Mes châteaux d ‘If: Retrouver Fiona.
Mes châteaux d ‘If: Retrouver Fiona.
Méfi, voila du chef d’œuvre d’une autrice clermontoise, professeure de français à Thiers. A ne pas confondre avec l’infâme Thiers dont on a collé le blaze sur un Lycée et deux rues à Marseille.
La talent qui n’est qu’une sale manie sans travail, donc le talent de Dalie Farah m’était apparu pour Impasse Verlaine, un roman autobiographique sur son enfance et sa mère algérienne, déportée en Auvergne à la faveur d’un mariage non souhaité. Dalie, ou son héroïne qui grandissait dans l’impasse Verlaine à Clermont-Ferrand, sera sauvée par ses profs et l’impasse deviendra un boulevard pour la littérature. Dalie Farah explique qu’elle mâchouille les mots. Mais pour nous, ce n’est pas de la bouillie. La langue est claire, les phrases courtes et percutantes. On ne s’endort jamais. Ce qui est aussi un problème..Soit dit en passant.
Cette fois, Dalie Farah s’empare d’un fait criminel qui fut l’imaginaire enlèvement et la véridique disparition de la petite Fiona, âgée de 5 ans au parc Monjuzet de Clermont-Ferrand le 12 mai 2013. Elle va suivre les procès de la mère et de son compagnon et raconter de la salle publique, les errements de l’enquête, les envolées des avocats ou les diatribes des procureurs. Elle va surtout raconter les mots de la salle d’audience qui porte bien son nom, les mots vengeurs du public, les mots de la foule contre la mère infanticide. Ou supposée car le corps de Fiona n’a jamais été retrouvé.” …Le poids du corps pèse encore de son absence…” Entre misère et toxicomanie, on entre par effraction de le passé des accusés comme dans celui de l’autrice. Quid du père de Cécile Bourgeon, étrange refoulé et de sa mère, remariée à Perpignan.
Vies mêlées de l’autrice dont le parcours a dévié de sa trajectoire sociale et de Cécile, la mère de Fiona. Leurs mères ont travaillé à la laiterie de Theix, celle de Berkhane, son compagnon et co-accusé, n’a pas non plus choisi son mari d’Algérie et a enchainé les grossesses. Et tant d’autres détails qui disent la proximité entre Dalie et le couple maudit. Dalie Farah a été animatrice aux Vergnes où habitait Berkhane et où moi même j’ai été animateur à m’occuper d’enfants perdus, d’enfants qui se détruisaient dans la violence.
Au travers des rapports d’expert se lisent des portraits de nos pauvres tueurs d’enfants, de ces grands enfants qui ont tué leurs enfances dans la peau d’une petite, la petite Fiona, qui fut la somme de leurs malheurs, et pas l’ultime.
Dalie Farah ne cesse de se demander ce qui l’attire vers cette violence, vers cette enfance de pauvreté des deux accusés, eux mêmes battus ou violés, eux mêmes en recherche d’identité et d’équilibre. En somme pas les Thénardier décrits par l’avocat général qui trouve enfin l’occasion de coffrer une légende dans du Victor Hugo. Dalie Farah a un regard fin et plein d’humour sur la comédie judiciaire. Parfois elle nous fait rire sur l’époque avec une blague sur l’immortel académicien VGE, qui s’est éteint sous les feux du Covid.Mais elle revient sur l’origine de la violence avec acuité: “Personne ne frappe aussi fort que la vie“, écrit elle. Et la vie ça cogne. Pour les pauvres, ça assomme aussi.
Le procès de Lyon en appel est ainsi raconté comme un conte lorsque le président du tribunal prend la parole: “Il était une fois dans un pays lointain et auvergnat un immense parc et une mère qui faisait semblant d’avoir perdu sa fille.”
Si vous ne donnez pas le prix Goncourt à ce livre, vous n’avez rien compris.
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Retrouver Fiona. Un roman de Dalie Farah.
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