Plongé dans le chaos, LR présentera quand même des candidats à Marseille
Entre ses mauvais résultats et l'appel d'Eric Ciotti à un accord avec le Rassemblement national, à Marseille, le parti Les Républicains, déboussolé, a tenu son bureau politique ce mercredi dans son local de Saint-Tronc. Et proposé des candidatures de témoignage, comme ligne de survie.
Laure-Agnès Caradec, présidente de LR 13, à la sortie du bureau politique de sa fédération le 12 juin. Photo JML
“C’est la merde, résume un vieux briscard. Les résultats nous avaient blessés, Ciotti nous a achevés.” Dans la galerie marchande du Aldi Saint-Tronc, les derniers représentants marseillais du parti héritier de Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et Jean-Claude Gaudin se réunissent pour un bureau politique, ce mercredi 12 juin. La veille, le président national du parti a annoncé sa volonté de construire une majorité avec le Rassemblement national de Marine Le Pen et Jordan Bardella, suscitant réprobation et appels à la démission des ténors du parti. Quelques applaudissements, quelques coups de gueule et la peur d’être rayés de la carte.
Jadis toute-puissante dans la ville, la droite marseillaise se sait suspendue à un fil, celui qui la relie grâce à ses mandats locaux au jeu politique. Le reste a de quoi la promettre à l’exclusion progressive. Dans le huis clos du modeste local, le siège historique de la rue Sainte-Cécile ayant été fermé, le conseiller municipal et ancien député Guy Teissier a tenté d’expliquer qu’“un accord n’est pas une fusion”.
Son ancienne circonscription, la 6e, qui recouvre le Sud-Est de la ville, aurait pu selon les critères de sélection qui ont fuité, être laissée à la droite par l’état-major du RN. La veille, le président du groupe LR et apparentés à la métropole, Jean-Baptiste Rivoallan, avait affiché son soutien à la position d’Eric Ciotti. Mais ce dernier a bien vite retiré son tweet. Sous la pression notamment de la présidente, ex LR, de l’institution Martine Vassal. Sur place, pris à partie par la présidente départementale du parti Laure-Agnès Caradec juste avant la réunion, Jean-Baptiste Rivoallan quitte finalement les lieux sans faire de déclaration.
“Une question d’honneur”
Mais ces prises de position restent, comme à l’échelon national, très minoritaires. Tout en appelant à une réflexion sur le “positionnement politique” de son parti, le très droitier sénateur et secrétaire départemental Stéphane Le Rudulier – nommé par Eric Ciotti – a publié un texte dans lequel il dit s’inscrire “dans la famille du centre et de la droite du département”. D’autres sont encore plus fermes : “La politique, c’est aussi une question d’honneur. Il ne faut pas se dérober, tenir notre ligne. Même s’il faut entendre les gens qui, autour de nous, ont voté FN, notamment sur l’insécurité, ce n’est pas avec leurs solutions que ça avancera”, développe Ludovic Perney, vice-président de la région et proche de Renaud Muselier. Le président de la région est, lui, passé chez Renaissance.
“Bien sûr que faire cet accord, c’est s’assurer d’aller faire un mandat là-haut. Mais on ne va pas signer la mort de la droite républicaine pour du court terme”, argumente Sylvain Souvestre, maire des 11e et 12e arrondissements. “On n’existera plus si on va à Canossa. Je n’ai pas envie de ça par rapport à mes convictions”, abonde Didier Réault, vice-président de la métropole et du département.
Après deux heures de discussion, c’est une patronne sur une ligne de crête qui s’adresse aux journalistes présents. Sur le fond, Laure-Agnès Caradec ne s’aventurera pas à parler à titre collectif, mettant en avant ses “valeurs républicaines” personnelles. Mais en pratique, la porte-parole évoque la synthèse en ces termes : “La méthode d’Éric Ciotti n’est pas la bonne, nous souhaitons avoir des candidats partout, qui iront porter des valeurs dans un climat difficile.” Aucun risque, donc, d’accord local avec le RN ? “Les candidats que nous avons choisis sont des candidats qui ont une ligne de conduite, mais sincèrement, nous ne sommes à l’abri de rien. Nous serons très vigilants.”
Des candidats trouvés partout…
Pour la 6e circonscription, ancien fief de la droite basculé chez Renaissance en même temps que Lionel Royer-Perreaut, la réunion du jour a suggéré à la commission nationale d’investiture un binôme composé de deux élus de longue date : Serena Zouaghi et Didier Réault. Dans l’autre circonscription du Sud de Marseille (2e), Laure-Agnès Caradec s’apprête à relever le gant elle-même, en binôme avec Ludovic Perney. Pour les autres, hormis Solange Biaggi, habituée des joutes ingagnables qui pourrait de nouveau affronter Manuel Bompard dans le centre-ville, ce sont des inconnus du grand public qui partent au combat. Trois avocats – le conseiller métropolitain David Koubi Flotte, Ambroise Malinconi et Bruno Lefébure – sont pressentis dans les 3e, 5e et 7e circonscriptions.
L’édifice est fragile et peut encore bouger d’ici dimanche 16 juin et le dépôt final des candidatures. Ainsi affaibli, LR, et notamment ses élus les plus implantés, sont des cibles de choix. En début de semaine, un élu de droite en vue a ainsi eu droit à des appels du pied poussés de Franck Allisio, le délégué départemental du Rassemblement national. Sans succès.
… sauf contre Agresti-Roubache
Les anciens membres de la famille, Martine Vassal et Renaud Muselier, tentent quant à eux tout ce qui est en leur pouvoir pour éviter la débâcle du camp Macron, qu’ils ont rallié avant la dernière présidentielle. “Ils ne sont plus membres du parti, mais ils veulent toujours tout décider”, râle un cadre.
Qui restera-t-il des trois députés soutien du président, au soir du deuxième tour des législatives, le 7 juillet ? Peut-être aucun. Martine Vassal et Renaud Muselier aimeraient pouvoir aider Lionel Royer-Perreaut dans la 6e circonscription et Sabrina Agresti-Roubache dans l’Est de la ville (1ère) en leur évitant une candidature LR qui les priverait de quelques voix et de deuxième tour.
À ce stade, LR n’a pas identifié de candidat dans la 1ère circonscription, Sarah Boualem, candidate en 2022, n’est pour l’heure pas reconduite. Mais ne pas y aller n’aurait pas les effets escomptés, estime Didier Réault : “Les derniers qui votent pour nous, s’ils avaient dû voter Macron, ils l’auraient déjà fait. Là, si on n’est pas là, ils iront voter pour le Front.” Comme en écho, une cadre confie le résultat de ses “statistiques” : “Depuis hier, c’est moitié-moitié dans mes textos. 50 % des militants qui m’écrivent sont d’accord avec Ciotti, les autres, dont les cadres, résistent.”
À distance d’un parti auquel il ne paie plus ses cotisations depuis quelques mois, Yves Moraine, vice-président du département et ancien maire des 6e et 8e arrondissements constate la même évolution de son camp et annonce déjà des débats de deuxième tour complexes : “Je trouve ce bloc de gauche radical beaucoup plus dangereux que le RN, même si j’en vois bien les carences notamment sur le plan économique. Au second tour, je voterai sans conviction, mais sans hésiter pour le RN. On ne peut pas nier que ça correspond aussi à la pensée de ce qu’il reste de l’électorat de la droite républicaine.”
Une perspective qui pousse l’élu à conclure en citant son mentor : “Jean-Claude Gaudin disait : “Une famille politique ça met du temps à mourir” mais parfois, les événements de l’histoire accélèrent sa chute.”
Actualisation jeudi 13 juin à 9h40 : précision sur la candidature LR en 2022 dans la première circonscription.
Commentaires
L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.
Vous avez un compte ?
Mot de passe oublié ?Ajouter un compte Facebook ?
Nouveau sur Marsactu ?
S'inscrire
Et alors, qui se présente, qui fait quoi et où chez LR ?
Se connecter pour écrire un commentaire.
très compliqué pour lr dans notre région. comme dans beaucoup d’endroit.
nous avons assisté à un évènement burlesque, mais je n’arrive pas à me réjouir de cet épisode lamentable qui pourrait contribuer à la disparition d’un parti, de droite, certes, mais dont les élus sont avant tout et la plupart du temps, républicains.
la clarification souhaitée par macron, enclenche des phénomènes très négatifs.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Je ne sais pas ce qu’il reste de “républicain” dans ce parti. Bellamy, son co-patron par intérim, vient de déclarer, juste après avoir viré Ciotti qui voulait le mettre à la remorque du RN, qu’il voterait “bien sûr” pour un candidat RN s’il avait à choisir entre celui-ci et un candidat du Front populaire.
Pardon, mais quelle différence y a-t-il entre Ciotti et lui ? Dans l’hypothèse très hypothétique d’un duel de second tour entre un candidat LR et un candidat RN, aura-t-il l’indécence d’appeler au “barrage républicain” ?
Se connecter pour écrire un commentaire.
oui, électeur du 8e, vous avez probablement raison , que reste-t-il de républicain chez certains de ces élus.
d’autant qu’aux législatives en 2022, il y a eu une estimation de votes des lr, et la rem qui se sont portés sur les candidats du fn, et non sur la nupes, l’estimation donnait une vingtaine de députés fn élus de cette façon….
ils n’auront aucun état d’ame à recommencer l’opération.
je m’aperçois au fil des jours et des déclarations que finalement ciotti à le mérite (si on peut appeler ça ainsi) de la franchise !
Se connecter pour écrire un commentaire.
Moraine républicain??
Un type qui va faire sa campagne dans une église lors d’un concert de soutien aux chrétiens d’Orient et qui n’a pas peur de dire qu’il votera FN?
Se connecter pour écrire un commentaire.
Le maire LR dallauch un certain de cala a dit “on est venu me chercher mais je n’ai pas voulu je reste a 100 pour cent maire pour me consacrer à mes electeurs”
Merci de ne pas rire.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Ben voyons, allons-y gaiement, votons pour un parti qui s’est vendu à Poutine, qui veut détruire l’Europe, qui dit tout et son contraire dans des pseudo-programmes, ouvertement raciste, qui veut détruire les services publics notamment l’audiovisuel, ça devrait mettre la France à feu et à sang !
Se connecter pour écrire un commentaire.
Dans notre département les manœuvres de Renaissance avaient déjà fait exploser le LR qui était agonisant bien avant les Européennes. Mrs Rivoalan, Tessier et Moraine risquent de sauter le pas et il n’est pas sûr que Mr Réault ne pousse pas le portillon de Renaissance. Mr Gaudin s’était bien gardé de faire vivre démocratiquement la section départementale du parti gaulliste en suscitant dans son sein des personnalités fortes de peur de créer des rivaux. A mon avis la section départementale des LR n’existe plus depuis longtemps.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Rappelez-moi à qui le sémillant Yves Miraine a donné son parrainage pour la présidentielle 2022 ? Ah oui, Marine Le Pen.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Yves Moraine*
Se connecter pour écrire un commentaire.
On n’est effectivement pas du tout surpris du choix de ce petit personnage. Pas plus que de celui de Rivoallan, qui s’était distingué naguère par une remarque raciste prononcée publiquement à l’encontre d’un élu de gauche. Ça fait longtemps que, dans l’esprit de ces pitoyables individus, ni le “barrage républicain”, ni la “digue” contre l’extrême-droite n’existent plus.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Rappelons aussi que le jour où il avait tenu ces propos que je juge raciste, M Rivoallan s’était en même temps vanté d’avoir un grand-père résistant….
Se connecter pour écrire un commentaire.
Et toujours concernant Rivoallan, n’oublions pas sa sublime prose, retirée in extremis par Vassal lors d’un conseil métropolitain
https://marsactu.fr/la-metropole-renonce-in-extremis-a-une-motion-ultra-conservatrice-sur-la-culture/
motion qui se termine par Ernest Renan, à qui ont doit indirectement l’invention du mot “antisémite”
Se connecter pour écrire un commentaire.
Ah, merci, merci, Cher ruedelapaixmarcelpaul! J’avais oublié ce monument de littérature politique. Merci à vous d’exhumer ce poulet des limbes de notre mémoire. Vous m’avez mis en joie pour le reste de la semaine.
Se connecter pour écrire un commentaire.
C’est quoi la différence de programme entre LR et Renaissance ?
Se connecter pour écrire un commentaire.
Ce Gaudin dont vous parlez dans le dernier paragraphe, c’est celui qui avait passé un accord avec le FN pour garder la présidence de la région en 1986 ?
Se connecter pour écrire un commentaire.
Celui-là même. Le cancer a évolué lentement mais inexorablement
Se connecter pour écrire un commentaire.
Malheureusement à Marseille, le cancer est protéiforme.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Après l’épisode des chocolats quand les débris de la rue d’Aubagne étaient encore fumants, après son affreuse campagne des municipales à base “de chars russes” et autres “hiver sibérien”, après l’épisode des fausses procurations, j’aurais aimé ne plus avoir à entendre l’affreux Moraine. Malheureusement, il a fallu qu’il se fasse encore remarquer de la pire des façons.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Sait-on si finalement Renaud Muselier est candidat à Marseille en sa qualité de président régional de Renaissance ? Il devrait être à ´l’avant.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Trop risqué pour lui … il est plus facile de faire la leçon que d’agir
Se connecter pour écrire un commentaire.
Les masques tombent à droite. Leurs mines deconfites, leur paroles à la naphtaline gaulliste, nous ne sommes pas d’extrême droite allons voyons, cachent mal leur véritable conviction : mieux vaut le rn que le front populaire. Comme leurs aînés des années 1930.
Se connecter pour écrire un commentaire.
et comme hindenbourg qui a nommé chancelier hitler en 33 pour faire barrage à la gauche allemande de l’époque.
Se connecter pour écrire un commentaire.
Rivoalan, lui il résiste à l’envie de résister.
Se connecter pour écrire un commentaire.