À Aix-en-Provence, la course aux législatives rejoue les tensions municipales

Actualité
le 14 Juin 2024
1

Lors du conseil municipal aixois de ce vendredi 14 juin, les débats ont majoritairement tourné autour des élections législatives à venir. Malgré la volonté affichée de la maire Sophie Joissains d'éviter le sujet, alors que ses deux opposants politiques principaux sont candidats.

À Aix-en-Provence, la course aux législatives rejoue les tensions municipales
À Aix-en-Provence, la course aux législatives rejoue les tensions municipales

À Aix-en-Provence, la course aux législatives rejoue les tensions municipales

Une minute de silence en hommage à Jean-Claude Gaudin. Ce vendredi 14 juin, le conseil municipal d’Aix-en-Provence n’a pas commencé par un mot de Sophie Joissains sur le résultat des élections européennes, qui a vu le RN en tête pour la première fois à l’échelle de la ville. Il ne s’est pas non plus ouvert sur les législatives anticipées qui arrivent. Non, la maire UDI a choisi de démarrer la séance par un hommage à l’ancien maire de Marseille, décédé le 20 mai dernier.

Très vite ensuite, au cours des échanges, l’élue regrette que “la campagne électorale s’invite dans le conseil municipal”. Pourtant, une grande partie de ses élus ont participé toute la journée à des tractations en vue des scrutins du 30 juin et 7 juillet, que cela soit par SMS pendant les débats, au téléphone lors d’une pause cigarette ou autour d’un sandwich au déjeuner. Tout au long de la séance, le mutisme de la maire sur le sujet agace l’opposition, qui aurait préféré s’offrir une première tribune politique dans la campagne bientôt commencée.

Car dans la salle se trouvent deux candidats pour les législatives anticipées des 30 juin et 7 juillet prochains. Dans la 14e circonscription, qui recouvre le centre-ville et une grande partie du pays d’Aix, la députée sortante Anne-Laurence Petel (Renaissance) repart au combat. “Je reste persuadée d’être la seule à pouvoir battre le RN au second tour et il est hors de question que cette 14e circonscription tombe à l’extrême droite”, commente-t-elle. Sur le banc d’en face, Marc Pena, leader du groupe divers gauche, s’annonce comme le candidat du Nouveau front populaire dans la 11e circonscription, aussi sur le territoire d’Aix-en-Provence, sous la bannière du parti socialiste (PS). “C’est un combat moral, civilisationnel, contre le RN”, avance-t-il.

Des difficultés pour trouver les candidats LR

En dehors du conseil municipal, d’autres candidatures se dévoilent. Pour la 14e circonscription, chez LR, on reconnaît “des difficultés logistiques” pour trouver un candidat au sein du parti, qui se déchire au national sur la question des alliances avec le RN. Des noms sortent, mais sont aussitôt retirés. Dans la 11e, Alexandre Gallese, délégué LR de la circonscription, indique l’entrée en campagne de Gaëtan Muselet, actuel 5e adjoint au maire de Peyrolles-en-Provence. Il aura pour suppléante Corinne Versini, qui était déjà en 2022 la binôme du LR Michel Boulan après avoir été exclue de La République en marche, son parti d’origine. “C’est un candidat du canal historique qui représentera le gaullisme”, commente Alexandre Gallese.

Toujours dans la 11e circonscription, pour le RN, Hervé Fabre-Aubrespy est de nouveau candidat après avoir perdu au second tour en 2022 face à Mohamed Laqhila (Modem), qui se représente également. Dans la 14e cette fois-ci, l’identité du candidat d’extrême droite est encore gardée secrète par le RN. Il devrait sûrement affronter le maire du Puy-Sainte-Réparade, Jean-David Ciot, pressenti pour le Nouveau front populaire et le PS. Il a déjà été député de 2012 à 2017, avant d’être battu par Anne-Laurence Petel, contre laquelle il se représenterait donc aujourd’hui.

Enjeux municipaux

Les affiches d’hier ressemblent beaucoup aux batailles de demain. Les deux anciens rivaux de la maire aux élections de 2020, Anne-Laurence Petel et Marc Pena, ne manqueront pas de donner une coloration municipale au débat des législatives. Et si la première se refuse, pour l’instant, à se déclarer officiellement candidate pour 2026, Marc Pena et Sophie Joissains sont déjà lancés.

Chaque conseil municipal apporte donc son lot de piques, aussi bien personnelles que politiques, et les législatives qui arrivent encouragent ce phénomène. Ce vendredi, le leader de la gauche a par exemple lancé à la maire lors de discussions sur les grandes actions de la Ville en matière de logement : “Je vous soupçonne de commencer un grand remplacement”, en allusion au vocable de l’extrême droite. “Depuis ce matin ça n’arrête pas, aussi bien d’un côté que de l’autre”, ironise durant la séance Agnès Daures, conseillère au sein du groupe de Marc Pena.

Sophie Joissains tente de ne pas rentrer dans ce jeu. Depuis l’annonce du résultat des élections européennes la maire d’Aix-en-Provence n’a réagi que dans un court communiqué à la presse dimanche soir tard : “Je me tiens dans le camp de la droite républicaine et du centre. Mais c’est un sujet grave qui mérite le temps de la réflexion”. Depuis, si elle a pris le temps de réflexion, elle ne s’étale pas plus sur le sujet. Pendant la séance, ses opposants ne parviennent à lui arracher qu’un maigre commentaire. “Cela a quand même été beaucoup plus modéré qu’ailleurs“, se félicite ainsi presque Sophie Joissains au sujet du score du RN à Aix-en-Provence. Silence gêné dans la salle. “Il s’agit d’une élection nationale, cela n’intéresse pas le conseil municipal”, balaie-t-elle ensuite. Avant d’insister un peu plus tard : “Si on fait de ce conseil municipal une tribune politique, on est morts”.

Le choix de la “discrétion”

Interrogée à la fin du conseil municipal, la première magistrate se montre davantage bavarde, mais ne s’épanche – pour l’instant – pas sur les cas particuliers de ses opposants. “En tant que maire, je soutiens les couleurs de ma majorité”, confie-t-elle. Questionnée sur les rapprochements d’une partie de cette même famille politique avec l’extrême droite, elle affirme “ne pas être de ce bord-là”. Pas de rapprochement non plus avec le camp présidentiel, dont est membre Anne-Laurence Petel. “Le bloc du centre n’appartient pas qu’à Emmanuel Macron”, ajoute-t-elle pour créer de la distance. Au sein de son entourage, on avertit pour la suite : “On ne se positionnera pas, on restera discret”.

Cette attitude ne passe en tout cas pas auprès de l’opposition. “Elle pense qu’en étant la moins politique possible, elle sera la meilleure candidate ensuite”, analyse Marc Pena. Beaucoup semblent penser que Sophie Joissains tiendra cette ligne jusqu’à la fin de la campagne. “La maire d’Aix devrait se positionner sur ces questions-là, je pense que ça intéresse les Aixois”, avance de son côté Sophie de Cacqueray, membre du groupe d’opposition d’Anne-Laurence Petel. “C’est une position égocentrée et pas digne d’une personnalité politique”, lâche même un conseiller municipal sous couvert d’anonymat. À la fin de la séance, la maire estime finalement que ce conseil municipal a été “bon enfant” avec “comme un air de vacances”. Une même salle, deux ambiances.

Cet article vous est offert par Marsactu
Marsactu est un journal local d'investigation indépendant. Nous n'avons pas de propriétaire milliardaire, pas de publicité ni subvention des collectivités locales. Ce sont nos abonné.e.s qui nous financent.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. petitvelo petitvelo

    On aurait pu penser qu’une maire dynastique aurait des sympathies pour le seul parti dynastique… à ce jour.

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire