Mes châteaux d’If: Traversées.

Mes châteaux d’If: Traversées.

Bon les aminches, faut absolument que vous alliez voir A bicyclette au cinoche. Vous pouvez vous y rendre à pied mais c’est triché.

Mais avant, dix gressons, pour le livre de Thomas Clerc et sa traversée du 18 éme arrondissement de Paris, Paris, musée du 21 éme siécle, un bijou poétique et géographique.

Puis Patrolin qui dans sa Traversée de la France à la nage surprend.

Traversé, on peut l’être aussi par ses sentiments comme avec l’histoire du réalisateur qui retourne avec Philippe son ami, sur les traces de son fils décédé. C’ est tellement à rebours des actualités que c’est bouleversant. On se sent avec des gens comme nous, pas ces caricatures de puissants qui jouent nos vies aux dés. Ce voyage en vélo entre la Rochelle et Istanbul en passant par Vienne et la Roumanie nous montre deux échappés de la vie, avec leur boutanche de rosé le soir au bord d’un étang ou d’un lac. C’est bon, ça fleure l’été et rappelle pour tous ceux qui circulent à vélo le bon temps des journées complètes en plein air, le lundi au soleil. C’est comme une farce quand Philippe part avec son sac à dos et son vélo de ville. Il trimballe plus d’alcool que d’eau et il a toujours quelques pensées humoristiques. Le père, Mathias, pleure beaucoup et recherche les lieux ou est passé son fils. Ça fout la chair de poules. On ne sait plus si on on s’identifie au père ou au fils qu’on est. Je ne vous cache pas qu’on passe à coté des femmes. Les deux clowns tentent un dernier numéro en jouant dans des écoles comme le fils disparu de Mathias qui fit le clown avant de sauter dans l’inconnu, cet autre état qu’on appelle la mort. La rencontre avec une autrichienne psychorigide, à Vienne est désopilante tout comme est sublime cette scène autour d’un feu en Roumanie où les deux hommes se confient leur joie d’être amis. On croit aussi revoir Les Bronzés font du ski, dans un sauna stambouliote. On entend du Reggiani alors qu’on attendait Yves Montand  et son A bicyclette.

En parlant de la mort, que c’est profond comme une tombe et touchant cette chute accidentelle cimetière Saint Pierre à Marseille d’une mère dans le caveau de sa fille morte à 13 ans, cinq ans après les faits. Elle l’a rejoint à sa manière.

On peut aussi voir le film sur Bob Dylan pour une bonne raison différente de la musique, celle du mouvement anti guerre de cette époque et écouter la chanson Masters of wars.

Une bande dessinée tragique et réussie est sortie en 2020 sur les quatre morts à l’université de Kent dans l’Ohio le 4 mai 1970. L’auteur Derf Backderf a eu l’idée lumineuse de remonter le temps et de suivre la vie des quatre étudiants qui vont mourir sous les balles de la garde nationale. A ce moment là, Nixon, le président des Etats-Unis décide d’envahir la Cambodge alors que des milliers de jeunes américains sont déjà rentrés dans des cercueils du Vietnam. Le mouvement anti-guerre mené par le syndicat SDS ( Students for a Democratic Society) poursuit les manifestations. Malgré l’enrôlement dans les universités où sont logés les ROTC, des centres d’entrainement des officiers au cœur de l’université, la jeunesse se rebelle. A Kent, elle incendie le bâtiment du ROTC. Les autorités s’emballent, appellent la garde Nationale pour cerner le campus. Une nouvelle manifestation est annoncée. Elle tournera mal. Quatre morts, neuf blessés graves.

Traversés par les balles de la garde nationale, 67 tirs en treize secondes, les corps des grands enfants, ça vous renverse. Le trimestre suivant, 50 agents du FBI en civil sont inscrits à l’université.

Sur Bob Dylan, Cédric de la librairie la Touriale a réussi le tour de force de me fourguer le livre de Nicolas Rainaud sur les chansons de Bob Dylan. Une explication de textes qui m’a laissé perplexe. J’attendais aussi une bio et un étude complète des chansons du prolifique folk singer. C’est presque ça. C’est paru au Mot et le Reste, maison d’édition voisine qui a l’immense mérite de publier biographies et autres discours sur la chanson, la musique et la critique sociale. D’ailleurs en janvier Yves Bigot a fait paraitre chez eux Modern Times sur le même sujet.

Et si tout ça vous passe par dessus la tête, prenez le temps et lisez Proust. Le formidable livre de Stéphane Carlier, Clara lit Proust peut vous y aider. Traversant d’un salon de coiffure à la lecture de Marcel.

Dans la catégorie, si tu n’aimes pas, n’en dégoutes pas les autres, j’ai pas trop aimé Ben Barka la Disparition, la bd de Servernay et Jacques Raynal. Je ne sais toujours pas qui a tué Ben Barka et Servenay m’a plutôt embrouillé. Je préfère le bouquin de Bernard Violet, paru l’an pébre sur le sujet. J’étais au bord de l’indigestion pour On a mangé la mer, enquête sur la crise de la pêche en France. Trop d’infos et pas assez d’histoire.