, Sophie Joissains a exprimé à plusieurs reprises sa volonté de récupérer l’infrastructure avec tous les autres grands équipements sportifs et culturels dans le cadre de la réforme métropolitaine initiée par la loi 3DS. Il reste donc encore un peu de travail avant de faire de cette “Plaine nature” le faire-valoir de Sophie Joissains pour les prochaines municipales.
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