Ma “rencontre” avec Marseille
Je ne vis dans le centre de Marseille que depuis un an, mais je n’ai jamais eu l’impression d’y « arriver », comme lorsqu’on vient d’ailleurs. Mon histoire, c’est celle d’un banlieusard. Pas vraiment banlieusard qui craint, comme on le dirait à Paris. Plutôt « suburb » comme en anglais d’Amérique. Banlieusard de Marseille, ça veut dire grandir dans un village d’où l’on peut aller à Marseille en moins d’une heure, mais où l’on revient avant qu’il fasse nuit…
Mon voisin y allait pour travailler, comme la plupart des gens, mais moi je n’y allais que certains week-ends ou mercredi après-midi pour voir la famille restée « en ville », ou pour un rendez-vous important (genre docteur spécialiste).
Les souvenirs les plus lointains que j’ai de Marseille, c’est de prendre le métro avec ma grand-mère à Dromel, c’était un peu le « hit » de mes journées en ville parce qu’il ressemblait à un manège et partait sous terre. Il y a aussi l’immeuble Panasonic qu’on voyait de l’autoroute avant de prendre les toboggans (ou passerelles) pour sortir à Saint-Loup. Je me rappelle aller au cinéma sur le Prado pour voir les Walt Disney et aussi jouer dans le Parc de la Maison Blanche. Mon Marseille d’enfant correspondait à un triangle avec en pointes la place Castellane, le métro Dromel et la sortie Saint-Loup… autant dire pas grand-chose.
J’entendais des choses horribles à propos de la Canebière, racontée par ma sœur qui habitait rue Estelle et qui était morte de trouille le soir. Je savais que ma mère avait habité dans des quartiers où elle ne serait pas retournée « parce que maintenant ça craint », alors que le reste de ma famille semblait s’en accommoder plutôt bien. Je n’en connaissais rien mais elle faisait beaucoup parler !
C’est adolescent que Marseille et moi, on a commencé à plus se fréquenter. A l’âge des conneries et de la rébellion, finalement, il n’y a rien de très original. Mon père ne voulait pas que j’y sorte… ce qui la rendait bien plus attrayante qu’Aix (où là j’avais le droit). Du coup, dès que j’en ai eu l’occasion, j’ai pris le bus et je suis venu voir. Pas le triangle de quand j’étais petit, j’ai voulu voir ce qu’il y avait après…
Mes cousins allaient vers « La Plaine », donc j’ai voulu voir ce que ça donnait, et après la Canebière, le Vieux-Port, je me promenais avec la boule au ventre, comme celui qui est en train de faire un truc interdit. Et ça m’a plu, naturellement !
Après je suis revenu plusieurs fois, dans la famille, chez des amis de mes cousins, avec des potes, j’ai commencé à sortir le soir. Chaque fois je venais et je voulais en savoir un peu plus, découvrir un nouveau quartier, repousser la frontière du connu. Et on peut dire que de ce côté là, j’ai été servi !
Lorsque j’ai eu le permis, j’ai commencé à conduire dans Marseille, avec une règle : jamais de plan et tu verras bien où tu atterriras. Mes retards sont devenus légendaires mais au bout de quelques mois, je connaissais mieux la ville que ma mère qui y a vécu au moins dix ans !
Et c’est à force de petites découvertes, de rencontres, de paysages époustouflants, de moments de peur, de sensations de voler un moment de vie au reste du monde… que je suis tombé amoureux de Marseille, de ses qualités et de ses défauts. Aujourd’hui j’y trouve exactement ce que je suis venu y chercher en m’y installant après m’être promené 8 ans en France et ailleurs.
J’aime Marseille comme j’aime l’Espagne (mon autre pays) : un amour chienne, qui fait mal autant qu’il fait plaisir, comme un verre de calvados, quelque chose de fort qui fait du bien après un gros repas.
PS : ce billet entre dans la série des #blogmarseille lancée par le Marroneur sur Twitter
Commentaires
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L’immeuble Panasonic !!! Mais oui, je me rappelle de lui entre deux lampadaires que je comptais !
Au final il me semble que nous avons une histoire et des origines à peu près similaires. Peut-être le sang latin est-il celui qui nous fait aimer Marseille et son caractère bouillant ?
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