LA POLITIQUE CULTURELLE À MARSEILLE
Comme toutes les villes, Marseille est l'espace d’une politique culturelle. Tentons d’en comprendre les logiques et les significations.
Une politique urbaine de la culture
Dans une ville, la politique culturelle consiste dans l’expression de l’identité de la ville. L’espace public s’articule dans l’expression des acteurs politiques, de leurs projets et du débat public, dans la représentation de l’identité de la ville au cours des différents moments de son histoire, de l’Antiquité à nos jours et dans l’expression des diverses cultures présentes parmi les habitantes et les habitants. C’est ainsi qu’à Marseille, on peut dire que la politique urbaine de la culture se fonde sur l’expression de la diversité. Il s’agit, d’abord, de la rencontre, dans l’espace culturel, des multiples origines de celles et de ceux qui vivent à Marseille, depuis la rencontre entre les Grecs qui se sont installés aux côtés des peuples qui vivaient là avant eux à la rencontre des Marseillaises et des Marseillais d’aujourd’hui avec les cultures issus d’autres pays – voire d’autres continents, qui se partagent l’espace de la ville, faisant d’elle, de nouveau, de nouveau, une métropole, une « ville-mère ». La vie politique culturelle de la ville met en œuvre cette multiplicité des origines qui s’exprime dans une immense diversité, dans une polyphonie de plusieurs voix, de plusieurs langues, de plusieurs pratiques culturelles.
Les acteurs de la politique culturelle marseillaise
La preuve que Marseille est une métropole, c’est la multiplicité des acteurs de la politique culturelle. Sans doute la municipalité est-elle le premier de ces acteurs, celui qui, à la fois, investit dans la culture municipale et met en œuvre une régulation de la diversité des cultures présentes dans la ville. Dans une grande ville comme Marseille, la municipalité se trouve en relation avec d’autres acteurs : la métropole, bien sûr, mais aussi la région et les institutions culturelles nationales, en particulier sur le plan financier. Des acteurs associatifs participent à l’élaboration de la politique culturelle et à sa mise en œuvre, ainsi que des acteurs privés comme des entreprises de diffusion culturelle et de spectacles qui contribuent à son financement et à l’amélioration de ses moyens. La rue est aussi un acteur essentiel de la culture urbaine, à la fois dans ses aménagements et dans son ornementation et dans les usages culturels de cet espace majeur de la vie culturelle urbaine.
Les pouvoirs et la culture à Marseille
Mais, bien sûr, la multiplicité de ces acteurs et la pluralité de leurs orientations et de leurs engagements politiques s’articulent à la rencontre entre des pouvoirs. C’est que l’on ne peut parler de la politique culturelle sans poser la question des pouvoirs. La culture a toujours été un champ d’expression de pouvoirs et un champ dans lequel s’engage une conflictualité. C’est ainsi qu’à Marseille, la présence de musées nationaux et de musées municipaux fait voisiner des pouvoirs politiques dont les choix peuvent être divergents. Les musées municipaux et les musées régionaux constituent des contre-pouvoirs limitant les pouvoirs nationaux de l’État en matière culturelle. À cela il convient d’ajouter d’autres pouvoirs culturels comme les établissements de formation (écoles de beaux-arts et d’architecture) et les interventions de l’Éducation nationale dans les établissements scolaires dans le domaine de la culture, de la musique et des arts plastiques.
La polyphonie marseillaise de la culture
Nous sommes, à Marseille, devant une véritable polyphonie de la culture et de la vie culturelle. Des lieux culturels traditionnels comme la Bibliothèque municipale ou l’Opéra et les musées ou des lieux nouveaux redécouverts comme la Friche de la Belle-de-Mai ou encore des musées nouveaux comme le MuCEM participent à cette polyphonie. Sans doute même cette polyphonie permet-elle une redéfinition des engagements culturels en faisant apparaître une diversité qui, parfois, mène à une cacophonie. La politique culturelle peut, ainsi, servir de baromètre de la vie urbaine en manifestant des désaccords ou des conflits révélateurs de conflits plus profonds, pouvant toucher tous les domaines de la vie urbaine et de la politique de la ville.
Les lieux, les temps et les âges de la politique culturelle
La politique culturelle s’inscrit dans une histoire dont elle exprime les logiques et les significations. L’espace politique d’une ville fait se rencontrer ces différents âges de sa vie, de sa temporalité. La diversité des temps et des âges de la culture d’une ville s’exprime, d’abord, dans les âges et les époques de l’architecture. L’esthétique de l’espace urbain est une rencontre entre des constructions, des monuments et des habitations de plusieurs époques que l’on peut voir comme une multiplicité de temps et d’époques. C’est aussi cela, la politique de la culture d’une ville : la diversité historique des styles d’architectures. La diversité des temps politiques se manifeste aussi dans la politique culturelle de l’urbanisme. À Marseille, les multiples d’urbanismes de la ville, comme les aménagements urbains du Panier et ceux de l’avenue du Prado font aussi partie de la pluralité des politiques culturelles. Mais ces temps et ces âges de la vie urbaine se trouvent aussi conservés et mis en valeur dans des musées comme le Musée d’histoire ou le Musée du Vieux Marseille. Les temps de la vie urbaine deviennent, ainsi, de véritables acteurs de la politique culturelle de la ville. Enfin, c’est dans la musique que s’exprime la diversité des époques et des temps de la ville : les différents lieux de la musique de Marseille sont, ainsi, des repères permettant de se retrouver dans la diversité des époques culturelles de la ville, de la musique ancienne, par exemple dans les lieux religieux, à la musique classique, en particulier dans les salles de concert ou à l’Opéra, et à la musique contemporaine, dans ses dimensions de musique contemporaine classique ou dans les sonorités jeunes. Les formes musicales de la culture sont, ainsi, articulées eux formes de l’urbanisme, du logement et de l’architecture. C’est aussi la diversité des lieux d’expression de la diversité de la musique contemporaine qui permet de repenser les temps de la culture : cafés, salles de concert dotées d’une acoustique renouvelée, « tiers lieux » dans lesquels la musique et la chanson sont articulées à des pratiques culturelles renouvelées comme le Dôme.
À Marseille, la culture vit sa vie dans tous les temps de la ville. C’est ainsi que les pratiques culturelles s’inscrivent dans la politique de la ville.
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