À la Capelette, on se prépare à être sous les eaux

Actualité
le 18 Juil 2016
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En cas de crue de l'Huveaune, une grande partie du quartier de la Capelette dans le 10e arrondissement se retrouverait sous les eaux. Le plan de prévention du risque inondation en cours d'élaboration limite fortement les possibilités de construction. La zone d'aménagement concertée en sera forcément modifiée.

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Sur bors de l'Huveaune, de nombreuses rues se terminent en impasse sur le fleuve côtier. Photo : B.G.

Sur bors de l'Huveaune, de nombreuses rues se terminent en impasse sur le fleuve côtier. Photo : B.G.

Il y a parfois des nuages qui volent en escadrille. À la Capelette, ce ne sont pas ceux qui s’amoncellent au-dessus des têtes qui sont le plus à craindre. Il faut regarder plus à l’Est, du côté de Saint-Zacharie, non loin de là où l’Huveaune prend sa source. “À la Capelette, nous avons l’habitude d’être sous l’eau, constate fataliste, Jeaninne Trucy, la présidente du CIQ éponyme. Cela remonte au Moyen-Âge où il y avait ici des marais. Plus récemment, nous sommes nombreux à nous souvenir de l’inondation de l’hiver 1978 où on circulait en barque dans le quartier.”

Pour prévenir ce risque d’une crue importante, telle qu’elle arrive tous les cent ans en moyenne, l’État a mis en branle un plan de prévention des risques inondation (PPRI) qui s’applique à Marseille au bassin versant de l’Huveaune et à celui du Jarret, rivière qui donne son surnom au boulevard, et se jette dans le fleuve côtier. Ce PPRI est entré en phase de concertation, avant une enquête publique à l’automne et une signature en fin d’année.

 

Présentées à la population ces jours derniers dans le cadre de la concertation publique, les cartes mises au point par la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) ont de quoi faire frémir. La quasi-totalité du quartier est recouverte d’un rouge vif inquiétant en cas de crue centennale ou exceptionnelle. De quoi clairement réduire les ambitions de la Soleam en charge des aménagements de la zone d’aménagement concerté (ZAC) de la Capelette, dont ont devine le fin tracé jaune sur la carte ci-dessous.

Extrait du plan de prévention des risques de l'Huveaune. Au Sud, on peut voir le stade Vélodrome.

Extrait du plan de prévention des risques de l’Huveaune. Au Sud, on peut voir le stade Vélodrome.

Le directeur de cette société publique d’aménagement, Jean-Yves Miaux, ne s’en émeut pas encore. “Pour l’heure, ce document constitue ce qu’on appelle un porté à connaissance. Nous avons là une base à partir de laquelle nous pouvons discuter. Nous allons continuer à travailler sur ce sujet.” Cela se fera notamment au cours des échanges avec les partenaires du plan de prévention dans la foulée de la concertation publique.

Le risque inondation au cœur de la ZAC

Les commentaires qui accompagnent les documents de présentation du PPRI sont très clairs : dans les parties peintes en rouge, les prescriptions réglementaires interdisent la création de locaux d’habitation ou d’activité. Au vu des terrains concernés à la Capelette, on pourrait y voir un sérieux frein pour l’aménagement du quartier. Le rapport de présentation du PPRI concernant la Capelette est explicite :

Capture d'écran d'un extrait du rapport de présentation plan de prévention du risque inondation de l'Huveaune.

Extrait du rapport de présentation plan de prévention du risque inondation de l’Huveaune.

Sur ce point, le maire de secteur, Lionel Royer-Perreaut refuse de s’alarmer. “Il est très clair qu’à partir du moment où le PPRI sera signé par le préfet, début 2017, tous les permis de construire devront appliquer les dispositions réglementaires qu’il contient. Vu l’état d’avancement de la ZAC de la Capelette, je n’ai pas de permis de construire en cours de validation. Pour le futur, l’État a prévu des espaces stratégiques de requalification [ESR, ndlr] qui vont nous permettre de poursuivre nos aménagements tout en respectant les règles du plan de prévention.”

En zone rouge, création interdite

Dans les zones concernées par le risque le plus fort, les créations seraient donc interdites mais les aménageurs pourront tout de même implanter de nouveaux immeubles du moment qu’ils n’occupent pas de mètres carrés supplémentaires par rapport aux immeubles existants. Le maire de secteur est plus inquiet en ce qui concerne des projets non encore validées notamment à Saint-Loup où la deuxième tranche d’un ensemble immobilier de 260 logement est projetée par le promoteur Kaufman & Broad. Même chose concernant la deuxième tranche du programme d’aménagement d’ensemble de Saint-Loup, situé en bordure du fleuve.

“Les zonages de couleur correspondent au croisement entre la carte des aléas selon qu’ils soient faibles, modérés ou forts et les enjeux en fonction du caractère urbanisé ou pas des zones concernées, explique Paul Guéro, en charge du risque inondations à la DDTM. Nous distinguons donc des zones en bleu foncé où le risque est fort mais qui restent constructibles des zones rouges où l’inconstructibilité est la règle.” Dans ce bleu synonyme de feu vert, on retrouve ainsi tout le quartier autour du nouveau stade Vélodrome. À l’intérieur du zonage rouge, des nuances sont encore possibles en fonction de l’emprise au sol des bâtiments existants, des démolitions et reconstructions sont possibles.

Concrètement, les immeubles ne peuvent pas présenter de surface habitable en dessous de la zone des plus hautes eaux. “Dans les habitations les plus anciennes, notamment en bordure de l’Huveaune, les gens sont invités à réaliser une zone refuge si le coût des travaux ne dépasse pas 10 % de la valeur vénale de leur logement, détaille le maire de secteur. Si le coût est trop élevé, ils peuvent obtenir une prise en charge via le fonds d’indemnisation du risque inondation. Ils ont 5 ans pour le faire à partir de la date de signature du PPRI.”

Six heures pour prévenir les populations

S’ajoute à cela la mise en place d’un plan de sauvegarde qui doit permettre de prévenir les populations concernées en aval de la crue. “À Marseille, nous savons que nous avons 6 heures pour le faire, reprend Lionel Royer-Perreaut. En 2009, lors des inondations qui ont fait suite à l’incendie dans les calanques, les habitants de Saint-Loup avaient été prévenus par texto. Désormais les systèmes d’information sont plus performants encore.”

Le style très provisoire du groupe scolaire de la rue Curtel. Photo : B.G.

Le style très provisoire du groupe scolaire de la rue Curtel. Photo : B.G.

La prise en compte du risque inondation a déjà eu des effets sur l’aménagement du quartier de la Capelette. Ainsi le nouveau groupe scolaire qui doit être livré en septembre est bâti en zone inondable. Il est donc provisoire et appelé à déménager dans les cinq prochaines années. C’est d’ailleurs ce qui explique le retard pris dans sa livraison. “Le préfet a retenu le permis de construire pendant près d’un an pour s’entourer de toutes les garanties nécessaires concernant le risque d’inondation, fustige le maire de secteur. Or, le besoin d’écoles est immense dans le secteur. Les populations voisines n’ont que trop attendu.”

Autre conséquence, positive cette fois, les rives immédiates de l’Huveaune ne pourront pas être urbanisées. Cela relance un vieux sujet jamais abouti : la construction d’une promenade tout au long du fleuve côtier. “C’est un projet ancien qui se trouve ainsi relancé, notait Gérard Chenoz, le président de la Soleam lors de la conférence de presse de présentation du parc provisoire de la Capelette. Désormais nous pouvons imaginer la réalisation d’une promenade tout le long de l’Huveaune jusqu’à son embouchure.”

Un sentier improvisé sur les rives du fleuve côtier. Photo : B.G.

Un sentier improvisé sur les rives du fleuve côtier. Photo : B.G.

Dès aujourd’hui, les promeneurs et riverains du fleuve ont tracé de leur pas un sentier provisoire qui court le long du fleuve. La mise en place du plan de prévention des risques pourrait enfin lui offrir un aménagement permanent.

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Commentaires

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  1. JL41 JL41

    Ce n’est pas une bête idée que celle évoquée dans l’article : réserver le RDC des constructions à d’autres usages que le logement, avec un escalier permettant d’accéder aisément aux étages en cas de besoin. Les besoins ne manquent pas : livraison de légumes de la ceinture maraîchère, stationnement…
    Il faudrait en contrepartie autoriser la construction d’un étage supplémentaire, en profiter pour réhabiliter les voies. Sans aller jusqu’à inventer un gondolier provençal.

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  2. MarsKaa MarsKaa

    vous dîtes que le maire de secteur “fustige”, je cite :
    “Le préfet a retenu le permis de construire pendant près d’un an pour s’entourer de toutes les garanties nécessaires concernant le risque d’inondation”, fustige le maire de secteur. Or, le besoin d’écoles est immense dans le secteur. Les populations voisines n’ont que trop attendu.”
    si ce verbe décrit bien la pensée, le positionnement du maire de secteur, c’est inquiétant quant à la conscience ? conception ? qu’il a de son rôle et de ses responsabilités.
    Il préférerait construire vite vite l’école, en zone inondable ?

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    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      Et pour ma part, je ne comprends pas trop le concept de “groupe scolaire provisoire et appelé à déménager dans les cinq prochaines années”…

      Pourquoi cette solution qui présente tout de même un gros risque, surtout à Marseille : que le provisoire pour cinq ans se transforme en provisoire pendant quarante ans… ?

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  3. MarsKaa MarsKaa

    du provisoire en zone inondable….
    quel mépris encore une fois pour les enfants, les parents et les personnes qui travaillent dans les écoles…

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  4. LaPlaine _ LaPlaine _

    Un cumul d’incompétence, d’inconscience, d’irresponsabilité, çà fait beaucoup pour un seul homme, mais bon il est au format des autres élus. N’y aurait-il pas des problèmes de consanguinité dans ce groupe d’humains?

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