Archives marseillologiques : dans la bibliothèque de mon papet
En vacances dans la maison de campagne de mes parents cet été, j’ai passé du temps dans la bibliothèque de mon grand-père pour bosser sur ma thèse, mais en fouillant un peu, j’ai trouvé quelques pépites marseillologiques que je voulais partager dans le désordre…
D’abord deux exemplaires d’un mensuel intitulés “Le Mois à Marseille” (Août 1969 et Juillet 1972), un sorte de Ventilo d’époque. A la page Cinéma, on hallucine devant la programmation des 19 cinémas de centre-ville, à la page hôtel en 1969, on se rend compte que les 4 meilleurs hôtels de la ville sont entre Noailles et Saint-Charles (L’Arbois, le Grand Hôtel Noailles, le Splendide et le Terminus PLM). Trois ans plus tard, le déplacement vers le Sud commence à opérer puisque le meilleur hôtel est le tout nouveau Concorde Prado ouvert avenue de Mazargues. La bibliothèque, en 1972, était ouverte tous les jours sauf le dimanche (oui madame, je le mets en majuscule tellement c’est énorme) TOUS LES JOURS ET LE LUNDI AUSSI, de 9h à 19h ! On ne mesurera jamais assez le progrès qu’a connu Marseille depuis 1972 !
Deuxième progrès (de taille) : j’ai trouvé 3 études de l’OREAM 13 (Organismes régionaux d’étude et d’aménagement d’aire métropolitaine) datant de Mai 1968, Février 1969 et Février 1970 intitulée “Créer l’aire métropolitaine marseillaise”, “perspectives d’aménagement de l’aire métropolitaine marseillaise” et “aménager l’aire métropolitaine marseillaise, pourquoi et comment ?”. Pour vous la faire courte : vous savez quand on parle de l’occasion perdu dans les années 1970 de faire la métropole ? Et bien c’est ça ! On retrouve dans ces documents le bon travail d’architectes, sociologues, urbanistes, géographes et ingénieurs qui expliquent pourquoi c’est important de faire la métropole, avec le recul, on se rend compte de l’écho que ça a eu auprès des décideurs politiques. Ça fait réfléchir sur les débats d’aujourd’hui, on en vient à se demander s’il n’y a pas un complot des élus des Bouches-du-Rhône pour étouffer toute manifestation d’un quelconque talent ou bon sens qui naîtrait sur ce territoire.
J’ai aussi retrouvé les premiers numéros de “Marseille Informations”, le “périodique municipal d’information”, un grand moment de propagande Defferrienne (Maryse n’a rien inventé). Le premier numéro est daté de 1969 et concerne l’effort pour les écoles, le second les équipements sportifs (avec notamment 16 piscines devant être en activité en 1970) – je tiens cette archive à disposition de MP2017 capitale du sport s’ils veulent rattraper le retard. Je passe directement au numéro 4 sur l’alimentation en eau de Marseille, lié au numéro toujours d’actualité : l’assainissement. Le numéro 8 concerne le métro, alors celui-là je l’aime parce qu’il nous apprend que la ligne 1 devait être prolongée à la Blancarde et au-delà (finalement JC Gaudin n’a fait que terminer le plan de départ en allant jusqu’à la Fourragère), et la ligne 2 telle que prévue n’est pas finie parce qu’elle devait aller du RP du Prado à celui de Mazargues. N°9, l’autoroute Nord arrive en plein coeur de Marseille et permet de relier Marseille à l’aéroport en 15 minutes ! Numéro 15 : les ordures ménagères, déjà à l’époque : “Une tonne par famille et par an !”
Numéro 16 : l’aménagement du Frioul avec un téléphérique depuis Endoume et des navettes depuis la Pointe-Rouge (et mêmes des hélicoptères) pour que puissent s’y rendre 40.000 marseillais tous les jours. Le numéro 17 fait très peur avec tout plein d’autoroutes pour entrer et sortir de Marseille… on se dit que parfois, on est content que Gaston ne soit pas allé au bout de ses promesses de Gascon. Outre la L2 et le BUS (déjà en projet bien sur), Michelet devient une autoroute qui traverse ensuite les calanques pour aller vers Toulon, une autre autoroute part de la Major vers Fos, une autre part de Saint-Just, Château-Gombert et traverse l’Etoile jusqu’à Brignoles, juste à côté d’une autre qui va à Septèmes via Malpassé et le Merlan… Tout ça fait quand même beaucoup d’autoroutes, et personnellement, elles ne me manquent pas.
J’ai aussi mis la main sur une grosse pépite: un livret sur Marseille à usage des cours d’instruction civique en classe de sixième, ou quand on apprenait Marseille à l’école. Il me faudra plus de temps pour l’éplucher et ça donnera lieu à un second billet d’archives.
Bon dimanche !
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Côté projets marseillais de transport en commun tels qu’ils apparaissent dans les vieux grimoires, j’étais un jour tombé par hasard sur une revue intitulée “Chemins de Fer Régionaux et Urbains” datant du deuxième trimestre 1993 (n° 237), où il était question du prolongement du métro M1 de Bougainville à La Madrague sur 1,7 km : le plan de financement était même décrit : 726 millions de francs dont 43 % apportés par la ville, 15 % par le département, 10 % par la région et… 30 % (sic) par l’Etat ! L’autre extrémité de la ligne M1 devait être portée de La Rose à Château-Gombert ; la ligne M2, elle, devait être prolongée de Dromel à St-Loup sur 2 km, tandis qu’il était question que le tramway 68 aille jusqu’aux Caillols. Vingt ans plus tard, on peut mesurer l’écart entre les rêves de l’époque et la réalité d’aujourd’hui.
Mais ces rêves deviennent vraiment très très utopiques quand on lit la suite du même article, qui évoque “un ambitieux projet de transport en commun en site propre d’environ 40 km (…) réalisé en tramway à l’horizon 2000”, ainsi qu’un “réseau de type RER”.
C’est fou ce que les projets évoqués il y a quarante ou vingt ans ont pu rester à l’état de projets !
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