Le chantier naval de Marseille officiellement prié de baisser le volume
La préfecture des Bouches-du-Rhône vient de prendre un arrêté qui encadre les nuisances sonores provenant du chantier naval du Grand port de Marseille. Au plus grand soulagement des riverains de la forme 10 qui luttent depuis plusieurs mois pour obtenir un peu de calme.
La forme lors de la construction du nouveau bateau porte durant l'été 2014.
“On partait de loin, mais là, on a obtenu pas mal d’avancées”. Patrick Robert, le président du CIQ Estaque Gare, a la voix de l’homme qui vient de gagner un combat. Ce mercredi 31 juillet, la préfecture des Bouches-du-Rhône a annoncé la publication d’un arrêté qui risque fort de changer la vie de ceux qui vivent à proximité du chantier naval de Marseille, et plus précisément, de la forme 10 du Grand port maritime qui permet de réparer les plus gros bateaux. Cet acte administratif, précise la préfecture, “permet de consolider les atouts offerts par cette installation industrielle majeure” mais, surtout, il “vise à encadrer les interventions les plus susceptibles d’occasionner des troubles importants pour la vie des riverains”.
Depuis quelques années, c’est un véritable enfer sonore que décrivent les habitants vivant à proximité du chantier naval de Marseille. Avec le développement de l’activité de “refit”, autrement dit de réparation de yachts et paquebots de croisière, les voisins les plus proches de la forme 10 n’avaient plus de répit. Impossible de fermer l’œil, parfois jusqu’à très tard dans la nuit. “Le bruit le soir et les jours fériés, c’est fini. Nous sommes satisfaits même si nous restons vigilants”, poursuit Patrick Robert, qui vient de lire le document.
Saisonnalité et ouverture du dialogue
Plus précisément, il s’agit d’un arrêté complémentaire qui vient s’ajouter à l’autorisation d’exploitation de la forme 10. Concrètement, cela signifie que la société chantier naval de Marseille ne peut “réaliser des activités particulièrement bruyantes” que du lundi au vendredi, “hors jour férié” de 7 heures à 21 heures sauf du 15 avril au 15 octobre. Sur ces six mois de l’année, les activités les plus bruyantes – comme le décapage des coques par exemple – devront cesser à 20 heures. “Cette saisonnalité est très importante pour nous, réagit encore Patrick Robert, car l’été, c’est le moment où nous vivons les fenêtres ouvertes.”
En ce qui concerne le samedi, une tolérance sera mise en place. “Aux mêmes horaires, si non fériés et uniquement suite à information préalable des associations de riverains”, écrivent les services de la préfecture. Une nouvelle source de satisfaction pour le président du CIQ qui salue l’ouverture du dialogue entre le chantier naval et ses riverains. En avril dernier, une réunion portant sur le sujet avait eu lieu entre le Grand port maritime de Marseille, la société chantier naval et les services de l’État. Sans que les habitants soient conviés.
Capteurs et Comité de suivi
Autre mesure notable : le chantier naval devra, durant un an au moins, installer des capteurs afin de mesurer son impact sonore. En tout, trois points de captage seront utilisés, dont deux à proximité directe des habitations. “Mais comme pour la température, il a ce que l’on voit sur l’instrument, et le ressenti”, prévient Patrick Robert qui promet de rester vigilant. Tous les trois mois, un bilan devra ainsi être transmis à l’inspection chargée de contrôler les installations de ce type. Évolution dans les temps des niveaux sonores et corrélation entre sons et activité feront, par exemple, partie de ce bilan.
Des dispositions concernant les émissions lumineuses sont également prévues. Il sera ainsi interdit, au sein du chantier, de laisser allumé l’éclairage extérieur hors activité ou lorsque cela n’est pas nécessaire pour des questions de sécurité. Le dernier point de l’arrêté est d’importance puisqu’il prévoit l’installation d’un comité de suivi “associant l’ensemble des parties prenantes (représentants des riverains, CIQ, associations, représentants des salariés, collectivités et services de l’État)”. “On se sent désormais écoutés”, conclut Patrick Robert. En mai dernier, une manifestation de riverains avait tourné au vinaigre lorsque des travailleurs du port s’en étaient pris physiquement à certains d’entre eux. Plusieurs plaintes ont été déposées suite à cet événement.
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