Loi travail et déficit de personnel, les cantines municipales enfilent les grèves perlées
Mobilisation contre la loi El kohmri ou revendications locales, des centaines de cantines scolaires sont bloquées par la grève au grand dam des parents d'élèves. La question du manque de personnel est toujours au cœur de ce conflit latent.
Écrits au feutre sur une feuille collée à la porte des écoles ou envoyés par courriel la veille, il y a des messages qui fâchent tout rouge les parents d’élèves. Il est généralement sobrement écrit : “Pas de cantine demain”. Ou variante : “Pique-nique possible à la charge des parents”. Selon l’adjointe aux écoles interrogée au cours du repas de presse préparatoire au conseil municipal, Danièle Casanova, ce jeudi, jour de mobilisation contre la loi travail “153 restaurants scolaires sont fermés. 114 ont suffisamment de personnel pour permettre aux enfants de manger un pique-nique apporté par les parents et 173 sont ouvertes normalement”. Or, des préavis ont également été déposés pour ce vendredi et mardi. Une fin d’année en forme de collier de grèves perlées.
La semaine dernière, les parents d’élèves de l’école des Abeilles (1er) organisaient un pique-nique de la colère, mardi 14 juin, en forçant la main de la Ville qui n’offrait pas la possibilité aux enfants de déjeuner de sandwiches/chips. “J’en suis à organiser des apéros chez moi pour remercier les parents d’élèves qui récupèrent mon fils à ma place, râle une maman d’élève qui vit dans les quartiers Est. Je travaille au Prado et si je dois partir le récupérer autant poser une demi-journée de congé. Et ça n’est pas possible.” Elle finit par attendre avec soulagement l’arrivée des grandes vacances qui est pourtant un casse-tête pour les parents qui n’ont pas de famille à proximité. Certains de ses parents demandent à la Ville de mettre en place un service minimum pour pallier les fermetures intempestives.
Remise en cause du droit de grève
À cette colère et à ces demandes, la CGT des territoriaux a répondu par un communiqué notamment publié par la Marseillaise qui appelle les parents à rejoindre le mouvement. “Le service minimum remet en cause le droit de grève et met potentiellement vos enfants en danger”, estime le syndicat. De son côté, Danièle Casanova précise que le service minimum ne peut “concerner que les personnels enseignants. Nous n’avons pas la possibilité de le mettre en place dans les cantines. La scolarité est obligatoire, pas la cantine”.
Elle balaie également la possibilité de transférer des personnels non-grévistes vers les écoles où les cantines sont bloquées pour au moins permettre la tenue de pique-niques. “Les personnels des écoles sont très soudés syndicalement parlant, reprend l’élue Les Républicains. Si jamais je transfère du personnel, c’est la meilleure manière d’assurer que la cantine soit bloquée à son tour.”
Une “tata” pour 60 élèves
Le SDU13-FSU et Force ouvrière ont déposé un préavis pour le jeudi 23 et le mardi 28, journées de mobilisation nationale. Seule la CGT a également déposé un préavis pour le vendredi 24 qui promet lui aussi d’être largement suivi. Car les revendications locales dépassent largement les questions d’étiquette syndicale. Celles-ci sont liées à la faiblesse du taux d’encadrement dans les cantines marseillaises : une “tata” pour 60 élèves en primaire et une pour 30 en maternelle. Cette revendication était déjà au cœur des grèves de 2014, en parallèle de la mise en place chaotique des temps d’activités périscolaires.
En mars, rebelote, le syndicat CGT des territoriaux avait déposé des préavis en rafales pour contester la politique d’embauche de la Ville. Celle-ci communiquait à l’époque sur l’embauche de 300 agents supplémentaires. Ce dernier qualificatif était lui-même sujet à débat puisque la majeure partie de ces postes ouverts par voie de concours consistait à remplacer les départs à la retraite dans les cantines et les crèches.
Des recrutements à la rentrée
“C’est vrai que la situation est toujours tendue, convient Patrick Rué. Avec notamment la question des 280 vacataires qui travaillent seulement 2 h 30 par jour au titre de la surveillance interclasses. Nous aimerions qu’ils bénéficient d’un meilleur statut. Mais nous allons vers le mieux avec l’arrivée des agents recrutés par concours dès la rentrée.” Une position tout à fait raccord avec la Ville qui annonce 200 agents supplémentaires à cette même date.
Mais, à l’heure de brosser les grandes lignes du compte administratif de la Ville, le directeur général des services reconnaît que les charges de personnel sont tenues au plus serré : “Elles ont augmenté d’1,2% en 2015, note Jean-Claude Gondard. Or si on considère qu’elles progressent de 2,5% uniquement du fait du vieillissement du personnel, cela signifie qu’en réalité, le nombre de fonctionnaires continue de diminuer. Dans le même temps, on fait un effort particulier pour les écoles en faisant progresser les effectifs même si nous savons que ça ne répond pas à toutes les revendications.”
Pour la rentrée, les dernières informations reçues par la Ville de la part de l’inspection d’académie font état de la nécessité de créer 40 classes nouvelles pour faire face au surcroît d’élèves en primaire. Si la Ville espère avoir les locaux pour tous les accueillir, le taux d’encadrement en revanche, risque peu de s’améliorer.
Commentaires
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On comprend pourquoi le Gondard a du temps à consacrer à la métropole, là tout roule. Par ailleurs je n’ai pas suivi, Rué, c’est le DRH de la mairie?
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Mais c’est précisément parce qu’elle est tenue par un “syndicat” rigoureux et compétent qu’on n’a besoin dans cette ville ni d’un maire, ni d’un DGS. Un exemple d’économies de moyens dont on mesure chaque jour les réussites dans la rue.
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