Benoît Payan surfe sur la troisième vague de la rénovation des écoles

Reportage
le 14 Mar 2024
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Le maire de Marseille était sur le chantier de l'école de Malpassé-Les Oliviers ce jeudi, dont la livraison est prévue pour l'été. Au-delà de la visite, il a présenté les 42 écoles d'une troisième vague de rénovations lourdes. Une réponse aux critiques de l'État, qui appelle à une accélération du plan écoles.

Benoît Payan consulte un plan de la future école de Malpassé Les Oliviers, sous les yeux de Virginie Averous, la sous-préfète chargée de l
Benoît Payan consulte un plan de la future école de Malpassé Les Oliviers, sous les yeux de Virginie Averous, la sous-préfète chargée de l'animation de Marseille en grand. (Photo : B.G.)

Benoît Payan consulte un plan de la future école de Malpassé Les Oliviers, sous les yeux de Virginie Averous, la sous-préfète chargée de l'animation de Marseille en grand. (Photo : B.G.)

Çà et là, le squelette des GEEP affleure dans les bâtiments en travaux. À l’école Malpassé-les Oliviers (13), un préau laisse percevoir les anciennes armatures en acier, d’apparence fragile. À l’école Bouge, l’architecte a conservé l’entrelacs de formes qui soutenaient les faux plafonds. Tout le reste n’est plus qu’une coquille vide, simple témoignage d’un passé que la municipalité affirme révolu. Celui de la “honte de la République”, comme le titrait Libération, en prolongement du témoignage d’une professeure des écoles, parue quelques mois plus tôt sur Marsactu.

Depuis, l’effacement de “la honte” est devenu une priorité nationale, pierre angulaire du volet scolaire du plan Marseille en grand. Depuis son lancement, le maire Benoît Payan se rend régulièrement sur les chantiers d’écoles en construction. La visite du jour a un parfum particulier : l’école Malpassé est toute proche de l’école Bouge et les deux sont rassemblées dans un même marché global de performance, confié à la société Fayat. En septembre 2021, le président Macron visitait cette école, symbole de la déshérence du bâti scolaire marseillais. Deux ans plus tard, il n’en reste qu’une structure désossée en bordure du chantier de la nouvelle cour. Les classes du groupe scolaire devront y prendre place, à la rentrée des vacances de février 2025.

La future cour de l’école de Malpassé – Les Oliviers avec à gauche, l’ancienne armature GEEP, qui a été conservée. (Photo : B.G.)

Le maire, Benoît Payan, a choisi de visiter celle de Malpassé, au chantier plus avancé. Une grande cour rectangulaire, entourée de jolies arcades ocre, donne à voir ce que le bâtiment sera en juillet prochain, une fois livré. Accompagné des élus à l’éducation, Pierre-Marie Ganozzi et Pierre Huguet, le maire se fait expliquer le chantier par une représentante de l’entreprise. La maire adjointe, déléguée aux grands évènements et à la rénovation urbaine, Samia Ghali, est à ses côtés. Même si les chantiers scolaires n’entrent pas dans ses attributions, c’est l’Agence nationale de la rénovation urbaine qui porte une bonne part des financements étatiques des premiers établissements lancés.

Un chantier commun de la Ville et de l’État

La sous-préfète Virginie Averous, joue un peu des coudes pour rester au premier rang, au milieu de l’aréopage habituel de journalistes, collaborateurs de cabinet et élus. Dans un premier temps, la Ville annonçait la présence du préfet de région, Christophe Mirmand. Excusé dans la journée, il a été remplacé au pied levé par sa chargée de mission qui a, depuis janvier 2024, le “suivi et l’animation du plan Marseille en grand” dans ses attributions.

Outre la revue de chantier, la séquence est aussi une réponse à un échange un peu sec du 23 février dernier. Réinstallée comme secrétaire d’État, notamment chargée du suivi du plan, Sabrina Agresti-Roubache était en visite de terrain. À l’issue de ces deux jours, elle s’invite au siège de la société publique des écoles de Marseille (SPDEM), conjointement fondée par la Ville et l’État pour piloter les chantiers. Dans un communiqué relayé par la préfecture, elle commente en solo ses avancées :

Aujourd’hui, le conseil d’administration de la SPDEM a validé la programmation des 31 écoles de la phase deux dont la livraison s’étalera de 2026 à 2028. En 2024, 10 écoles seront livrées et 4 écoles seront livrées en 2025. En 2028, 45 écoles auront donc été livrées sur les 188 écoles du plan Marseille en Grand.

La ministre insiste encore : “La livraison de 45 écoles sur 188 d’ici 2028, c’est une avancée, mais il faut encore accélérer pour être à la hauteur des ambitions du président de la République pour la deuxième ville de France et des attentes des Marseillais”.

Concurrence de communiqués

L’accélération est le maître mot de l’ancienne députée de l’Est marseillais. La veille, elle avait demandé la même accélération dans la rénovation du parc Kallisté, une copropriété dégradée, en chantier depuis un quart de siècle. Dans la foulée du communiqué, le maire se fend d’un tweet aigre-doux où il remercie la ministre de sa participation au 15ᵉ point d’étapes du plan écoles. “Ensemble, nous accélérons encore en lançant la 3ᵉ vague du plan : 38 nouvelles écoles sont intégrées au plan de rénovation“, glisse le maire, façon tacle.

10, 4, 35, 38… On s’y perd un peu et dans les chiffres et dans les dates. Surtout, Benoît Payan sort du chapeau une nouvelle vague que la secrétaire d’État a omis dans son communiqué.

La visite à Malpassé en elle-même répond à ce souci de faire vite : il y a un an à peine, au même endroit, les mêmes acteurs contemplaient les plans d’architectes. De la délibération à la livraison, le chantier de l’une des écoles les plus problématiques aura été mené en un peu plus de trois ans.

Alors que la première vague s’apprête à laisser la place à la seconde, la carte et la liste de 42 écoles – et non plus 38 – de la troisième vague sont présentées en grand dans une des salles en chantier, avec force photos des chantiers en cours (voir notre carte ci-dessous). La visite se finit là et le maire rejoint la cour pour l’habituelle série d’interviews télés, micro tendu. La sous-préfète tente de s’extraire de la mêlée pour faire entendre la voix de l’État, à parité dans le capital de la SPDEM. “Je répondrai volontiers aux questions, moi aussi“, râle un peu la sous-préfète, mise à l’écart.

Tensions autour des micros tendus

Le maire l’invite finalement à le rejoindre dans le point presse.  Il y reprend la genèse du plan Marseille en grand, né d’une visite à l’Élysée et de la volonté commune de mettre fin “à ce scandale de la République“. “La société des écoles a lancé le plus gros chantier de bâti scolaire depuis 1945, avance Benoît Payan. On livre autant d’école que dans les 25 dernières années“.  À ses côtés, la sous-préfète ne pipe mot, même quand le maire de Marseille lance une critique sur les montants investis par l’État.

Nous avons 600 millions de prêts garantis par l’État, cela nous permet d’aller voir les banques et d’obtenir de meilleurs taux. On aurait préféré des avances remboursables comme en bénéficient les projets de transports marseillais. C’est bien dommage. Mais je dis merci, parce qu’il faut toujours dire merci“.

Ce jeudi, justement, la métropole tient la seconde réunion du groupement d’intérêt public dédié aux projets de transports marseillais. La petite pique n’est donc pas anodine alors que la Ville se plaint de ne pas avoir reçu le moindre ordre du jour.

Au final, la sous-préfète, Virginie Averous répond aux questions de son côté en reprenant la petite musique gouvernementale de l’accélération. “Il y a une nécessité d’accélérer si l’on veut atteindre les objectifs de 188 écoles rénovées en 2031 ou 2032“, pose-t-elle. Elle compte donc 14 écoles pour la première vague, 33 pour la seconde et 45 pour la troisième, là où les documents de la Ville en comptabilisent 42. Celles-ci devraient être livrées entre 2026 et 2027. “En 2026, reprend-elle, 80 écoles seront en chantier ou livrées. Et en 2031 ou 2032, elles seront 188“. Autant dire que la courbe des trois prochaines vagues devra être exponentielle pour passer de 80 à 188 en seulement cinq ans. De quoi poursuivre la compétition de surf entre l’État et la Ville sur les vagues successives de ce chantier.

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Commentaires

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  1. BRASILIA8 BRASILIA8

    La sous ministre de Marseille en grand n’est pas sur la photo !!!!!

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  2. julijo julijo

    bon, on va dire que c’est positif.
    cependant, c’est lassant cette espèce de guerre larvée, à peine polie, entre la mairie et l’état.
    ne pourraient-ils pas se consacrer entièrement à la réussite de ce plan pour les écoles ? et abandonner un peu leurs ego respectifs ?
    nous, contribuables marseillais, d’une manière ou d’une autre, nous paierons tous … alors avançons !

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    • Alceste. Alceste.

      Il pense être, il se croit être,, il aimerait être. Benoît, vous oublier un vieux principe celui qui a les sous est celui qui commande. Faites votre album photos si cela vous amuse,mais le vrai patron dans cette affaire c’est l’Etat.

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    • Peuchere Peuchere

      Payan, avec égo surdimensionné et sa volonté de tout régenter alors qu’il est sous tutelle, est une plaie ouverte pour cette ville

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    • ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

      “lors qu’il est sous tutelle”, intéressant, argumentez donc cher @Peuchere

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    • julijo julijo

      je crois savoir, que le financement de l’opération marseille en grand, est une avance accordée à marseille par l’état.
      marseille ” patron payeur” ! devrait donc pouvoir effectuer un contrôle et en tout cas participer.

      par ailleurs, peuchère, c’est quoi cette tutelle de payan ????

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    • Pascal L Pascal L

      @Alceste : les enseignants de l’éducation nationale (et les titulaires du privé) sont payés par l’état mais pour “les murs” et les personnels d’entretien ou autres agents, il en va autrement depuis les lois de décentralisation :
      *Les écoles ce sont la commune ou l’inter-com.
      *Les collèges ce sont le département
      *Les lycées ce sont la région (d’où les conflits qui apparaissent parfois pour l’entretien des cités scolaires qui regroupent collège et lycée et où région et département se renvoie la balle au moindre problème)
      *Les universités c’est l’état.

      Par exemple, il y a quelques années, c’est la région qui a fait construire un lycée à Châteaurenard, obligeant ainsi l’état à fournir le corps enseignant, le rectorat y étant opposé afin de ne pas déshabiller le lycée au nord d’Avignon.

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  3. petitvelo petitvelo

    Accélérer pourquoi pas, mais Marseille ce n’est pas que des écoles : il y a bien d’autres sujets sur lesquels travailler.

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