Le site de “bons plans” Le Tarpin Bien fait la promo de la prostitution de rue
Dans un article intitulé "Marseille sexy, coquine, licencieuse", le site spécialisé en idées de sorties à Marseille Le Tarpin Bien dérape complètement sur la prostitution de rue en utilisant des termes stigmatisants, racistes et grossophobes.
Capture d'écran du site le Tarpin bien le 19 septembre.
Le début de l’article est étonnant, mais ne contient rien qui justifie un papier dans Marsactu. Intitulé “Marseille sexy, Marseille coquine, Marseille licencieuse”, le texte publié il y a quelques jours sur le site de “bons plans” locaux Le Tarpin Bien recense les lieux où le sexe est mis à l’honneur dans la ville. Plages, boîtes de nuit, sex shops, cinéma… pourquoi pas.
La fin de l’article, en revanche, pose de sérieuses questions morales, éthiques, voire de légalité. En effet, dans les derniers paragraphes de ce tour de la “facette plus coquine, imprégnée d’un mélange de sensualité et de liberté” de la ville, on trouve carrément une énumération des lieux de prostitution de rue. Et ce, dans des termes qui présentent l’activité comme un simple loisir, bien loin de la réalité des conditions de vie souvent difficiles des personnes travailleuses du sexe.
Physique, origines, tarifs et prestations listées sans détours
“Le Vieux-Port n’ayant plus de bars américains (oui quel dommage…), vous pouvez trouver des prostituées de rue à Marseille dans ces quartiers”, introduit l’auteur, qui n’est autre que le directeur du Tarpin Bien. Il débute ainsi son exposé par un boulevard bien connu qui “regorge de prostituées”, où l’on trouve “également des prostituées africaines noires et arabes“, ou encore cette rue du centre-ville où l’on “croise quelques prostituées algériennes sexy.” La suite, au sujet d’une autre rue du cœur de ville, va beaucoup plus loin : “Le prix est de 40 à 50 euros pour une fellation et une baise rapide. La plupart des prostituées sont grosses et âgées. Mais la plupart de ces prostituées plus âgées savent sucer des bites et si vous voulez une bonne fellation, ce sont elles que vous devriez choisir, plutôt que les jeunes filles”, écrit Jean-Michel Florand. Vient ensuite une succession de puces qui déroulent une bonne dizaine de lieux de prostitution de rue.
Le dernier passage de cet article, consacré aux “salons de massage érotiques ou naturistes” n’est pas en reste. “Comptez 40 à 80 € pour un massage. 20 à 50 € pour une branlette ou une fellation. Le sexe coûtera un peu plus cher, entre 50 et 100 €. Vous devriez éviter les massages dits « naturistes » : ils sont extrêmement chers, et vous aurez de la chance si vous obtenez plus qu’une branlette”, y lit-on.
“Je n’ai pas fait attention”
Contacté, l’auteur de ces lignes certifie qu’elles ont été retirées. En ligne depuis le 6 septembre et placé à la Une du site, l’article a en effet été tronqué des passages cités plus haut entre l’appel de Marsactu et l’échange que Jean-Michel Florand nous a accordé. Soit en quelques heures. “Un modérateur m’a appelé ce matin [ce jeudi]. Il était également choqué et nous avons coupé la partie consacrée à la prostitution, se défend ce dernier. Je n’ai pas fait attention.” Jean-Michel Florand explique ainsi avoir repris telles quelles des informations du site Wikisex, dans le cadre d’un “article de presse” dont il est à l’origine. “Je ne les connais pas, mais je me suis dit que ça ne serait pas idiot”, ajoute-t-il. Pas idiot, mais “limite”, concède le directeur du Tarpin Bien. La présentation d’une activité qui implique des personnes souvent plongées dans une grande précarité, dans des termes proches de la promotion de produits de supermarché, en usant d’un vocabulaire parfois raciste et grossophobe, est pourtant clairement sujette à caution.
“Je trouve ça vraiment grossier, ça me met mal à l’aise, réagit Eva Vocz, ancienne travailleuse du sexe et désormais consultante pour les structures en lien avec le sujet. Ça a un côté : Je viens faire mon tourisme sexuel et j’incite à le faire sans aucune prise en compte de la situation des personnes qui exercent, sans savoir si elles sont ou non exploitées. La classification des femmes en fonction de leurs origines me choque.” Pour la jeune femme, c’est la partie sur les salons de massage qui est la plus dérangeante. “Je crois que le pire passage, c’est celui-ci : « Vous aurez de la chance si vous obtenez plus qu’une branlette ». Est-ce une incitation à repousser les limites de la masseuse ?”, s’indigne-t-elle. Dans le milieu associatif marseillais qui accompagne les travailleuses du sexe, on réagit sensiblement dans les mêmes termes.
Répréhensible pénalement ?
“Le ton est vulgaire, ce n’est pas du journalisme, l’idée est plutôt de faire du buzz avec des liens et les mots clés que l’on connait. Sans compter les termes racistes, grossophobes, ou du moins stigmatisants pour pointer des personnes du fait de leur âge ou de leur couleur de peau”, ajoute un membre associatif qui souhaite rester anonyme. Le Tarpin Bien se présente pourtant comme un “site internet à vocation journalistique géré par une équipe de bénévoles et qui ne présente que ce qui est « tarpin bien », ou autrement dit « très bien » à Marseille.” “Journalisme de bas étage, alors”, complète la source citée plus haut, qui tient cependant à ajouter une nuance : “Malgré tout, on parle d’elles et cela les arrange. Lorsque l’on n’est pas abolitionniste, mais plutôt dans l’accompagnement, on doit le reconnaitre.”
Outre l’aspect moral, c’est la question de la légalité des propos écrits qui se pose. Contactée, la préfecture de police n’a pas pu revenir vers nous dans les courts délais impartis à la publication de cet article. Le code pénal précise pourtant : “Le proxénétisme est le fait, par quiconque, de quelque manière que ce soit, d’aider, d’assister ou de protéger la prostitution d’autrui.” “La question est : cet article peut-il être une aide à la prostitution ? La réponse n’est pas évidente. Quand on dit “de quelque manière que ce soit”, c’est très large”, éclaire Pascal Luongo, avocat pénaliste. Le proxénétisme est puni de sept ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende.
Commentaires
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“Je n’ai pas fait attention”
bon alors, si c’est pour faire des “copier/coller” ou des commentaires tarpin pourris, change de métier.
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Gerbant. On croit avancer mais il y en a qui restent bien ancrés dans le XXeme siècle…
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OH WOW
je suis sciée
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Votre article qui se démarque de la fausse confraternité qui ne serait en la circonstance que complicité mérite de grandes louanges.
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Il y a des tas de sites concernant la ville et les activités possibles et variées qui parlent des spots en tout genre et des endroits à fréquenter “the place to be”
On peut dire que là ils ont dépassé une certaine mesure et les bornes normalement admises.
Ce ne sont pas de toute évidence des journalistes.
Votre vigilance et louable.
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Que les annonceurs de ce Tarpin pas bien du tout se retirent, point.
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Ils auraient dû se nommer Le Tapin “bien”…
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Ce qui me rend profondément triste, c’est l’absence totale de réflexion de cette personne. On vit une actualité effroyable avec le procès des viols de Mazan, dont l’enseignement majeur reste que le violeur n’est pas un monstre, mais bien “Monsieur tout le monde”… Et cet article tombe comme une fleur pour conforter ces messieurs dans ce schéma terrifiant : les femmes sont des consommables, sur lesquels on peut même se permettre la moquerie. Quel monde de merde.
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L’analogie est pertinente, en particulier pour le nombre d’entre elles qui se prostituent pour acheter de la came, et ensuite se cament pour supporter la prostitution…
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Je me suis fait la même réflexion… en allant un peu plus loin: on a une personne fort bien insérée dans la société (directeur de publication d’un site qui tourne bien) qui laisse passer des trucs comme ça parce qu’il n’a “pas fait attention”. Ce genre de “drapeau rouge” mériterait d’aller investiguer un peu sur ses pratiques, poser quelques questions aux femmes qui lui sont, ou lui ont été, subordonnées à un moment où un autre.
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Beurk !
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Beurk à cette organe de presse ,ou réputé tel.
Sordide !
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Question : le tarpin bien fait il la même chose sur les points de vente de la beuh? Avec les tarifs?
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En quoi attaquer la prostitution et son activité va permettre aux personnes précaires qui la pratiquent de sortir de la misère et de leur condition ? au contraire laissez les travailler et stop la chasse aux sorcières ! Marsactu collabo ?
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Quel passage de l’article vous paraît attaquer les prostituées ? Au contraire l’article fait remarquer que le papier du Tarpin Bien évoquait les prostituées de façon passablement gerbante…
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Tapin bien ! Pourrait faire un excellent titre ?
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