Ils veulent faire des quartiers Nord une galerie d’art à ciel ouvert

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le 4 Avr 2016
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Les quartiers Nord de Marseille pourraient bientôt avoir leur galerie à ciel ouvert. Lieux publics et d'autres partenaires culturels rêvent d’œuvres grand format implantées dans des lieux emblématiques ou au cœur des cités. Même si le projet est encore suspendu à l'obtention de partenaires financiers suffisants, une collecte auprès des habitants est en cours pour alimenter la première galerie.

crédit : lieux publics. réalisation Stephan Muntaner
crédit : lieux publics. réalisation Stephan Muntaner

crédit : lieux publics. réalisation Stephan Muntaner

Embrasser artistiquement le territoire de Marseille, dans son entièreté, mais en ciblant en priorité les quartiers Nord, c’est l’ambitieux projet Galerie à ciel ouvert. S’il reste suspendu à l’obtention de financements suffisants, les porteurs du projet (Lieux publics, l’Alhambra, la Gare franche et la Cité des arts de la rue) œuvrent d’ores et déjà à la mise en place d’une première galerie qui devrait sortir de terre en novembre 2016, sur la base d’une collecte de photographies réalisée auprès de Marseillais.

L’idée générale serait de mettre en place des panneaux d’exposition adossés à une centaine de murs – d’une quinzaine de mètres de long environ. L’ensemble formerait une “galerie à ciel ouvert”. Tous les ans, à deux reprises dans l’année et pendant six mois, une carte blanche serait donnée à des photographes, artistes graffeurs, peintres, auteur de bandes dessinées… Jusqu’à l’horizon 2019, six expositions pourraient ainsi voir le jour, chacune composée d’un ensemble de panneaux répartis sur différents sites des quartiers Nord.

“Rendre accessible”

C’est l’exposition photographique de Yohanne Lamoulère sur les murs du cinéma l’Alhambra en 2013 qui a inspiré les porteurs du projet et notamment Pierre Sauvageot, le directeur artistique de Lieux publics. D’après celui du cinéma art et essai de l’Estaque, William Benedetto qui participe à l’élaboration du projet depuis deux ans, “l’idée est intéressante. Cela a du sens de mettre l’exposition en extérieur, cela la rend accessible. Pour celle de Yohanne Lamoulère, les enfants qui venaient au cinéma reconnaissaient leur territoire. L’exposition a bien fonctionné, elle n’a d’ailleurs subi aucune dégradation”.

L’idée germe donc dans les esprits avec l’envie de lui donner une dimension géographique importante, sorte de “galerie éclatée” pour William Benedetto, “déployée à l’échelle de la ville afin de faire écho au territoire, de le rendre visible”. Car si le postulat de départ est de partir des quartiers Nord, “l’ambition est de se propager dans toute la ville, dès la deuxième exposition”, précise-t-on du côté de Lieux publics.

Mais William Benedetto concède qu’un projet d’une telle envergure présente des difficultés importantes, pas seulement financières. Notamment, il est question de travailler sur une centaine d’espaces d’exposition choisis dans les quartiers en associant à la mise en œuvre des galeries les structures qui prêteraient leurs murs. “Or, paradoxalement, il n’est pas forcément évident de travailler avec autant de structures, aussi diverses dans leur nature” justifie-t-il.

Pour le moment, une cinquantaine de structures des quartiers Nord seraient partantes pour participer au projet comme l’AP-HM, l’école de la Seconde chance, Grand littoral, des centres de formation, des associations, des écoles et des lycées, des entreprises ou encore des structures culturelles telle que l’ensemble Télémaque ou le Pôle nord, agence de voyages imaginaires. Les structures qui prêtent ainsi leurs murs accueilleraient aussi des ateliers, des rencontres autour de l’exposition et sont incitées à travailler ensemble. Tout cela “pour construire une appropriation progressive de la galerie et afin de susciter auprès des habitants le désir d’y participer“, explique-t-on chez Lieux Publics. Des parcours de médiation doivent aussi accompagner chaque galerie, voire, dans la mesure du possible, chaque panneau qui compose la galerie.

“Miroir aux fenêtres”

Associer en amont les habitants au processus de création puis poursuivre un accompagnement pendant l’exposition résume bien la philosophie du projet. Les porteurs ont gardé en mémoire les très critiqués quartiers créatifs de Marseille-Provence 2013 dont les conséquents budgets alloués ainsi que leur aspect éphémère et réalisés sans concertation suffisante avec les habitants avaient subi l’ire de certains acteurs des quartiers Nord. Mais pour ce projet de galerie à ciel ouvert, William Benedetto l’assure, “nous ne sommes pas là pour bombarder ces quartiers d’œuvres que seuls quelques avertis pourraient comprendre mais pour faire surgir du beau. Nous faisons le pari de l’émotion esthétique”. Plus encore, “l’idée est d’avoir un effet miroir aux fenêtres”, en d’autres termes que les habitants puissent réellement s’approprier le projet.

Pour la première exposition baptisée “Le Nord fait le Mur” qui devrait être présentée en novembre 2016, c’est le graphiste et plasticien Stephan Muntaner qui a obtenu une carte blanche. Il procède en ce moment même à une collecte de photos auprès des Marseillais qui se terminera en juillet prochain. Les réseaux sociaux sont évidemment utilisés, ainsi que les lieux partenaires, qui relaient l’appel.

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Exemple d’appel lancé sur Facebook, ici avec la lettre M

La démarche n’est pas sans rappeler celle des Chercheurs du midi lors de la capitale européenne de la culture, dont le résultat était exposé au hangar J1. “On a écrit ensemble un abécédaire de 26 lettres sur des thèmes racontant de manière ludique et décalée les quartiers Nord”, explique-t-on du côté de Lieux publics. Ainsi, les trois premières lettres correspondent aux thèmes “ailleurs”, “bleu” ou encore “cuisine” qui doivent inspirer les habitants. À partir de sa récolte, l’artiste doit composer un récit sur la ville, sur 52 panneaux. Mais pour l’heure, le reste s’écrit au conditionnel.

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