Jeux, émoi
En France, on joue collectif. Si, si !
Notre pays a qualifié plusieurs de ses sélections dans les sports collectifs, et il accumule traditionnellement les succès dans les épreuves de relais ou par équipes. C'est encourageant!
En France, on joue collectif. Si, si !
La première journée de compétition à Rio n’a pas apporté de breloque à la délégation française. Il serait prématuré d’y voir un mauvais présage.
Dans les deux disciplines qui ont procuré le plus de médailles aux Tricolores dans l’histoire des Jeux, le cyclisme et l’escrime, les meilleurs représentants des Bleus ont terminé à la quatrième place.
Dans les tournois de sports collectifs, le comportement des équipes de France a été contrasté. On a d’ailleurs du mal à tout suivre, car la France est représentée presque partout.
Il y a sept sports collectifs en compétition à Rio, avec à chaque fois un tournoi féminin et un tournoi masculin : basket, football, handball, hockey sur gazon, rugby à VII, volley-ball et water-polo (qui est une des disciplines de la natation). Soit quatorze titres, et 42 médailles mises en jeu pour les nations (chaque sportif reçoit quand même la sienne !). Ce qui est relativement peu, quand on voit le nombre de compétiteurs, de dirigeants et de techniciens que cela emploie à plein temps.
Sauf pour le hockey sur gazon, au moins une équipe de France, féminine ou masculine, s’est qualifiée dans chaque discipline collective. Et parfois les deux, comme en basket, hand, et rugby. Sur quatorze places possibles, la France en occupait neuf au moment du premier coup de sifflet, ce qui n’était jamais arrivé.
Plusieurs de ces sélections (les deux de hand et de basket, le foot féminin, le volley masculin) peuvent nourrir l’espoir d’une médaille ou d’une participation satisfaisante. On ignore encore le potentiel des sélections de rugby. L’équipe de water-polo ne pourra que provoquer de bonnes surprises. Ce n’est que sa 5e participation aux Jeux depuis 1948.
Ces neuf qualifications sont d’ores et déjà un résultat inégalé. Il faudrait que la France obtienne l’organisation des Jeux 2024 pour faire mieux : alors, toutes les sélections seraient qualifiées d’office !
Il est d’autant plus surprenant que l’équipe de France masculine de football ne parvienne plus à se qualifier pour les JO, alors que les résultats de ses sélections à l’Euro et au Mondial en font d’office une favorite sur le papier. Pour ne pas concurrencer le Mondial, justement, le tournoi olympique n’accepte que des jeunes pros de 23 ans ou moins, encadrés par seulement quelques joueurs chevronnés. Et la France est réputée justement pour la qualité de sa formation, qui lui permet souvent de s’illustrer dans les compétitions de jeunes. Comme lors du récent Euro où elle s’est imposée.
C’est d’ailleurs le seul sport collectif où elle a obtenu un titre olympique (1984), avec le hand qui en compte deux, et en espère un troisième. Car on ne compte pas ici les médailles d’or gagnées dans la préhistoire des Jeux, en rugby et en water-polo.
On dit souvent que le sportif français est individualiste, mais ces constatations démentent cette affirmation dédaigneuse. Ce sont souvent les doubles, les relais, les esquifs d’aviron et de voile, les médailles par équipes dans les disciplines généralement individuelles (escrime, cyclisme, équitation) qui garnissent le mieux le panier.
Il serait souhaitable de mettre de nouveau l’accent sur les relais de natation et d’athlétisme, où l’expertise acquise au fil des olympiades est en train de disparaître. Aux récents championnats du monde juniors d’athlétisme, la France n’a présenté que le seul relais 4 x 100m féminin et il a terminé à la 2e place. Aux derniers championnats du monde juniors de natation, en 2015 à Singapour, il n’y avait aucun relais français. Il faut en vouloir plus.
Les sports d’équipe donnent de surcroît à voir une fraternité black-blanc-beur qu’on ne retrouve pas toujours dans la vie quotidienne. C’est l’image que la France donne au monde entier, celle qui attire les talents et excite les jalousies. Nous sommes nombreux à ne pas nous en plaindre.
Cela laisse pensif sur la situation des sports collectifs dans la métropole marseillaise. Car ces résultats nationaux ne sont pas venus par hasard. Ils sont le fruit d’une politique méthodique, avec des investissements obstinés et importants sur les équipements, la formation des cadres et la détection des jeunes talents.
Marseille avait apporté son écot aux premiers succès du hand français. Aujourd’hui, elle se contente de fournir les deux-tiers de l’équipe de water-polo avec des joueurs du Cercle des Nageurs de Marseille, qui reste au sommet de la discipline en France depuis des lustres.
L’année 2017, quand la métropole sera Capitale européenne du sport, donnera-t-elle l’ambition de démarrer quelque chose d’ambitieux dans les autres sports collectifs ?
VIGNETTES
# La Hongrie compte déjà deux titres grâce à l’épéiste Emese Szasz et à la nageuse de 4 nages Katinka Hosszu. Il est fascinant de voir comment ce petit pays de 10 millions d’habitants accumule depuis longtemps les succès par des choix sportifs intelligents : centrer ses objectifs sur les disciplines les plus techniques, et travailler inlassablement.
# Grâce au titre dans l’épreuve sur route obtenu par le cycliste Greg Van Avermaet, la Belgique a déjà réussi ses Jeux. Elle attendait ce couronnement dans son sport le plus populaire depuis 1952 (et la France attend depuis 1948…). La course a été marquée par de nombreuses blessures provoquées par les chutes. Elle a été très spectaculaire, mais organisée de manière assez relâchée. Les impératifs du succès télévisé ne doivent pas en rajouter dans les disciplines déjà bien assez dangereuses. On n’aime pas voir des athlètes olympiques fauchés, et on gardera longtemps l’image de l’horrible blessure survenue au malheureux et valeureux gymnaste français Samir Aït-Saïd.
# Les jeunes talents français sont très prometteurs, mais encore un peu naïfs. C’est l’impression qu’on a ressenti en vivant les prestations du cycliste Julian Alaphilippe, pourri de talent mais qui manque encore d’à-propos ; de l’épéiste Lauren Rembi, qui n’a pas de stratégie de rechange quand ses redoutables « flèches » n’atteignent pas leur cible ; du judoka Walide Khyar, pourtant champion d’Europe, qui se fait cueillir à 3 secondes de la fin de son combat contre le Brésilien Kitadai, médaillé de bronze des -60 kg en 2012. Le double de tennis Garcia-Mladenovic, pourtant titré à Roland-Garros, s’est fait sortir d’entrée par Hozumi et Doi, un duo de Japonaises dont elles ne se sont pas assez méfiées. Un peu pestouille, Mladenovic met cet échec sur le dos de l’encadrement et sur la distraction de sa partenaire. C’est le métier qui rentre…
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