Mes châteaux d’If: Le temps retrouvé.
Mes châteaux d’If: Le temps retrouvé.
Anne Sylvestre aime les gens qui doutent. Nicolas Mathieu ceux qui racontent des histoires. Moi, ce sont les gens qui chantent. Parce qu’ils sont les plus nombreux et parfois on voit dans les yeux de ceux qui les écoutent des lumières de bonheur. Encore faut il regarder bien au fond des choses. Les gens ordinaires suggérait le Petit Prince, ne les voient pas, ces choses là. Ils ne voient qu’un chapeau alors qu’il y a un serpent boa qui digère un éléphant.
L’Ache de cuba, place Paul Cézanne, était une salle de rencontres incroyable. Elle vient de fermer. Renée a rendu les clés. Les clés de notre bonheur. Un bonheur marseillais qui existait depuis fort longtemps. Depuis le 1er avril 1997. Longtemps, longtemps…l’Ache c’était comme cette comptine sans fin avec des gens qui tendaient la main à d’autres qui prêtaient leurs oreilles. Je n’ ai connu qu’une part de cette aventure. Il y a vingt ans, j’y descendais comme dans une crypte par le cours Julien et puis les escaliers sont bien trop durs au miséreux, ils sont surtout trop casse-gueules aux assoiffés. Puis, il y eut les réunions de l’Assemblée de la Plaine qui, un temps, attiraient plus de monde qu’un OM- Castres, pas difficile non plus, celles où le club de contrée avait des airs du bar de Marius ou de Dimitri, celles où les amis de la chanson autour de Brassens, construisaient des passages entre les clients. Jouer, pianoter, bavarder dans cette chaude atmosphère en buvant un blanc.
J’ y suis venu tard grâce à Christian qui était venu par Katrina qui y était rentrée parce qu’elle allait chez Mina, la boutique d’à coté….et j’avais raconté une soirée.
Vendredi dernier, l’ Ache en exil remerciait, au Studio Théâtre, 43 rue Curiol, celle qui tenait le comptoir sans jamais s’énerver ou si peu. Tout a marché comme les autres fois. Le studio Théâtre est une ancienne pizzeria à l’angle des escaliers de la rue Curiol et Henri Messerer. Quelques dames font leur métier sur les trottoirs. Les cyclistes hésitent en voyant la corde raide qui s’annonce. Et au Studio, un collectif tente de passer des films , de faire de la musique ensemble ou du théâtre. La rue Curiol, c est mythique depuis le solex de Del Pappas.
Eliane a poussé une chansonnette comme ma grand mère, entendons nous comme dans les années 50, avec des trémolos dans la voix. Ça racontait une pauvre fille qui plantait son couteau dans le corps de son amant. Les féministes diraient une héroïne. Vincent en duo avec son père ont allumé des sourires sur tous les visages pour un Boby Lapointe imprononçable. Une sorte d’exercice de style et de diction qu’on ne voit que dans les cabarets de la rive gauche. Vincent a reprisé tous les trous des chansons et je me suis plu à croire à l’IA faite homme. Lui a commandé une bouteille de rouge. Comme toujours. Lui qui nous avait régalé avec du Jean Guidoni, chanteur oublié de la rue Thubaneau où il fut coiffeur, parait-il.
Ils ont même, les effrontés, entonné le Cul de Lucette de Pierre Perret. Autre époque. Philou, un des piliers du club de la chanson, a pris la guitare et chanté Bernard Lavilliers, ” De n’importe quelle couleur la musique est un cri..” Jean-Claude, un coffre de banquier dans la voix, lançait du Alain Leprest ( Arrose les fleurs) tandis que Françoise, timidement sortait un petit accordéon pour s’accompagner sur Anne Sylvestre, ou Juliette Greco. Claude se lançait dans un numéro comique très appris. Et puis il y eu Renaud avec “ Le jour se lève sur ma banlieue...” On s’est tous dit combien les chansons de Renaud avaient peuplé notre jeunesse tandis que pour d’autres plus chenus, Brassens avait comblé leurs besoins d’affranchissements.
Ce soir même Nico a lancé l’ Estaca à la guitare. Bernard Ghirardi accompagné de Francesca racontaient une de ces fables marseillaises qu’il a lui même inventée. Gisèle a sorti le grand jeu pour quelques ritournelles de Piaf. L’ Homme à la moto a encore trépassé dans un éclair de feu et au passage à niveau, Katrina attendait que la caravane passe pour reprendre sa guitare et faire quelques airs latinos.
On pourrait si on avait la mémoire égrener toutes les chansons entendues et ré-entendues chaque soir, on y découvrirait surtout la saveur des textes, on remercierait à genoux leurs auteurs mais surtout leurs interprètes. Ici on demande qui c’est, on se demande si on se rappellera la chanson. On écoute surtout. Sans écoute, pas de parole.
Les chansons n’ont pas fini de tourner. On en poussera quelques unes à Manifesten le 12 février et au Court Circuit le 24 janvier, parait il et même à la Base, aux Chartreux le 30 janvier. Chauffe tes cordes vocales.
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Fermeture de l ‘Ache de Cuba.
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Ce soir dés 18H 30, open mic et scène ouverte au 43 rue Curiol. Deux mercredis par mois.
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