À Fos-sur-Mer, les salariés d’Arcelor Mittal voient l’avenir en gris
Dans ce cadre d'un vaste plan d'économies, le site Arcelor Mittal de Fos-sur-Mer prévoit de céder sa centrale énergétique à Veolia. Le sidérurgiste souhaiterait également pouvoir recourir à des jours de chômage partiel dans les mois prochains. Des mesures qui inquiètent les 2500 salariés.
Fos-sur-mer.
Sa silhouette trapue couronnée d’un panache blanc se voit à des kilomètres à la ronde. Exemple d’une volonté d’implanter la sidérurgie sur mer, elle est un des totems de la zone industrielle de Fos depuis 40 ans. Longtemps, l’usine de la Solmer, Sollac et aujourd’hui Arcelor Mittal Méditerranée a constitué un des piliers de l’industrie locale. Or, depuis le rachat par le groupe indien Mittal et la fusion des trois géants de l’acier pour en faire le numéro mondial, l’argile gagne sur l’acier et témoigne d’une fragilité. Celle-ci se fait sentir jusqu’au golfe de Fos.
En effet, la production européenne d’Arcelor Mittal souffre depuis des mois de la concurrence jugée “déloyale” des aciers chinois, importés à bas coûts. Le groupe est donc contraint de faire des économies. Économies qui ont aussi pour but de faciliter la nouvelle et colossale augmentation de capital, selon Le Monde qui consacre un article ce mardi au géant de l’acier.
Partenariat avec Veolia
Première conséquence pour le site de Fos-sur-Mer, le groupe va céder son unité de production énergétique à Veolia, indique encore Le Monde. En effet, dans une logique d’économie circulaire désormais à la page, l’usine de Fos récupère la chaleur et les gaz engendrés par l’activité des hauts fourneaux pour produire de l’énergie directement sur place.
Le sujet est bel et bien à l’ordre du jour. Il est discuté depuis cet été dans le cadre des réunions du comité d’entreprise (CE). “Cette unité nécessite d’importants investissements mais la direction préfère la logique de l’externalisation, constate Christophe Mounier, délégué du personnel CFDT sur le site de Fos. Le projet est sur la table du comité d’entreprise. Il reste de nombreux points d’achoppement sur le transfert des 120 personnes qui y travaillent”. Dans un article des Echos paru cet automne, le secrétaire CGT du CE, Alain Audier évaluait à 200 millions les investissements nécessaires sur la centrale énergétique. Une somme que le sidérurgiste s’éviterait de payer en cédant cet outil à Veolia.
Du côté de la direction, on se refuse à tout commentaire sur le projet. Il s’agit d’une “discussion sur un partenariat stratégique”, se contente d’indiquer le service communication d’Arcelor Méditerranée. Même son de cloche atone du côté de Veolia qui n’a pas répondu à nos sollicitations.
Congés payés et chômage partiel
Mais ce projet de cession n’est pas le seul nuage gris au-dessus de l’usine. En effet, à l’automne, la direction a déposé une demande de déclaration de jours de chômage partiel auprès de l’unité territoriale de la Dirrecte, le représentant du ministère de l’économie en région. Une mesure “prudentielle” selon le jargon en cours qui consiste à anticiper sur la baisse des commandes de bobines d’acier en mettant au chômage les 2500 salariés du site de Fos.
“Nous avons été informés de cette demande mais pas de sa durée, précise Christophe Mounier, de la CFDT. Pour nous, la crise n’est pas là. Il n’y a pas de creux dans les carnets de commande. En tout cas, on ne nous en informe pas. L’usine tourne à plein et les expéditions se poursuivent”. En revanche, le syndicaliste indique que la direction demande à ses salariés de prendre leurs congés et jours de RTT restant dès le début de l’année.
Une demande confirmée par la communication du groupe. “Arcelor doit faire face à une baisse de ses commandes du fait des importations d’acier chinois en particulier en Europe du Sud. Dans ce cadre, nous avons mis en place un plan d’économies. Tout ce qui peut être fait pour faire face à cette concurrence déloyale est bon à prendre. Y compris la mise en congé d’une partie du personnel qui se traduit par des économies sur le plan comptable”. La direction confirme également la demande faite auprès des services du ministère de l’économie.
“Nous avons effectué cette démarche à l’automne pour le premier trimestre de cette année, explique-t-on au service communication. Pour l’heure, cette mesure n’a pas été activée”. Elle le sera si la chute des commandes se précise, si rien n’est fait à l’échelle européenne pour freiner le “dumping chinois” et si Mittal confirme ce que ses détracteurs lui reprochent d’être : un géant mondial aux pieds d’argile.
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Il est à craindre, oui, que l’ancienne usine Solmer de Fos puisse fermer. La concurrence jugée déloyale des aciers chinois se fait à partir d’unités de production qui ont moins de 10 ans d’âge, alors que les installations de Fos sont maintenant vieilles de 40 ans et que les investissements de modernisation pourraient s’avérer plus élevés que de faire du neuf, sans l’égaler.
Déjà lorsque Mittal a racheté Arcelor, on savait que l’Indien achetait en réalité le droit de fermer l’unité de Fos dans le cadre de sa stratégie mondiale. Et si ce n’est pas Mittal qui l’emporte, ce seront les chinois. Il serait pourtant souhaitable que la France garde à des fins stratégiques des capacités de production d’acier.
Arcelor Mittal continue néanmoins d’investir dans la R&D en France, à Maizières-lès-Metz, du côté du berceau de la sidérurgie française : http://www.infoecolorraine.fr/M_Record.htm?record=19387602124911058849&context=2
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« D’habitude, c’est le genre d’avertissement que les marchés prennent au sérieux. Et qui, en temps normal, aurait fait chuter ArcelorMittal. Mais ce mardi, l’action du sidérurgiste gagnait plus de 1 % grâce aux bons résultats des entreprises industrielles chinoises, dont les bénéfices ont crû de 4,8 % sur un an. Pourtant, dans une note publiée lundi, Barclays prévient que les matières premières, pétrole et cuivre en tête, ne sont pas à l’abri d’une rechute brutale si les investisseurs venaient à prendre leurs bénéfices. » : http://investir.lesechos.fr/cours/action-arcelormittal,xams,mt,lu0323134006,isin.html
C’est peut-être bon signe ?
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Américains, Européens et Chinois ont campé sur leurs positions lundi à Bruxelles, où s’étaient réunis une trentaine de pays producteurs pour parvenir à un accord sur la limitation de la production mondiale de l’acier.
La Chine qui a baissé sa production de 50 MT la baisserait encore de 100 à 150 MT, mais continuerait à produire autour de un milliard de tonnes, ce qui reste supérieur à ses besoins. Elle assure ne pas subventionner sa production. Pour elle, c’est la crise financière mondiale et le ralentissement de l’économie mondiale qui ont fait apparaître les surcapacités.
Les Etats-Unis prendront des mesures commerciales « pour éviter des dommages contre leurs industries et leurs travailleurs ».
Macron à la Chine : « Vous ne respectez pas les règles du commerce mondial, il y a des productions d’acier qui sont subventionnées, des surcapacités sont aujourd’hui déversées en dessous parfois du simple prix des matières premières pour certains laminés et détruisent nos capacités productives, c’est inacceptable ».
http://www.lesechos.fr/industrie-services/industrie-lourde/021852128569-acier-americains-europeens-et-chinois-echouent-a-trouver-un-accord-1214852.php
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