À la Castellane, Macron balaye les alarmes et défend sa méthode face aux trafics
Le président de la République a effectué une visite surprise à la Castellane mardi, pour présenter une opération policière nationale démarrée la veille et baptisée "place nette XXL".
Emmanuel Macron à la cité de la Castellane, le 19 mars 2024. (Photo : CMB)
La visite a surpris tout le monde, même si depuis ce lundi 18 mars, quelque chose se préparait à la Castellane : saisies policières, ménage, et même hélicoptère dans la nuit. Ce mardi 19, au matin, le président de la République s’est rendu dans la grande cité emblématique des quartiers Nord de Marseille. Accompagné de trois ministres – le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et Sabrina Agresti-Roubache, déléguée à la citoyenneté –, il a salué le travail des policiers marseillais, qui ont multiplié les opérations sur le terrain ces derniers jours.
Côté judiciaire, plusieurs vagues d’interpellations viennent de frapper les deux principaux clans de la ville, Yoda et DZ Mafia. Côté voie publique, une nouvelle opération d’ampleur, baptisée “opération place nette XXL”, a démarré lundi matin dans plusieurs quartiers et à travers le département. En 24 heures, le “pilonnage” policier a frappé à la Castellane donc, mais aussi au plan d’Aou, à la Bricarde, à Campagne-Lévêque, au Mail et à la Busserine, aux Oliviers A, aux Rosiers, à Belsunce, sur le port, à la gare et au péage de la Ciotat. Bilan : 98 interpellations, 71 gardes-à-vue, 8,7 kilos de cannabis, 339 grammes de cocaïne et 385 610 euros saisis.
Oui, la raison officielle de ce déplacement est encore et toujours la guerre contre la drogue. Un de ses éléments déclencheurs est peut-être à chercher du côté de l’enquête sénatoriale sur le narcotrafic, qui s’est, elle aussi, arrêtée à Marseille il y a peu. Entendus par les parlementaires le 5 mars, les magistrats marseillais avaient lancé une alerte totalement inédite. Une juge d’instruction en charge de la criminalité organisée avait eu cette phrase, reprise (et déformée) un peu partout depuis : “Je crains que nous ne soyons en train de perdre la guerre”. La faute aux effectifs de magistrats et greffiers “dépassés”. Ce mardi matin, le garde des Sceaux a rencontré les magistrats de la JIRS, dont dépendent les juges interrogées.
“Il faut calmer vos petits CRS”
Aux alentours de 10 heures, le président de la République a atterri à Marignane. Et contrairement à ses précédentes visites dans les quartiers Nord, à Bassens et à la Busserine, cette fois, seule une poignée de journalistes accrédités ont pu suivre l’intégralité de son déplacement. À 11 heures, le groupe est arrivé à la Castellane escorté par des centaines de policiers. Les habitants, non plus, n’avaient pas été prévenus. Ils sont nombreux à avoir profité de l’occasion pour apostropher Emmanuel Macron. “Monsieur, il faut calmer vos petits CRS là, et vos petits civils”, l’accroche un jeune. Une dame renchérit : “Quand ils lancent des grenades lacrymogènes ou qu’ils viennent en pleine nuit, vous pouvez pas dire que c’est pour notre protection. On a des enfants, et la majorité des 6 000 habitants d’ici, on n’est pas des trafiquants !”
Le ton monte un peu. Le président change de sujet, demande au jeune pourquoi il ne trouve pas de travail. Il promet de revenir. “J’espère que quand vous reviendrez, j’aurai trouvé un travail”, réplique le jeune homme. “La République peut vous aider, mais cela dépend aussi de vous ! Et je connais ce regard, vous n’allez pas me dire que ce matin, vous étiez prêt à aller travailler sur un chantier”. Le jeune a les yeux fatigués. “Quoi, vous nous jugez ? C’est pas bien !” Emmanuel Macron : “Mais vous aussi, vous jugez, lorsque vous parlez des policiers !” Un collaborateur du président récupère le 06 du garçon.
Plus loin, c’est le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin qui donne son numéro à une femme. Elle est agente de sécurité, interpelle le gouvernement sur “l’absence de travail pour nos jeunes”. “Et moi aussi, j’arrive pas à trouver ma deuxième formation. Pôle emploi, ils me donnent rien”, déplore-t-elle. “C’est aussi pour cela que nous avons créé les Carrefours de l’entrepreneuriat. C’est aussi pour aider ces jeunes, qui sont happés par les trafiquants. Mais on va vous trouver quelque chose. Monsieur le ministre, monsieur le préfet !”, appelle Emmanuel Macron. “Bonjour madame, on va s’occuper de vous”, conclut Gérald Darmanin. Puis une mère de famille se présente. “J’ai amené ma fille avec moi. Elle est handicapée, c’est impossible de trouver un accompagnement pour elle”. Elle devra être recontactée également.
Place nette en grand
En ce jour de grève des enseignants, les collégiens du quartier sont très nombreux à assister au déplacement. Le président et ses ministres sont finalement interpelés sur tous les sujets en vrac, la guerre à Gaza, la guerre en Ukraine, le pouvoir d’achat, la rénovation des écoles et le chômage, toujours.
La visite se termine par une déclaration du président. “Nous sommes à la bataille et je ne céderai à aucun discours de défaite”, entame-t-il, comme en réponse à la petite phrase de la juge d’instruction marseillaise. Emmanuel Macron parle ensuite du narcotrafic comme d’un “fléau croissant”, puis rappelle les importants renforts débloqués pour Marseille – 450 policiers, 50 magistrats et 70 greffiers –, ainsi que les chantiers de rénovation urbaine (650 millions d’euros), le plan pour les écoles, le développement des transports…
“Avec Marseille en grand, vous avez un engagement de l’État sans précédent, inédit dans la méthode”, estime-t-il. Peut-être faut-il là aussi voir là une réplique, cette fois-ci au rapport provisoire très critique de la Cour des comptes à ce sujet, révélé par Marsactu le 29 février. Le Figaro, citant une source à l’Élysée, indiquait que la version définitive du rapport venait d’être remise au chef de l’État.
“On a démantelé des réseaux, jusqu’au sommet parfois, grâce à un travail fructueux avec l’Algérie, avec l’Espagne, avec le Maroc dernièrement”, poursuit Emmanuel Macron. Quant à l’opération “place nette XXL”, elle doit durer “plusieurs semaines et s’étendre à une dizaine de villes” en France. Après sa déclaration, le président de la République quitte les lieux, puis rejoint l’aéroport. En laissant derrière lui beaucoup d’attentes.
Commentaires
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Nous voici rassurés: il n’y a plus de fournisseurs, il ne reste plus aux milliers de consommateurs accros plus ou moins récréatifs à se désintoxiquer à la dure… ou pas. Comment va réagir la demande sur notre territoire ? A t’on supprimé les producteurs, réformés les Etats qui les hébergent ?
Il est légitime de lutter contre les réseaux, de limiter l’accroissement de l’addiction, … mais il faudra beaucoup plus pour éviter une reprise.
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La petite séance habituelle de clientélisme : “on va vous aider en particulier” ne souligne que trop l’incapacité à mettre en place des systèmes efficaces.
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Tout à fait. C’est très choquant de les voir prendre des numéros de téléphone particulier.
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MarsKaa, le gamin sera sur écoute et tracé, c’est plutôt malin
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Ces visites : balades médiatiques de communication la macronie n’a aucunement l’intention d’enrailler les trafics de drogue, la misère elle s’en nourrit. Les actions des forces de l’ordre c’est comme mettre un garrot sur une hémoragie ; le sang parait ne plus couler mais la plaie est toujours béante.
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je vais passer définitivement pour une mauvaise langue, mais…..
le butin me parait maigre, non ?
les interpellations, les gardes à vue, ok, ils ont fait du chiffre, c’est bien.
mais en drogue et en euros, un peu juste, non ? dans les cités du nord, la gare, le port, la ciotat. c’est pas mal mais bon.
place nette XXL ? ok !!!
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La drogue, l’humain en aura tjrs besoin.
Voyez l’alcool…et la Prohibition
FAUT DÉPÉNALISER LE CANNABIS…
et les jeunes s’enverront en l’air…!!
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Quid des propositions qu’ont formulées des professionnels de la justice, à ce que je sais : prisons de sécurité réservées aux narco (pour les empêcher de piloter les réseaux même en étant incarcérés) ; statut assouplis pour les “repentis” (ça amène des informations intéressantes …) ; Actions auprès des familles des petites mains du trafic (elles auraient tendance à laisser un peu faire les gamins, voire à profiter des menus rentrées d’argent …).
La Provence nous informe que le matin même, M. Dupont-Mauretti aurait passé un savon (un gros) aux juges ayant eu des réponses “gênantes” à la commission d’enquête sénatoriale sur le narcotrafic (genre “on n’y arrivera pas, sauf si on prends ces mesures là”). Faut pas dire les vérités qui fâchent ? Elles pourraient pourtant contribuer à gagner la bataille pour de bon, pas seulement à faire du Buzz !
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Tout ce beau monde a oublié le point central rappelé pendant les auditions sénatoriales : FOLLOW THE MONEY. 300.000€ c’est une blague. On parle de millions qui transitent à Dubaï et autres paradis fiscaux…
Puis bon, à l’heure où tous nos voisins légalisent ou dépénalisent… On est pas près de s’arrêter. C’est juste les livraisons par scooter et vtc qui vont reprendre.
Au moins ça fera peut-être moins d’emprise sur la ville…
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