JO 2024 : Riner n°1 du sport français, Marchand n°1 des Jeux de Paris

Billet de blog
le 3 Août 2024
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Paris a réussi ses Jeux, quoiqu’il arrive désormais. Et la France a rencontré le plus grand sportif de son histoire, Teddy Riner, et le plus grand champion de cette édition des JO, Léon Marchand. La fête est pourtant loin d’être achevée.

Cette chronique n’a pas vocation à rajouter une louche dans les superlatifs et les dithyrambes qui débordent de partout. Il s’agit d’exprimer les émotions d’un vieil amoureux du sport, dont les Jeux Olympiques ravivent la passion et font renaître la fraîcheur d’une découverte remontant à 1960. Au bout d’une semaine de compétition, il n’est pas question d’écrire ici : « Maintenant, on peut mourir… » comme le barde Thierry Roland l’avait soupiré au soir de la première victoire en Coupe du monde de l’équipe de France de football.

Calmement, après avoir fait un bon dîner en famille avec des représentants issus de la majorité non-sportive de notre nation, on peut affirmer ici que les Jeux Olympiques de 2024 à Paris vont laisser une trace indélébile dans l’histoire du sport, de notre pays et de sa capitale. Alors que la première semaine des compétitions vient à peine de s’achever.

Il ne s’agit d’ailleurs même plus des JO de Paris, dont tout le monde convient déjà qu’ils sont réussis. Trois visages en ont émergé dont on se souviendra toujours quand on aura oublié dans quelle ville ils ont souri pour l’éternité. Simone Biles, la gymnaste de tous les temps, femme accomplie et sportive admirable, accueille désormais à ses côtés Teddy Riner et Léon Marchand.

Riner est devenu le plus grand sportif français de l’histoire, le meilleur judoka d’une discipline née il y a plus d’un siècle à l’autre bout du monde, et le plus impressionnant représentant des sports de combat qui prospèrent dans le programme olympique. Aucun autre boxeur, lutteur, escrimeur n’a gagné plus d’affrontements que lui dans le cadre des JO.
Il est devenu la figure iconique d’une discipline qui compterait plus de 8 millions de pratiquants dans le monde, dont plus d’un demi-million en France. Aucun autre champion français multi-médaillé n’est issu d’un tel terreau et d’une telle concurrence.

Il est même question de sa razzia de récompenses se prolonge dès aujourd’hui avec la compétition par équipes, et dans le futur vers les prochains JO de Los Angeles. Peu importe, sa place au firmament du sport lui est déjà acquise.

Romane Dicko aurait pu partager les lauriers avec lui, mais elle a été emportée par la malédiction qui a frappé les favorites françaises à Paris. Elle a été battue en demie par la future championne olympique, la Brésilienne Beatriz Souza, alors que la tenante du titre japonaise Akira Sone et la multi-médaillée cubaine Idalis Ortiz avaient déjà été balayées par la nouvelle vague.
Le Japon a obtenu trois titres individuels durant ces JO, mais la France le dépasse au nombre des podiums (neuf contre sept) et de nombreuses nations apparaissent désormais comme des rivales redoutables. Dans ce chamboule-tout, la permanence totémique de Teddy Riner est d’autant plus impressionnante.

Le nageur Leon Marchand est une troisième étoile du firmament dans ces Jeux parisiens. Il s’agit bien d’un astre, et non d’un astéroïde, sans manquer de respect à quiconque. Son sport lui permet de récolter plusieurs médailles à la suite, mais aucun de ses rivaux n’est parvenu à la même plénitude. Quatre titres en quatre courses, toutes exigeantes et ouvertes à la concurrence de travailleurs infatigables et acharnés. Cet accomplissement n’avait jamais été réalisé, même par Michael Phelps, et il n’est pas près d’être réédité. Sinon par Marchand lui-même, s’il en ressent l’envie. Comme Riner, le nageur étoile peut ajouter une friandise supplémentaire dans une ou deux épreuves collectives où il pourrait s’engager.

Florent Manaudou a fait taire tous ceux qui critiquaient sa légèreté dans la conduite de sa carrière, y compris dans la présente chronique. Il a transformé ce handicap en vertu, ce qui lui a permis de décrocher avec deux centièmes d’avance la médaille de bronze du 50 m, sa quatrième récompense olympique sur la distance. Il rejoint ainsi Michael Phelps, seul jusqu’ici à avoir montré une telle longévité dans le succès (sur deux épreuves). La finale s’est nagée relativement lentement : le Canadien Cameron McEvoy s’est imposé en 21 s 25, quand le vainqueur de Tokyo, l’Américain Caleb Dressel, avait gagné en 21 s 07. Le porte-drapeau de la délégation française a su en profiter, bravo.

Le Bicycle motocross (BMX pour les intimes) est une forme de cyclisme dont l’intérêt planétaire nous échappe un peu, mais elle est très populaire chez les jeunes, et va le devenir plus encore après le triplé réalisé par les Français dans l’épreuve de « racing » et le bronze déjà obtenu en « freestyle ». Les fans de la discipline attendaient des médailles depuis les Jeux de Pékin en 2008. Ils en ont célébré trois d’un seul coup après la course parisienne, grâce à Joris Deaudet, Sylvain André et Romain Maheu.
Un tel triplé est exceptionnel, toutes disciplines confondue, et les “grands ” sports ont limité à deux le nombre de participants par pays pour éviter de décourager la concurrence.

Les autres médailles (de bronze) obtenues par notre délégation viennent de sports moins à la mode, mais elles nous semblent plus méritoires, car la concurrence y est très aiguisée.
L’équipe de sauts d’obstacles (jumping, si vous aimez mieux) a pris la troisième place, derrière les Britanniques et les Etats-Unis. Dans l’espace magnifique aménagé devant le château de Versailles, Simon Delestre, Olivier Perreau et Julien Epaillard ont maintenu la tradition française dans cette discipline et leurs montures, un peu étonnées par tout ce tumulte, ont sans doute eu droit à une pomme supplémentaire.

Les épreuves de voile vivent de reports en régates courues avec précipitation, selon l’humeur du vent à Marseille. Un duo de mères de famille rochelaises, Charline Picon et Sarah Steyaert, ont trouvé une place sur le podium derrière les Néerlandaises et les Suédoises dans la catégorie « forty niners FX », dériveur léger monocoque de type skiff, gréé en sloop bermudien, dans la version adaptée aux femmes du 49ers des garçons, selon les informations dont nous disposons. Charline Picon a ainsi réussi une étonnante reconversion, après que sa première discipline, la planche à voile, a disparu du programme olympique. Elle y avait déjà obtenu un titre et une médaille d’argent. Les deux jeunes femmes étaient si souriantes à l’arrivée que leurs compagnons respectifs les ont demandées aussitôt en mariage avant qu’une immense concurrence masculine ne se manifeste.

Dans les sportkos, les résultats des Français sont fluctuants. Les footeux ont difficilement battu (1-0) l’Argentine et se sont ingéniés à renforcer l’inimitié sportive entre les deux pays, en allant narguer leurs adversaires à la fin du match. Thierry Henry s’en est montré contrarié. L’ancienne star est en train de muer d’entraîneur peu convaincant à sélectionneur remarquable. Il a trouvé sa voie, et conduit son équipe vers un succès, chose exceptionnelle aux JO.
En revanche, les basketteurs et les volleyeurs se mettent tous seuls dans la panade, dont les handballeurs s’efforcent de s’extraire avec grande difficulté. Les prochaines rencontres seront cruciales, et le public y jouera un rôle important.

Les boxeurs français sont en train de rééditer la superbe performance collective réalisée aux JO de Rio. Trois d’entre eux sont déjà assurés d’obtenir une médaille : Billal Bennama (moins de 51 kg), Sofiane Oumiha (moins de 63,5 kg) et Djamili-Dini Aboudou-Moindze (plus de 92 kg),

VIGNETTES
¤ La délégation des athlètes individuels neutres, qui regroupe des sportifs russes et biélorusses acceptés par le CIO, était 25e vendredi soir au classement des médailles après les épreuves de trampoline. Ivan Litvinovitch (Biélorusse) s’est imposé, et sa compatriote Viyaleta Bardzibuskaya a pris la médaille d’argent. Le double dames de tennis ne connaît pas encore la couleur de sa médaille, mais Mirra Andreeva et Diana Schnaider (toutes deux Russes) sont qualifiées pour la finale.

¤ L’adversaire de Teddy Riner en quart de finale du tournoi olympique des plus de 100 kg était le Géorgien Duram Tushishvili. Battu par ippon par le Français, il l’a néanmoins ostensiblement nargué et le salut réciproque qui conclut le combat manquait quelque peu de respect. Cela n’a pas échappé aux autorités compétentes qui ont disqualifié le Géorgien, l’empêchant ainsi de participer au repêchage et de briguer une médaille de bronze, l’ont privé de l’épreuve par équipes, et l’ont suspendu à titre provisoire avant d’examiner son cas plus attentivement. On n’espère pour lui que cela s’arrêtera là.
L’adversaire précédent de Riner n’est pas concerné par ce type de sanction. Il ne s’était pas montré non plus particulièrement chaleureux à la fin du combat, qu’il a perdu, il est vrai, après avoir écopé d’une 3e pénalité. Cet adversaire représente les Emirats Arabes Unis et s’appelle Magomedomar Magomedomarov, ce qui laisse supposer que sa récente naturalisation n’a pas encore permis de lui procurer un nom émirati.

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