JO 2024 : Teddy embrasse le judo et terrasse le Japon
Le triple champion olympique des lourds a conclu victorieusement la compétition par équipes. L’équipe de France de judo s’est imposée à domicile, en confirmant son titre acquis à Tokyo.
S’ils existent bien, les lecteurs de cette chronique estiment peut-être qu’on y parle un peu trop du judo. Qu’ils soient rassurés : c’est maintenant fini, après l’apothéose de la finale par équipes. Teddy Riner a apporté le point décisif dans le dernier « golden score » contre Tatsuru Saïto, auquel il avait infligé un autre ippon quelques minutes auparavant. Le colossal japonais (160 à 170 kg), fils du grand Hitoshi Saïto (champion olympique des lourds en 1984 et 1988), s’était préparé depuis des années à contrer le champion français, il n’y est jamais parvenu.
La finale par équipes avait mal commencé avec deux victoires successives des Japonais contre Maxime-Gaël Ngayap-Hambou et Romane Dicko. Après que Riner a réduit le score, Sarah-Léonie Cysique a cédé contre Natsumi Tsunoda et sa technique de sacrifice qui avait déjà payé dans le tournoi individuel. Menée 1-3, le sort de l’équipe de France reposait sur Joan-Benjamin Gaba, médaillé d’argent individuel en moins de 73 kg, qui affrontait Hifumi Abe, double champion olympique des moins de 66 kg. Lesté de deux pénalités, le Français a progressivement étouffé physiquement son adversaire, lui infligeant un ippon au bout d’une prolongation de près de 5 minutes. Clarisse Agbegnenou a permis à la France de revenir à 3-3 contre Miku Takaïchi, battue par ippon au bout de 3 minutes dans la prolongation. Le tirage au sort a ensuite confié à Riner le soin de conclure cette saga.
La France a confirmé le titre qu’elle avait obtenu aux JO de Tokyo, et repoussé les puristes japonais qui tenaient tant à prendre leur revanche. Riner a écarté les derniers doutes sur sa position de n°1 dans l’histoire du judo, et donné un rayonnement éclatant à son équipe devant un public exultant et ravi. On ne peut que s’incliner…
L’autre vainqueur de cette journée de samedi, c’est Paris ! L’épreuve de cyclisme en ligne a permis aux meilleurs professionnels de s’affronter dans un final de rêve, devant un public considérable et enthousiaste, dans les décors du Paris populaire de Belleville à Montmartre en passant par Barbès, avant de terminer sur le pont Alexandre-III devant la Tour Eiffel. Cet écrin a pu accueillir l’exploit majestueux du Belge Remco Evenepoel, qui a décramponné un à un tous ceux qui l’avaient accompagné dans une longue fugue. Son effort généreux lui a même permis d’être accompagné dans la fin de course par une voiture de son équipe, qui a pu le dépanner rapidement lors d’une crevaison à quelques longueurs de l’arrivée, devant la pyramide du Louvre ! Le dernier de ses compagnons d’échappée, le Français Valentin Madouas, a obtenu détaché une belle médaille d’argent, avant que son compatriote Christophe Laporte ne règle au sprint le petit groupe de poursuivants pour la médaille de bronze. Une course en tous points mémorable. Evenepoel (24 ans) est le premier cycliste titré dans la même édition contre la montre et dans la course en ligne, ce qui valorise un superbe palmarès qui ne demande qu’à prospérer.
Les Américaines Simone Biles, en gymnastique, et Katie Ledecky, en natation, continuent de faire leur marché de médailles d’or et de marquer l’histoire de leur discipline. La nageuse canadienne Summer McIntosh (17 ans) ne tardera sans doute pas à les rejoindre.
Au stade de France, l’Américaine Sha’Carri Richardson a de nouveau manqué l’occasion de devenir la reine du 100 m. Elle avait été privée des JO de Tokyo pour un « joint » défectueux et à Paris, sous la pluie, elle a laissé fuiter la victoire promise après les forfaits des sprinteuses jamaïcaines. La victoire s’est donnée à une inconnue de 23 ans, venue de Sainte-Lucie, petite ile déshéritée des Antilles voisine de la Martinique. Julien (prononcer Juline, il s’agit bien d’une jeune femme) Alfred est bien partie, et a terminé en bolide dans le temps respectable de 10 s 72.
Le lanceur de poids américain Ryan Crouser (31 ans) aurait dû être la star de la première soirée d’athlétisme, mais son triplé olympique, après les titres obtenus à Rio et Tokyo, ne parvient qu’à peine à attirer l’attention des TV. Il détient aussi un prodigieux record du monde à 23,56 m. Notre petit doigt nous dit qu’il prolongera jusqu’à Los Angeles dans quatre ans pour tenter d’égaler le quadruplé réussi par ses compatriotes, le discobole Al Oerter et le sauteur en longueur Carl Lewis.
Il faut saluer les médailles obtenues par des Françaises dans les épreuves de tir : argent pour Camille Jedrzejewski au pistolet à 25 m, et bronze pour l’archère Lisa Barbelin devant une Sud-Coréenne s’il vous plaît.
Il faut déplorer aussi, surtout pour elles, les échecs subis par les Françaises dans les compétitions par équipes. Les sabreuses partaient pourtant favorites après leur doublé dans l’épreuve individuelle. La pression joyeuse du public, au Grand palais, les a semble-t-il bridées face aux Coréenne puis aux Japonaises. La foule s’est consolée en célébrant la victoire finale des Ukrainiennes, qui obtiennent ainsi le premier titre à Paris pour leur pays meurtri.
L’équipe de France de football a fini de désespérer ses supporteurs (qui ont fait pourtant un joli raffut au stade nantais de la Beaujoire). Les défauts récurrents de l’équipe ont produit leur effet rituel en seconde période, et elle a fini par perdre (0-1) en quart de finale contre le Brésil un match qu’elle aurait dû cent fois gagner. Sans foi, elle l’a perdu, confirmant son incapacité à rejoindre le dernier carré d’une compétition importante. Il va falloir tout reconstruire, et se débarrasser des mauvaises ondes qui entravent le jeu d’une équipe très douée sur le papier et trop prévisible sur la pelouse.
Les basketteuses du 3 X 3 disparaissent elles aussi prématurément de leur tournoi olympique, laissant juste le temps de signaler leur présence.
Les nœuds dans la tête ne sont pas l’apanage des filles et les incrédules n’auront qu’à examiner les contre-performances du perchiste français Thibault Collet, et des décathloniens canadien Damian Warner (champion olympique en titre) et norvégien Sander Skotheim (3e du classement provisoire avant l’épreuve), tous incapables de franchir une hauteur à la perche qu’habituellement ils passeraient même habillés en skieurs.
VIGNETTES
¤ La joueuse de tennis chinoise Zheng Qinwen est devenue championne olympique face à la Croate Donna Vekic (6-2, 6-3) après avoir dominé la n°1 mondiale, la Polonaise Iga Swatiek, finalement médaillée de bronze.
¤ Le meilleur des Français engagés sur marathon, Mehdi Frère, a vu sa suspension de deux ans confirmée par le Tribunal arbitral du sport, après avoir manqué trois obligations de localisation en vue d’un contrôle antidopage. Félix Bour sera engagé dans l’épreuve à sa place, et on ne comprend pas pourquoi il ne l’a pas su plus tôt.
¤ Le Norvégien Markus Rooth (22 ans) est le vainqueur surprise du décathlon olympique, en devançant de justesse l’Allemand Leo Neugebauer et le Grenadien Lindon Victor. Après Sainte-Lucie sur 100 m féminin, la Grenade au décathlon, une autre île de la mer des Caraïbes s’est illustrée avec la victoire de la Dominicaine Théa LaFond au triple saut, qui l’a célébrée avec un des plus larges sourires de toute l’histoire olympique.
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