L’État demande à la métropole de proposer plus de projets de transports pour Marseille

Info Marsactu
le 24 Oct 2023
10

Ce mardi, Martine Vassal est attendue à Paris pour étudier avec les ministres et l’Élysée le volet métropolitain du plan Marseille en grand. L’État devrait mettre la pression pour accélérer "le désenclavement" des quartiers Nord.

Martine Vassal mène une visite du chantier du tramway, place Bougainville en 2022. (Photo : B.G.)
Martine Vassal mène une visite du chantier du tramway, place Bougainville en 2022. (Photo : B.G.)

Martine Vassal mène une visite du chantier du tramway, place Bougainville en 2022. (Photo : B.G.)

Il va être question de gros sous. Ces 24 et 25 octobre, la présidente de la métropole Martine Vassal (divers droite) est en déplacement à Paris. Il sera notamment question des avancées du plan Marseille en grand dont le président de la République est venu lancer “un acte 2” au début de l’été. Et un dossier particulièrement épineux attend la présidente : les transports.

Martine Vassal pensait avoir obtenu d’Emmanuel Macron une sacrée bonne nouvelle qui n’a pourtant intéressé que les initiés : une nouvelle répartition du milliard d’aides de l’État pour le développement des transports métropolitains. Précédemment, les trois-quarts de la somme était une avance et le reste une subvention. Désormais c’est moitié-moitié et c’est précieux pour les finances de l’intercommunalité.

Mais ce qu’elle pensait être un petit bonus bienvenu recèle en fait un vice caché. L’État attend en retour que la métropole développe son ambition. La secrétaire d’État à la Ville, la Marseillaise Sabrina Agresti-Roubache, qui recevra Martine Vassal ce 24 octobre, l’assure : “Nous avons validé la première tranche de subventions, il reste à valider la deuxième. Les 250 millions d’euros supplémentaires sont là pour financer des projets existants et des projets supplémentaires. Le souhait du président est clair : désenclaver Marseille. Il faut plus de transports vers le Nord et l’Est.”

Un échange salé Vassal-Beaune

L’hypothèse avait déjà été évoquée par le ministre des Transports Clément Beaune lors d’une récente visite à Marseille. Dans le huis clos du bureau de la présidente, il avait alors demandé une liste de projets étoffée. Martine Vassal, indique-t-on de bonne source, avait alors manifesté son mécontentement et demandé à l’Élysée de trancher.

Une algarade dont l’écho est arrivé jusqu’au bureau du maire divers-gauche de Marseille. “Vous êtes parfaitement au courant que le versement des 200 millions était indexé au développement des transports dans les quartiers Nord”, a lancé Benoît Payan en conseil municipal vendredi 20 octobre à l’attention de Catherine Pila (LR), présidente de la régie des transports métropolitains. “Quand i y a un contrat signé, il faut lire les petites lignes : le désenclavement des quartiers Nord, c’est dans le contrat du projet de loi finances mobilités”, complète auprès de Marsactu Audrey Gatian, l’adjointe aux mobilités du maire de Marseille.

Problème majeur pour la métropole : l’établissement public n’avait pas prévu d’aller plus loin. Sa feuille de route se résumait jusqu’à présent aux 15 projets présentés et validés dans le cadre du groupement d’intérêt public (GIP) dédié aux transports métropolitains. Cela inclut notamment l’extension Nord-Sud du tramway, celui vers la Belle-de-Mai mais aussi de nombreux projets hors Marseille comme le Val’tram.

La métropole veut le respect de “l’accord initial”

Ces projets représentent un coût estimé de trois milliards d’euros sur 10 ans, soit 300 millions par an. Schématiquement, cette dépense devait couverte à parts égales par trois sources de financement. L’investissement annuel habituel de la métropole pour ses transports, les économies de fonctionnement dégagées en interne couplées à de potentielles nouvelles ressources et la contribution de l’État incluant subvention et prêt.

Ajouter des projets conduirait donc à déséquilibrer cette équation alors même que les 100 millions d’économies et de nouvelles ressources sont loin d’être acquises, assure la métropole. “On a 15 projets pour un milliard, on ne peut pas en faire 20 avec la même somme ! Pour nous, ce serait revenir sur l’accord initial du GIP”, s’agace-t-on dans l’entourage de Martine Vassal, où l’on pensait avoir obtenu un accord élyséen pour en rester à la première phase.

Les discussions, sur les économies de fonctionnement notamment, sont embourbées : les communes, qui devraient supporter une part de ses économies, refusent de renoncer à certains avantages acquis, pour partie illégitimement. En 2022, pour le vote du budget 2023, la pression de l’État avait convaincu les plus récalcitrants de faire quelques efforts. Le voyage parisien de Martine Vassal dira si elle sera aussi forte cette année.

Cet article vous est offert par Marsactu
Marsactu est un journal local d'investigation indépendant. Nous n'avons pas de propriétaire milliardaire, pas de publicité ni subvention des collectivités locales. Ce sont nos abonné.e.s qui nous financent.

Commentaires

L’abonnement au journal vous permet de rejoindre la communauté Marsactu : créez votre blog, commentez, échanger avec les autres lecteurs. Découvrez nos offres ou connectez-vous si vous êtes déjà abonné.

  1. Stéphane Coppey Stéphane Coppey

    Oui il faut plus de lignes de transport en commun en site propre au nord, à l’est et au sud, et plus de mobilisation des finances métropolitaines (et un Versement Mobilité déplafonné) pour leur fonctionnement.
    La réservation de voies bus sur les boulevards à 2×2 voies peut être réalisée rapidement (qu’attend-on ?). La construction de nouvelles lignes, elle, prend du temps.
    N’oublions pas que nous pourrions relier beaucoup plus efficccement, dès maintenant, les quartiers nord aux quartiers est via La Blancarde par un RER fiable et cadencé, de 5h à 1h, bien coordonné dans chaque station avec les cars, bus et autres tramway et métro. Et avec les moyens existants, sans hausse (o presque) des coûts de fonctionnement.
    Il manque juste la volonté de le faire (et d’arrêter de penser que, pour les transports du quotidien, la gare St-Charles est le centre du monde. Dali pensait d’ailleurs que c’était celle de Perpignan …

    Signaler
    • Alceste. Alceste.

      Enfin, Martine est convoquée par le Surveillant général de cette cour de récréation qu’est la Métropole. Que va t’elle recevoir, un avertissement, des heures de colle?.
      Dans tous les cas ,j’espère que le ministre va lui souffler dans les bronches et lui dire : ” un di,fa !” .Ne le dit pas, fait le !

      Signaler
    • Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

      C’est tellement plus sexy électoralement de vendre un hypothétique tramway (non financé) sur la Corniche, avec une belle image en “une” de La Provence, que de construire des couloirs de bus et de donner aux principales lignes la priorité aux feux. On n’a même pas été foutu ici de faire du B1 un vrai BHNS.

      C’est dire à quel point les bus sont dans l’angle mort de nos autorités. On va restructurer notre réseau en 2025… près de 14 ans après Lyon.

      Signaler
    • Marc13016 Marc13016

      @Stéphane, tout à fait d’accord : il y a des infrastructures existantes, qui si on les repense dans une optique plus large que leurs usages historiques, pourraient rendre bien des services à la mobilité générale de la zone marseillaise. Vous citez les lignes de chemin de fer passant par la Blancarde, je pense qu’il y a des faisceaux de voies ferrées sur le littoral qui pourraient judicieusement être ré-orientées pour transporter des passagers, ou du fret léger, au lieu d’attendre qu’un train leur passe dessus une fois par jour en direction du port.
      Mais voilà, “c’est à la SNCF”, “c’est au port”, “c’est pas fait pour ça” … l’immobilisme englue toutes les décisions. Et les passion soudaines pour le solutions “bling bling” en rajoutent !

      Signaler
  2. BRASILIA8 BRASILIA8

    Elle pourra toujours parler uniformes scolaires avec la ministre de Marseille en grand c’est un sujet qui visiblement l’intéresse plus que les transports dans la Métropole

    Signaler
  3. Electeur du 8e © Electeur du 8e ©

    Tout le monde peut constater l’urgence qu’il y a à désenclaver les quartiers nord – sauf peut-être une certaine droite qui voit un intérêt à ce que ces quartiers demeurent des zones de relégation.

    En revanche, quand Mme Agresti-Roubache ajoute qu’il faut aussi désenclaver l’est, j’espère que son point de vue reflète une analyse tout à fait objective, et pas seulement le point de vue d’une élue… des quartiers est !

    Avec ses quatre pauvres lignes de bus, je ne vois pas bien en quoi le sud est moins enclavé que l’est, qui a bénéficié de prolongements du métro et du tramway. Mais je sais que je ne suis moi-même pas objectif.

    C’est toute la périphérie qui doit être désenclavée, avec évidemment des degrés d’urgence qui ne sont pas les mêmes partout.

    Signaler
  4. ruedelapaixmarcelpaul ruedelapaixmarcelpaul

    Tiens donc, l’Elysee ne veut donc pas que les 500 millions partent dans le tram vers le 4 septembre si cher à Mme Vassal ?
    Abandonner ce projet inutile serait une sacrée économie

    Signaler
  5. Patafanari Patafanari

    Vassal à trottinette et en tong.

    Signaler
    • Avé Avé

      Et donc je comprends que c’était bien Payan qui disait la vérité en conseil municipal sur le conditionnement des sommes de l’État pour les transports ? Et qu’Agresti-Roubache, après avoir fait une sortie pour dire que la somme était déjà programmée pour aller dans le sens de Vassal, reconnaît bien qu’elle ne l’est pas?

      Signaler
  6. fantasia fantasia

    On pourrait financer le prolongment du M2 dromel vers st loup et la pomme..et aller plus pour le tramway belle demai jusqu a st jerome?

    Signaler

Vous avez un compte ?

Mot de passe oublié ?


Ajouter un compte Facebook ?


Nouveau sur Marsactu ?

S'inscrire