Pour rester ouverte, la fac Colbert obtient un dispositif policier inédit contre les trafics
La faculté d'éco-gestion a annoncé la fermeture de son site de Colbert, à Marseille, à cause de l'insécurité créée par les réseaux environnants. La préfecture de police déploie une protection permanente des lieux pour tenter d'éviter cette issue.
La place de la halle Puget accueille la faculté de Colbert (1er). (Photo : CMB)
Ce mercredi matin devant le site Colbert de la faculté, pas de trafiquants mais une trentaine de journalistes. Et des étudiants, amusés mais désemparés. La situation est inédite. Quelques heures plus tôt, le doyen de la faculté d’économie et de gestion a annoncé fermer le site à partir de ce vendredi, pour au moins une semaine, à cause de l’emprise du trafic de drogue dans le quartier. Mais après une réunion de crise avec les services de police, l’université pourrait finalement décider de rester ouverte.
Quoi qu’il en soit, la séquence en dit long : sur la hausse de l’emprise du trafic en centre-ville, et sur les graves conflits d’usage qu’elle entraîne, en particulier à Belsunce. Début juillet, c’est le centre médico-psychologique Pressensé qui avait fermé ses portes à cause des dealers.
Du côté de la faculté de Colbert, les 1500 étudiants et la cinquantaine de personnels et enseignants ont reçu un mail alarmiste mardi soir. Le même jour, le quotidien La Provence avait révélé l’ouverture d’une enquête interne à l’université sur la situation. Toujours mardi, la préfecture de police avait estimé qu’il n’était “pas question de fermer les portes”. Mais le mail envoyé par l’université le soir affirmait l’inverse. “La sécurité des étudiants, des enseignants et des membres du personnel n’est aujourd’hui plus assurée”, lit-on. La décision de fermer servirait ainsi à “dénoncer l’insécurité et l’insalubrité chroniques du quartier”. Le réseau de drogue n’est pas expressément nommé, mais est connu de tous.
Présence policière quotidienne
Le signal d’alarme a entraîné une réaction policière quasi immédiate. Mercredi matin, Yannis Bouzar, directeur de cabinet adjoint de la préfète de police, est venu constater la situation sur place. “Nous n’avons jamais été aussi proches de démanteler le point de deal”, a-t-il voulu rassurer. Mercredi après-midi, une réunion de crise a été organisée en préfecture de police avec Éric Berton, le président de l’université. Cette dernière semble avoir débloqué la situation.
Dans la foulée, les services de l’État ont décidé le déploiement quotidien d’une “garde policière statique”. La préfecture de police, manifestement prise de cours par la décision de la faculté, veut aussi mettre en place une communication commune renforcée. Dans l’entourage d’Éric Berton, on estime ces annonces “suffisamment satisfaisantes”.
Le maintien des cours sur le site de la halle Puget pourrait être acté ce jeudi après des discussions internes.
Lors de son déplacement mercredi, le sous-préfet Yannis Bouzar a expliqué que la police nationale était déjà investie en mode renforcé depuis plusieurs semaines. Depuis le 1ᵉʳ septembre, 29 interpellations ont eu lieu dans le quartier. “Nous les harcelons, nous les chassons tous les jours”, poursuit Yannis Bouzar. Et c’est justement le renfort policier qui a mené, selon le fonctionnaire, à “une hausse des tensions dans le secteur”. Par secteur, le fonctionnaire entend “un rayon de 300 mètres autour de la halle Puget”, occupé par “plusieurs vendeurs itinérants” proposant cannabis, mais aussi médicaments et cigarettes.
Un réseau qui s’adapte
Comment en est-on arrivé là ? Selon la préfecture de police, c’est au creux de l’été que la situation s’est dégradée. Très concrètement, au mois d’août, les services ont noté une tentative de la part d’un réseau d’“installer un point de deal pérenne” à proximité immédiate de la place, dans le local d’un immeuble. Le lieu en question est d’ailleurs bien identifiable. Entre la rue Colbert et la place, des flèches noires nous guident pas à pas, immeuble par immeuble, jusqu’à une porte. De l’autre côté de la halle Puget, des tags d’une dizaine de mètres de long recouvrent des rideaux de fer. On lit : “Coffee la Fac”.
Depuis, le pilonnage policier se concentre là. Par le travail des brigades de terrain habituelles, et parfois le recours à des unités de CRS. “Par des opérations de voirie, pour empêcher la mise en place d’un cannabis drive”, ajoute Yannis Bouzar. Tout ce qui pourrait permettre, selon la préfecture de police, d’endiguer la crise. “Nous n’avons jamais été aussi proches de démanteler le point de deal”, veut rassurer le sous-préfet.
Les policiers évoquent des “vendeurs itinérants”, qui se déplacent mais restent à proximité de la faculté.
Une telle situation en plein centre-ville reste très préoccupante. Surtout que la forme du trafic est “atypique”, explique Stéphane Brunoni, commissaire de la division centre, venu sur place lui aussi pour livrer quelques explications. “Des vendeurs itinérants, c’est la bonne formule. Ce n’est pas inédit mais c’est inhabituel.” Le policier parle de “points errants”, pouvant changer de localisation au gré des démantèlements policiers. Sans jamais s’éloigner de “la fac”, terme d’ailleurs utilisé pour désigner le réseau.
“Malaise” des étudiants
Pause déjeuner. Des étudiants en première année tournent autour des caméras de télévision. Un groupe de quatre garçons, tous originaires des quartiers Sud de Marseille, décrivent le “malaise” ressenti devant la halle Puget. “Quand on finit les cours vers 16h, on voit les dealers qui montent des barricades aux entrées de la place. Avec des barrières, des trottinettes… Mais ça serait indécent de fermer la fac. C’est pas à nous de partir”, regrette Julien. “Disons qu’il ne s’est rien passé de grave, mais on ne se sent pas trop en sécurité”, ajoute son ami Eavon.
Kayliah, elle aussi étudiante en première année de licence, rapporte être victime de remarques sexistes lorsqu’elle est obligée de passer devant des membres du réseau. Si aucune plainte n’a été déposée dans le quartier vis-à-vis des trafiquants, la bande d’étudiantes parle d’un climat “pas propice aux études”. Kayliah renchérit : “j’ai l’impression que j’entends plus d’histoires ici que dans mon quartier, alors que j’habite à Bon Secours [14e arrondissement, ndlr], entourée de cités !” Mais à ses côtés, son amie craint la fermeture de la fac et la tenue des cours en distanciel : “c’est déjà difficile de se faire au rythme de l’université… On risque de décrocher en visio, alors qu’on doit préparer les premiers examens.”
Les élèves devraient être fixés sur leur sort avant le week-end. Ensuite, il faudra penser moyen et long terme. “Il faut que tous les acteurs se réunissent pour réfléchir à comment remplir cette place”, estime la maire de secteur Sophie Camard (Printemps marseillais). “La halle Puget est un grand espace, en pente, entouré de rideaux baissés… C’est un endroit difficile à tenir, il faut imaginer des projets d’occupation. Pourquoi pas avec la faculté et ses étudiants ?” L’élue se dit en revanche opposée à la demande de la présidence de l’université, qui a suggéré de fermer la place pour la réserver aux étudiants.
Commentaires
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1500 clients potentiels sans compter le “passage”, ce serait mésestimer le sens du business des dealers que de penser qu’il pouvait en être autrement.
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Pourquoi Sophie CAMARD ne veut pas fermer la place et en confier l’usage à l’Université, au moins le temps nécessaire à un reflux du trafic ?
On connait également les problèmes nutritionnels que connaissent certains étudiant-e-s, pourquoi ne pas y implanter une épicerie et un marché solidaire ? Un point de recyclage ? Une friperie ? Et dans un futur apaisé permettant une réouverture ces usages pourrait aussi servir au reste de la population.
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Ça peut se faire sans fermer la place. Fermer la place revient à la privatiser.
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Felix Weygand, fermer et occuper différemment la place, pourquoi pas?
Mais les dealers ne vont pas aller vendre des courgettes à Noailles ni même des clopes de contrebande.
Ils iront poursuivre leur trafic juste à côté, dans les rues adjacentes.
On a laissé, par négligence ou mauvais calculs, croître un monstre. Les moyens à employer pour s’en débarrasser relèvent d’un “plan Marshal “, qui attaquerait la “bête” sous tous les angles, sécuritaire, économique, éducatif…
Avec trois cars de CRS de temps en temps, on en est loin.
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Bien d’accord…
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Quand cette faculté a ouvert au début des années 90 – le maire était alors Vigouroux, il me semble -le but était d’implanter des étudiants en centre ville et de ” redynamiser” ce quartier, d’y injecter un peu de diversité, il y a eu aussi la fac de droit sur la Canebière quelques temps après. Plus de 30 ans après voisi où nous en sommes, la fac menace de partir et les dealers s’installent … j’espère que ce n’est pas la fin de l’histoire, j’aime cette ville et son centre ville mais depuis quelques mois nous sommes sur une pente glissante : aux côté des maux habituels de Marseille, saleté des rues ,pb recurrent de déchets déposé un peu partout ( matelats, déménagement sauvages etc …) s’ajoute une insécurité grandissante ( plus de 45 morts dans des réglements de compte) et des services pubmics qui menacent de céder devant les dealers … C’est plus que grave et les discours angéliques ne peuvent plus rien, il est urgent d’agir et de réagir
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Personnellement, je reviens à mon idée fixe : qui sont donc les clients qui attirent les dealers à cet endroit ? Tout le monde semble penser que c’est une donnée intangible, un fait, une réalité inévitable, une fatalité. Moi je me demande si il n’y a pas un moyen d’action sur cette “masse inerte”. A base de com. Du genre : vous qui achetez votre boulette dans ce coin, connaissez vous les conséquences ? Un bon “matraquage publicitaire”, enfin, anti-publicitaire dans ce cas, ça peut accompagner utilement un pilonnage policier, indispensable par ailleurs, je n’ai pas de problème avec ça.
Par ailleurs, les occupations alternatives, à base de commerce citoyens par exemple, ça peut être une bonne idée aussi. Beau message de communicants au demeurant : “ici, pas la boulette, la ciboulette” … Chiche !
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Franchement ,intéressante cette idée de contrepub du type photos sur les paquets de cigarettes.
Quelques vidéos ou reportages de jeunes ou de moins jeunes bien “détruits”par cette saloperie pour mettre en avant les dégâts irréversibles qu’ont encourus ces personnes avec projection dans tous les lieux possibles et via tous les médias envisageables,y compris les TikTok et consorts.
Rien ne vaut un témoignage face aux absurdités que l’on peut entendre sur la non dangerosité de cette m….. .
Après dans ce secteur de la ville, laissez les associations de commerce citoyen au marché bio de la “boboland” de la Friche de la Belle Mai, et mettre à la place la brigade des stups pour nettoyer.
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Marc13016, en effet,. Pas de commerce sans consommateur. D’un côté, il y a les accros, victimes d’addiction qui demandent à être pris en charge médicalement.
Mais de l’autre, il y a tous ces consommateurs plus ludiques, conviviaux, qui font semblant d’oublier qu’ils entretiennent ce trafic par leurs soirées fumette. Non, comme vous l’écrivez, ce n’est pas une réalité intangible, une fatalité et il serait aussi utile d’agir à ce niveau par de la sensibilisation, d’inverser l’image du “coupeur de joint” (et de sa fille), cool et libertaire.
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Ce type de campagne de communication n’a jamais eu de grands effets sur la consommation de cigarette ou d’alcool.
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Mistral, ce type de campagne évoqué par Marc2016 ne peut-être suffisant à lui seul, bien sûr. D’abord une répression massive des réseaux, puis des efforts dans l’éducation des plus jeunes, de l’emploi (autre que Uber) pour les soustraire à l’influence des caïds de cité et leur donner d’autres perspectives. Je ne suis pas sûr qu’on y arrive dans le contexte de réduction des dépenses publiques en vigueur, mais on peut rêver, c’est ça ou dans 10 ans, Mad Max, si on n’y est déjà.
Toutefois, sensibiliser un public de fumeurs de joints au fait qu’ils entretiennent des réseaux criminels par leurs achats, pourrait avoir une utilité. Et la Métropole, qui fournit les composteurs. pourrait aussi leur fournir du matos pour cultiver leur propre herbe sur leur balcon. Je plaisante, mais ce serait finalement. beaucoup mieux que faire travailler les dealers de shit.
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@andre : légaliser le cannabis permettrait de concentrer les moyens sur les autres drogues qui se développent de + en + le réseau des clients du cannabis permet aux dealers de développer la vente des autres drogues.
Dans les consommateurs de cannabis il y a aussi monsieur et madame tout le monde qui fume son petit joint en sortant du boulot et qui n’irait plus acheter chez les dealers s’il y avait une option légale.
Et tout a été essayé dans la lutte contre les réseaux et rien ne marche !!! Il faut donc tenter autre chose avant que les réseaux ne soient plus forts que la police.
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Mistral, légaliser la vente de cannabis, à l’attention de M. ou Mme tout le monde, selon votre expression, pourquoi pas? On pourrait aussi autoriser sa culture domestique, à usage personnel.
Mais ça ne réduirait en rien les trafics de drogues dures qui ne font qu’augmenter.
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A Colbert les étudiants et les salariés de l’université vont être escortés par la police (après le départ de la Maison Départementale de la jeunesse et des sports l’année dernière et le CMP Pressensé cet été) aux Carmes des agents de sécurité pour la crèche, à l’Opéra la police municipale pour protéger les spectateurs…
Les réseaux sont présents et visibles de tous dans tous les secteurs de Marseille, malgré de gros moyens annoncés le trafic ne recule pas et même il s’intensifie et les produits se diversifient : plus de cocaïne et de drogues de synthèse à des prix abordables !
La répression ne fonctionne pas mais l’état continue de refuser d’envisager d’autres pistes comme la légalisation.
« La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent » Albert Einstein
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Comme je l’écrivais, je ne pense pas que la légalisation du shit soit une solution car les dealers, s’ils perdaient le marché, n’iraient vendre des courgettes à Noailles.
D’autant plus et vous le signalez, que le trafic se diversifie avec des drogues dures et de synthèse. On peut aussi penser que le shit lui-même serait vendu par les trafiquants avec des teneurs en THC bien supérieures à celles qui seraient autorisées.
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Absolument d accord avec Mistral 30ans qu on est sur la répression et le traffic a atteint un niveau jamais égalé
La France est le pays le plus répressif mais aussi où il y a le plus de consommateurs
On a les exemples des pays voisins qui ont légalisé et encadré
On voit que ça peu marcher
Mais il y a également la prévention la lutte contre le décrochage scolaire la lutte contre la pauvreté
Tout est lié les solutions ne peuvent être que globales en complément du travail de la police
Tout ça est une question de choix et d axes de politique publique
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Problème pris à l’envers
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Il y a aussi la méthode Rodrigo Duterte. Les dealers l’ont d’ailleurs adoptée eux-mêmes.
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Légalisation et réglementation
Les dealers sont des gamins qui seraient mieux sur les bans de l’école.
Dans le quartier Belsunce ils sont là depuis des semaines , il a fallu que l’université tappe un grand coup pour que ça bouge.
Ce n’est qu’un pansement sur une jambe de bois. Ils refleuriront un peu plus loin
L’émotion que cela provoque dans le centre ville montre ce que vivent les habitants des cités marseillaises depuis des années.
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Vous appelez ces dealers des gamins.Moi j’appelle cela des voyous.
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c’est pas très bien servie
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