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Le député Jean-Pierre Maggi visé par une enquête pour détournement de fonds publics
Le parlementaire et maire de Velaux apparenté PRG est convoqué chez le juge d'instruction Guillaume Cotelle jeudi 21 janvier. L'ancien président du service départemental d'incendie et de secours pourrait en ressortir mis en examen pour des faits supposés de détournement de fonds publics.
Le député Jean-Pierre Maggi visé par une enquête pour détournement de fonds publics
Le député et maire de Velaux Jean-Pierre Maggi a rendez-vous jeudi 21 janvier dans le bureau du juge d’instruction Guillaume Cotelle qui a récupéré le dossier confié au juge Duchaine en mai 2011. Selon nos informations, le magistrat souhaite l’entendre dans le cadre d’une information judiciaire ouverte notamment pour détournement de fonds publics, trafic d’influence et atteinte à l’égalité d’accès aux marchés publics. La plupart des faits visés concernent son mandat à la tête du service départemental d’incendie et de secours des Bouches-du-Rhône dont il était président jusqu’en 2012.
Plusieurs dossiers devraient être évoqués au cours de cet interrogatoire de première comparution, préalable obligatoire à une éventuelle mise en examen. L’exercice demandera au parlementaire apparenté au parti radical de gauche de se replonger quelques années en arrière. Touché par le cumul des mandats, il a quitté à la fin de l’année 2012 le SDIS qu’il présidait depuis 1998 avec le soutien du président du conseil général Jean-Noël Guérini.
Ce dernier avait repris les rênes début 2013 au moment même où le rapport provisoire de la chambre régionale des comptes levait le voile sur les pratiques peu orthodoxes du président Maggi et du colonel Luc Jorda, directeur du service. Ce dernier pourrait être à son tour convoqué par le juge dans les jours prochains.
Un centre de formation grassement payé
Au cœur de l’enquête, on trouve notamment un centre de formation aux risques industriels et technologiques basé à Fos-sur-Mer dont le circuit financier semble avoir défié une bonne partie des règles en vigueur. En décembre 2013, la chambre régionale des comptes a condamné le comptable public pour avoir ordonné les dépenses relatives à ce centre, baptisé Cireex pour Centre international de ressources et d’expertises.
Pour construire ce centre, le SDIS s’est en effet associé à une entreprise, Safety center training (SCT), qui a touché à l’arrivée environ 700 000 euros sans jamais avoir été mise en concurrence pour construire et gérer ce centre. Cette entreprise se targue de “méthodes américaines” dont elle a l’exclusivité “en France, Espagne, Italie et Belgique”. Elle doit en sus construire l’ensemble des installations tandis que les pompiers fournissent le terrain de 7000 mètres carrés. Présenté comme un partenariat public-privé en 2007, le deal s’est finalement conclu par une simple convention en 2008 signée par Jean-Pierre Maggi lui-même alors qu’en face aucun nom de représentant de la société n’apparaît sur celle-ci.
Durant les travaux, le SDIS règle plus de 200 000 euros sur simples factures présentées par SCT. La mise à disposition de fonctionnaires du SDIS 13 est elle évaluée à 334 000 euros. À la fin pourtant, le SDIS verse encore un demi million d’euros à l’entreprise. Pourtant, dès 2010, un rapport soumis au conseil d’administration du SDIS constate que “l’ensemble des travaux initialement prévus dans la convention initiale (sic) n’a pas été entièrement terminé”. Il note par ailleurs que “le SDIS a pu constater que ses compétences internes et la qualification de ses agents permettaient d’exploiter le Cireex sans le concours de la société SCT”.
Embauches suspectes
Le juge s’intéresse aussi à la politique d’embauche au sein du SDIS. Il s’agit notamment du recrutement au service d’une vingtaine d’habitants de Velaux mais surtout de sa femme Josiane Goud ainsi que du fils Jean-Philippe et du gendre de celle-ci, Cyril Augereau. Ce dernier aurait aussi bénéficié de manière privilégiée de la cession d’un terrain communal vendu 200 000 euros. Aux yeux du juge, ces faits sont susceptibles de constituer le délit de trafic d’influence.
Autre proche dont le traitement interroge, son ancien directeur de cabinet au sein de l’institution. Embauché le 1er octobre 2010, sa société avait auparavant bénéficié d’un marché public conclu le 18 août et finalement soldé pour 116 000 euros le 18 novembre de la même année. Une concordance des temps et une durée de contrat très courte qui interrogent les enquêteurs.
Ces derniers croient y déceler a minima une atteinte à l’égalité des marchés publics. Ils se livrent à la même analyse concernant les marchés d’avocat du SDIS déjà épinglés par la chambre régionale des comptes. Marsactu s’en était largement fait l’écho à l’époque. Trois cabinets auraient obtenu des marchés allant de 17 000 euros à 65 000 euros, au-delà donc du plafond de 15 000 euros au-dessus duquel une mise en concurrence est nécessaire. Pour l’un d’entre eux, les justificatifs de la prestation seraient même introuvables. Cette fois-ci en tout cas, Jean-Pierre Maggi, qui n’a pas donné suite à nos demandes d’interview, va avoir besoin d’un avocat efficace.
Jean-Marie Leforestier (avec B.G.)
Commentaires
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A chaque semaine, un fait divers sur un proche de Guérini, ces minables qui ont pensé que tout était possible avec le pouvoir et l’argent public. Maggi a voulu reprendre un peu de virginité en bénéficiant par opportunité d’un poste de député mais il fait surtout parti des minables ayant côtoyé sans vergogne la cour des deux frères corses.
A lire d’ailleurs un croustillant chapitre du système Guérinide dans l’excellent ouvrage “la fabrique du monstre” Philippe Pujol.
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Ah le fonctionnement du SDIS … il y a matière à faire un long dossier.
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Je me souviens du commentaire d’un lecteur de Marsactu, lorsque l’élu avait fait embaucher sa femme au SDIS, disant que la promotion sociale s’opérait plus facilement en passant par l’échelle des pompiers.
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Tous ces faisceaux de présomption de détournement de fonds sont graves. Cela montre que l’institution qu’est le SDIS est vermoulue jusqu’à la moelle. Pour Maggi, il est intouchable jusqu’en 2017. Espérons qu’il ne soit pas réélu député….
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Cet élu, avec quelques autres, aura quand même beaucoup fait pour la déliquescence de l’image du monde politique dans notre région, désormais associé aux mots / maux de népotisme, corruption, clientélisme, etc.
Mais je ne doute pas qu’il pousse, en toute sincérité, des cris d’orfraie sur la progression du vote Front National. Ca n’aurait pourtant pas été bien difficile d’y penser avant : il lui suffisait d’utiliser son cerveau, et de ne pas confondre “servir” et “se servir”.
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Je serais très étonné que cette affaire aboutisse à autre chose que “non lieu” comme pour Guerini et Ciot….
D’abord, maggi est convoqué cette semaine…donc on a un long temps devant nous avant que ce sujet arrive à un “jugement”…puis il fera appel…on en a pour au moins 5 ans.
Ensuite il va se défendre et on va rapidement aboutir à “circulez, ya rien à voir”.
On peut penser à juste titre que nous ne commençons à voir qu’une toute petite partie de l’iceberg. Détournement de fonds, profits personnels, népotisme en tout genre, caractéristiques de combien d’élus ?
C’est quand même grâce à des élus comme ça que l’électeur moyen comme moi se détourne souvent des urnes ou que d’autres fassent des choix douteux.
Qu’ils s’en aillent tous.
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Il serait souhaitable que le PS 13 presente un autre candidat pour cette circonscription. Comme pour celle de Mme Andrieux du reste….
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