Le préfet délégué pour l’égalité des chances Michaël Sibilleau quitte son poste

Michaël Sibilleau, Pedec, le 22 février 2024 (Photo AC)

Il n’aura pas tenu une année entière. À l’issue du conseil des ministres de ce mercredi 3 avril, le préfet délégué pour l’égalité des chances Michaël Sibilleau est annoncé sur le départ. Un mouvement qui devrait être effectif dans une dizaine de jours. “À sa demande, il rentre à Paris”, commente-t-on dans l’entourage de la secrétaire d’État à la citoyenneté et à la Ville, Sabrina Agresti-Roubache. Il est remplacé à son poste par Baptiste Rolland, le sous-préfet de Lorient.

Michael Sibilleau était arrivé place Félix-Barret il y a tout juste dix mois, pour remplir cette mission qui consiste à suivre la mise en œuvre de la politique de la Ville dans les quartiers prioritaires, Ce mardi, il a contacté un petit cercle d’interlocuteurs parmi les partenaires de la politique de la Ville, pour les informer de son départ imminent. La rumeur de son éviction prochaine courrait depuis plusieurs semaines. Son absence avait été remarquée lors de la visite présidentielle, le 19 mars à la Castellane.

Absent de l’opération place nette XXL

Le thème et le lieu de la visite surprise d’Emmanuel Macron appelaient pourtant sa présence, lui qui pilote les dossiers de rénovation urbaine, conjointement avec la métropole Aix Marseille Provence et la Ville. La cité de la Castellane fait partie des sites prioritaires de cette politique de renouvellement urbain. Mais, sur les images de toutes les télés, c’est la casquette aux feuilles de chêne dorées du préfet de région, Christophe Mirmand, qui naviguait dans le bain de foule au côté du chef de l’État.

Quelques jours plus tard, le 22 mars, il était bien présent lors de la revue de projets des dossiers financés dans le cadre de la rénovation urbaine, en préfecture, avec l’ensemble des partenaires locaux. Mais ce n’est pas lui qui accompagnait la ministre Sabrina Agresti-Roubache, au moment du point presse, mais encore une fois le préfet Mirmand. Approché par Marsactu à cette occasion, il n’avait pas souhaité commenter plus avant les rumeurs de départ le concernant. “Je suis un serviteur de l’État, se bornait-il à rappeler. Je suis donc suspendu aux décisions du conseil des ministres“. L’ordre est finalement tombé avec brutalité, après seulement dix petits mois d’exercice.

Le poste est sous les projecteurs depuis que Marseille est devenue une priorité présidentielle avec le plan Marseille en grand. Michael Sibilleau avait été nommé pour remplacer Laurent Carrié. Sa prédécesseuse, Marie Aubert, avait également appris son départ avec brutalité. À son arrivée en octobre 2021, Laurent Carrié avait récupéré le suivi du plan Marseille en grand, tout juste lancé, en plus des attributions habituelles du préfet délégué pour l’égalité des chances.

“Laurent Carrié était surnommé « oui, oui, oui », parce qu’il était là pour mettre de l’huile dans les relations avec les élus des collectivités locales, mais ce n’est pas lui qui gérait les dossiers“, indique un fonctionnaire, sous couvert d’anonymat. Très vite, une chargée de mission, Virginie Averous avait été nommée pour le seconder sur la partie politique de la Ville, le suivi Marseille en grand étant en tête de ses priorités.

Marseille en grand en arrière-plan

Quand Michaël Sibilleau est nommé à l’été 2023, le périmètre de ses attributions n’a pas bougé. Sauf qu’entre-temps, la députée Renaissance des quartiers Est de Marseille, Sabrina Agresti-Roubache, a été nommée secrétaire d’État à la citoyenneté et à la Ville, chargée du suivi du plan Marseille en grand. Y a-t-il eu de la tension entre le préfet délégué et la “ministre de Marseille” ?

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La Cour des comptes dézingue le plan Marseille en grand

L’entourage de la ministre déléguée dément toute intervention de sa part en lien avec gouvernance du plan Marseille en grand. “De toute façon, c’est Christophe Mirmand qui gérait déjà tout en direct“, indique-t-on du côté de Beauvau. Effectivement, contrairement à Laurent Carrié, Michaël Sibilleau n’avait plus le plan Marseille en grand parmi ses attributions directes, mais par délégation du préfet. Dès janvier 2024, Virginie Avérous s’était vu confier l’animation et le suivi du plan.

Cette nomination était d’ailleurs mise en avant par la préfecture dans son communiqué de presse en réaction à l’article de Marsactu faisant état du rapport conjoint de la cour et de la chambre régionale des comptes. Jusqu’au 31 décembre, Michael Sibilleau présidait les comités techniques sur les différents volets du plan. Il était encore là, en février, lors du premier déplacement à Marseille de la secrétaire d’État à Kallisté. En revanche, c’est Virginie Avérous qui avait remplacé le préfet Mirmand au pied levé pour la visite d’un chantier d’école, à Malpassé, le même mois.

L’ancien gendarme a-t-il fait les frais du rapport sévère sur la gouvernance du plan révélé par Marsactu ? Pour l’heure, personne ne souhaite en endosser la responsabilité. Dans les différentes collectivités locales, partenaires du plan Marseille en grand, on affirme être monté au créneau en coulisses pour défendre le bilan du préfet. Cela n’a semble-t-il pas suffi à le maintenir en poste.